Comme il est détenu pour des faits à part, Morries Hall a comparu ce mardi 6 avril en matinée par lien vidéo devant le juge Peter Cahill. C'est dans le cadre du procès du policier blanc Derek Chauvin. Il a demandé le droit de ne pas répondre à sa convocation, en invoquant le 5ème amendement de la Consitution américaine. Cela pourrait se retourner contre lui si la thèse de l'overdose était retenue (ce qui n'est pas exclus, semble-t-il). C'est pourtant le principal témoin de la mort de George Floyd de ce mois de mai dernier.
Le procès du policier blanc, du nom de Derek Chauvin, qui a causé la mort de George Floyd à Minneapolis, afro-américain quarantenaire, en mai dernier, a lieu depuis plusieurs jours.
Derek Chauvin, policier de 45 ans, est accusé d'avoir tué George Floyd le 25 mai à Minneapolis en maintenant son genou sur son cou pendant plus de neuf minutes. La scène avait été intégralement filmée. Ce drame qui a suscité un sursaut antiraciste historique aux Etats-Unis. Il plaide non coupable et assure que le quadragénaire noir est mort d'une overdose.
"Il n'y a vraiment qu'un tout petit sujet qui pourrait être abordé" sans violer ses droits, a convenu le magistrat, qui rendra une décision définitive plus tard.
Quand le procès s'est ouvert, son avocat a soutenu que George Floyd, installé dans une voiture avec le témoin Morries Hall et une autre amie, avait avalé deux pilules juste avant l'arrivée de la police. Néanmoins, la petite amie de George Floyd a dit, à la barre, la semaine passée, que Morries Hall avait vendu de la drogue au couple dans le passé.
L'avocat du policier tente la thèse de la mort par overdose
Maitre Eric Nelson, avocat du policier Derek Chauvin, a confirmé ce même mardi qu'il aurait aimé demander à Morries Hall s'il avait "fourni ou vendu des substances interdites" à George Floyd juste avant sa mort. Il s'agit possiblement de dévier l'attention sur un point qui "ferait baisser la culpabilité" du policier accusé.
L'avocate de Morries Hall, le principal témoin des faits, a par ailleurs déclaré que cela exposerait son client à des poursuites si la thèse de l'overdose était finalement retenue. Elle a invoqué le 5ème amendement de la Constitution américaine qui autorise à ne pas témoigner contre soi-même. La thèse de l'overdose parait peu probable au regard de la vidéo, même si l'on ne peut pas préjuger de l'issue finale du procès à ce stade.
Toutefois, le juge a donné raison à l'avocate du témoin. Il a décidé que si Hall était convoqué devant les jurés, il ne pourrait être interrogé que sur l'attitude de George Floyd avant sa mort. Et sur rien d'autre. Avant de donner son accord sur ce point, il a demandé à Eric Nelson de préciser ses questions par écrit, pour en être assuré.
Audition des policiers
Suite à ce débat de procédure juridique, le procès a repris. Il y a eu l'audition de différents policiers, dont certains étaient chargés de la formation des agents de Minneapolis et donc de Chauvin. "On leur enseigne de rester loin du cou autant que possible". C'est ce qu'a notamment déclaré Johnny Mercil, celui qui coordonne les formations à l'usage de la force dans cette partie des Etats-Unis.
Jody Stiger, un policier de Los Angeles, qui a procédé à plus de 2.500 évaluations sur l'usage de la force par des confrères, avait également été convoqué par l'accusation. "A mon avis, la force utilisée était excessive" dans le dossier Floyd, a-t-il déclaré fermement.
La veille, le chef de la police de la ville, Medaria Arradondo, avait déjà jaugé que Derek Chauvin avait "violé les règles" et "les valeurs" dans leurs services, en maintenant son genou aussi longtemps sur le cou de Floyd.
Pour l'accusation ce n'est pas pour autant fini. Elle a prévu de convoquer un autre expert sur les pratiques de la police avant d'entamer, probablement mercredi, le débat médical sur les causes de la mort de George Floyd.
Ainsi, es débats devraient se poursuivre encore deux semaines, à tout le moins. Le verdict des jurés du procès Chauvin n'est pas attendu avant la fin du mois d'avril.