Site icon Cité 24

Palestine : « Facebook, il faut qu’on parle » – Carte blanche

"Mur de sécurité" israélien, Palestine.

"Mur de sécurité" israélien, Palestine.

Nous vous écrivons en tant qu’organisations de la société civile des Etats-Unis, de Palestine et au-delà, en colère et perturbés par la censure récente d’utilisateurs palestiniens et de leurs supporters sur vos plates-formes.


Nous sommes également horrifiés devant le haut niveau de contenus incitatifs en direction des Palestiniens sur les plates-formes de Facebook. En ce moment, les réseaux sociaux comme Facebook et Instagram sont souvent les seuls outils dont disposent manifestants et résidents pour partager les informations afin de se protéger mutuellement face à la répression du gouvernement et de la police d’Israël et au cours d’agressions sur les civils.

Ces plates-formes jouent un rôle-clé pour les utilisateurs palestiniens et leurs alliés. Afin d'informer sur les violations des droits de l’Homme et partager les images, vidéos et comptes-rendus des meurtres comme de la dépossession violente perpétrés par le gouvernement israélien et les colons sionistes israéliens. Cette censure flagrante du contenu politique palestinien met ces militants encore plus en danger.

Alors que les résidents palestiniens défendent leurs maisons à Jérusalem d’une dépossession forcée par le gouvernement israélien et les groupes de colons sionistes ratifiés par l’État, leurs appels à l’aide ont bénéficié d’une attention internationale très étendue – inspirant des campagnes sur les réseaux sociaux et des manifestations massives à travers le monde. Cette indignation internationale ne s’est exprimée qu’après que l’armée israélienne ait attaqué les fidèles du Ramadan dans la mosquée al-Aqsa et ait bombardé les civils palestiniens dans la Bande de Gaza – agression continue qui a tué plus de 200 personnes, dont au moins 60 enfants.

Reportage Cité24 au Parc du Cinquantenaire à Bruxelles.

1500 arrestations de Palestiniens après le cessez-le-feu

La communauté internationale a continué à se mobiliser alors que, immédiatement à la suite d’un cessez-le-feu, la police israélienne a tiré des grenades assourdissantes sur les fidèles palestiniens sur le site d’al-Aqsa et s’est embarquée dans une campagne d’arrestations massives de Palestiniens citoyens d’Israël qui a abouti à plus de 1.500 arrestations ciblant les manifestants.

La décision des dirigeants de Facebook de collaborer à ce moment-là avec Gantz, le ministre israélien de la Défense et de la Justice, sur la modération des contenus, sans engagement paritaire approprié du gouvernement jusqu’à ce que la société civile l’y pousse, est plus que scandaleuse.

Bien sûr, Facebook peut avoir besoin, dans son travail, de consulter des gouvernements sur diverses questions de contenu et de politique. Pour autant, se coordonner publiquement avec le gouvernement israélien – que les Nations Unies et de multiples organisations de défense des droits de l’Homme ont appelé un État d’apartheid – au milieu d’une agression militaire sur les civils palestiniens de la Bande de Gaza, d’attaques sur les citoyens palestiniens d’Israël, et du déplacement forcé de Palestiniens de Jérusalem Est, est au mieux dépasser dangereusement les bornes.

En plus, les nombreux rapports reçus ces deux dernières semaines par plusieurs de nos organisations sur la suppression ou le blocage d’une expression politique, en plus du rapport émis la semaine dernière par Zamleh, qui contient 429 incidents rapportés par Instagram et Facebook, soulève l’inquiétude sur la relation de Facebook avec l’Unité Cybernétique extra-juridique du ministère israélien de la Justice.

Vaste suppression virtuelle non justifiée

Le fait que, depuis le 6 mai, il y ait eu une vaste suppression de messages de Palestiniens ou de leurs soutiens (y compris le retrait de contenus et la désactivation de comptes ou de pages en se fondant sur des violations des Normes Communautaires) qui, après examen, ont été replacés pour absence de toute violation, indique que Facebook accepte, peut-être volontairement, des démantèlements recommandés par l’Unité Cybernétique israélienne. Cette relation peu claire entre Facebook et l’Unité Cybernétique israélienne est inquiétante, alors qu’elle n’est soumise à aucun processus gouvernemental ou juridique officiel.

Lorsque nous avons exprimé notre inquiétude que la politique actuelle ou future (telle celle étouffant la critique des «Sionistes » ou des institutions « sionistes ») puisse réduire au silence les Palestiniens et ceux d’entre nous qui s’organisent pour faire porter sa responsabilité au gouvernement israélien, on nous a souvent assurés que Facebook n’avait pas de relation privilégiée avec le gouvernement israélien – que nos inquiétudes étaient sans fondement.

Mesures urgentes pour l'égalité d'expression

Vu la décision de Facebook de collaborer avec le ministère israélien de la Défense et de la Justice, la possible relation entre Facebook et l’Unité Cybernétique israélienne, et la récente enquête de The Intercept sur les règles de modération des contenus par Facebook réduisant au silence la critique d’Israël, la défiance de nos communautés envers votre entreprise s’accroît.

Facebook doit prendre les mesures urgentes suivantes pour réparer la défiance de nos communautés et assurer que nous pouvons compter sur Facebook et Instagram comme sur des espaces civiques libres et des outils pour tenir les gouvernements pour responsables :

1. Confirmer votre propre engagement à respecter les droits de l’Homme et « à être un lieu pour l’égalité, la sécurité, la dignité et la liberté d’expression » comme établi dans votre politique d’entreprise en matière de droits de l’Homme, à vous engager avec les organisations de droits de l’homme et les associations de la société civile à répondre immédiatement aux inquiétudes soulevées, et à mettre fin à la censure des Palestiniens sur vos plates-formes.

2. Assurer la transparence sur la façon dont Facebook applique la politique des contenus tels que ceux qui touchent au discours de haine et à l‘incitation à la violence dans la mesure où ils concernent les identités ethniques et religieuses et les idéologies politiques suivantes : les Palestiniens, les Juifs, les Israéliens et les Sionistes.

3. Évaluer la relation de Facebook avec le gouvernement israélien à travers ses ministères et rompre les liens avec l’Unité Cybernétique d’Israël, qui peut diriger vers le retrait de contenus qui ne violent aucune norme communautaire et, par conséquent, peut conduire à la censure ou à la dissuasion du discours politique.

4. Préserver et partager toutes les données sur le retrait des contenus. Ceci comporte, sans y être limité, les informations sur lesquelles les démantèlements n’ont pas fait l’objet d’un examen humain.

5. Permettre aux chercheurs indépendants et parties prenantes d’examiner les contenus bloqués ou retirés et toutes les données relatives au retrait de ces contenus, soumises à la protection des données et aux exigences de confidentialité.

Ce geste de bonne foi permettrait le contrôle externe des mécanismes de modération, par des chercheurs approuvés et des intervenants indépendants avec une expertise pertinente, comme d’assurer une surveillance supplémentaire des mécanismes de recours, l’équité et l’efficacité des mécanismes d’appel.

Une action urgente est demandée à Facebook pour examiner sa complicité avec la politique d’apartheid et de nettoyage ethnique du gouvernement israélien. Nous vous exhortons à répondre publiquement à cette lettre et à prendre contact immédiatement avec nous.

7amleh

The Arab Center for the Advancement of Social Media

Cette carte blanche est personnel, la rédaction de Cité24 n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quitter la version mobile