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Candidature Zemmour : la fin d’un faux suspense ?

Zemmour, candidat à la présidentielle 2022

Zemmour, candidat à la présidentielle 2022

Selon BFMTV, le polémiste et délinquant judiciaire, Eric Zemmour, aurait récolté une centaine de promesses de parrainages auprès de maires. Et son programme de "propositions concrètes" serait quasi-finalisé pour la prochaine présidentielle d'avril 2022.

Depuis début août, 150 militants pro-Eric Zemmour sillonneraient la France pour récolter les précieuses promesses de parrainages d’élus locaux, selon BFMTV. Pour rappel : 500 promesses de parrainages sont nécessaires pour être autorisé à présenter sa candidature à l'élection présidentielle. Et pour Zemmour : "Le succès serait au rendez-vous."

"Non seulement Éric Zemmour peut espérer jouir d’une adhésion suffisante pour se présenter mais son programme serait “déjà quasiment bouclé”, annonce la chaîne française d’infos en continu. Se disant tuyautée à bonne source, elle évoque “175 pages" de propositions “budgétisées” et “expertisées” ainsi qu'une centaine de promesses de parrainages déjà enregistrée.  

Un livre-programme pour la rentrée

Toute cette com' médiatique ne fait toujours pas une candidature officielle à la magistrature suprême. Mais l'éventualité d'un "Zemmour-candidat" continue de séduire certains cercles bourgeois, des parties des électorats de droite (orphelins de l'escroc François Fillon) et d'extrême-droite radicalisée (déçus par Marine Le Pen).

Tout cette com' au plus grand bénéfice de la sortie du dernier opus de Zemmour, fixée au 16 septembre, intitulé : “La France n’a pas dit son dernier mot”. Le fait que Zemmour se prenne pour "la France" est un autre signe qu'il croit en son destin présidentiel ; conforté, il est vrai, par des audiences médiatiques au zénith...

Faux-suspense

Début août, dans Nice-Matin, le futur candidat refusait, comme à son habitude, de confirmer ou d'infirmer l'évidence. Se contentant de lister quelques prérequis et souligner, avec malice, l'activisme de ses soutiens : « Des éléments matériels : les 500 signatures requises, les moyens financiers… Mais j’ai beaucoup d’amis. On verra à la rentrée ; vous n’avez plus beaucoup à attendre. »

Bref, le faux-suspense entretenu par Zemmour et son équipe est bien exploité pour coïncider avec la promotion de son dernier "livre". L'objectif central du polémiste pour la rentrée tandis que l’officialisation de sa candidature présidentielle interviendrait à l'automne. L'hypothèse d'un Zemmour-candidat-à-la-présidentielle ne relève donc plus du délire politique. « Sa candidature parle beaucoup à une certaine bourgeoisie patriote. Des fillonistes qui ont trouvé en lui leur nouveau candidat », renchérit un proche du polémiste auprès du journal Le Monde.

A la recherche discrète du pognon

Depuis février, Eric Zemmour a aussi organisé une quarantaine de dîners avec des personnalités de la sphère économique française. « Un à deux par semaine », assure un des membre de son entourage. « Ce sont les gens eux-mêmes qui veulent le rencontrer. Cela ne signifie pas qu’ils le soutiennent. »

Le site d’infos La Lettre A s’est fait l’écho de l'un de ces dîners qui s'est déroulé chez l’entrepreneur Stanislas de Bentzmann. Ce dernier a réuni plusieurs patrons et personnalités du monde des affaires autour d’Eric Zemmour et de sa conseillère Sarah Knafo. « L’équipe d’Eric Zemmour m’a contacté car ils voulaient rencontrer des gens, confirme Stanislas de Bentzmann. "J’ai proposé à quelques amis qui étaient intéressés. Certains se sentaient proches de ses analyses, d’autres beaucoup moins."

Parmi les participants, l’ancien patron d’Axa et président de l’Institut Montaigne, Henri de Castries, ex-conseiller économique de François Fillon en 2017, et Nicolas de Tavernost, le patron de M6. Ou encore Bernard Delpit, numéro 2 de Safran et ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Selon ce petit monde argenté, il n’aurait pas été question de financement de campagne. Une allégation fort peu convaincante.

Valeurs Actuelles, premier sponsor médiatique

A l'instar de l'été 2020, l’hebdo français d'extrême-droite, Valeurs actuelles (VA), a consacré son double numéro estival à... Eric Zemmour. Identité, islam, insécurité, immigration… Sans surprise, le cocktail frelaté du salarié de CNews coïncide avec les obsessions du journal. Pour preuve, depuis 2018, VA a consacré huit "Une" à Zemmour pour zéro à la présidente du Rassemblement National (RN), Marine Le Pen.

A sept mois de l'élection présidentielle, Eric Zemmour serait censé fédérer un électorat de droite, raciste et « hors partis » qui rêve de voir la star de CNews agiter ses idées d'extrême-droite ; en contraste concurrentiel avec Marine Le Pen (RN) qui chercherait, elle, à nuancer les siennes.

Dans Valeurs Actuelles, Zemmour, 62 ans, continue donc à jouer au gourou "providentiel" et à entretenir les espoirs de ses fans :  « Je sais ce qu’il faut faire, j’ai en tête les étapes nécessaires, mais il faut aussi que les Français soient prêts à la bataille et refusent de se laisser soumettre plus longtemps à la propagande ambiante. »

Qu'en penser à ce stade ?

D'ici à l'automne 2021, il reste un peu de chemin. Parsemé d'embûches, de difficultés et, qui sait, de surprises. A première vue, une candidature Zemmour aurait surtout pour effet de diviser le camp de l'extrême-droite sans, pour autant, relever de ses ruines la droite française traditionnelle. Tous bénefs pour la candidature du président sortant Emmanuel Macron ? Trop tôt pour l'affirmer ; a fortiori sans connaître l'ensemble des candidats déclarés.

En attendant, force est de constater que rien n'entame l'ascension politicienne d'Eric Zemmour. Que ce soient ses condamnations judiciaires ou les accusations d'agressions sexuelles, l'histrion continue de passer entre les gouttes. Jouissant d'une protection professionnelle en béton dont aucun de ses futurs électeurs ne pourrait rêver pour son propre cas. Dans une France en perdition, saturée de racisme et tentée par le néofascisme, le candidat Zemmour pourrait bien, hélas, recycler son audience médiatique en score électoral surprenant.

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