Cité24 s'est rendu sur les lieux où le jeune Ibrahima, âgé de 23 ans, se trouvait au moment où il a été pris en chasse par des policiers. C'était non loin de la gare du Nord, à Bruxelles. Cet épisode lui a coûté la vie une heure et demie plus tard, puisqu'il était un peu avant 19h et que son décès a été acté à l'hôpital à 20h22. Mais comment tout cela a-t-il commencé ? Des amis d'Ibrahima étaient là, et ont vu la scène, en partie. Ils racontent, tout en désirant garder l'anonymat.
Ce lundi 18 janvier, Cité24 a poursuivi ses investigations sur les contours de l'affaire Ibrahima. Dix jours après les faits, des témoins ont accepté de prendre la parole et de revenir sur ce qu'ils ont observé car ils étaient aux premières loges lorsque tout à commencer.
Les témoins, qui ne souhaitaient pas révéler leur identité, ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas savoir si Ibrahima était bien en train de filmer les policiers. L'enquête le dira peut-être avec l'analyse du téléphone portable du jeune homme décédé. Par contre, les témoins ont pu voir la poursuite (à pied) des policiers pour tenter d'attraper Ibrahima (ce qu'ils ont réussi à faire, comme on sait).
Ils étaient quatre à lui courir après. "Ibrahima a pris peur et a descendu à toute vitesse un escalier de pierres", a déclaré un des témoins à Cité24. Il a ajouté en substance : "Deux d'entre eux avaient pris un chemin, un troisième avait emprunté un autre passage et le quatrième était resté en haut des escaliers". Il semble donc que les policiers l'aient pris en tenaille.
"Plus en sécurité face à la police"
Ils ont déclaré également "ne plus se sentir en sécurité face à la police". Ils ont expliqué que la plupart des personnes qui sont décédées du fait de la police ces dernières années sont des personnes issues de l'immigration dont beaucoup originaires d'Afrique.
Pour eux, il existe un racisme au sein des forces de police. "C'est arrivé à Ibrahima mais cela aurait pu arriver à n'importe qui d'entre nous", ont dit les amis d'Ibrahima, témoins de la scène.
En fin d'interview , ils ont salué, en outre, leur frère, leur ami.
"Le parquet ne fera aucun commentaire"
Le parquet, de son côté, ne désire pas commenter les faits dont on parlé les jeunes lors de leur interview par Cité24, ni même d'autres questions que nous lui avons transmis.
Ce 19 janvier, Cité24 avait posé au parquet de Bruxelles des questions sur l'autopsie du corps d'Ibrahima ainsi que sur les résultats éventuels de toxicologie, mais aussi sur la vidéo qu'avait faite Ibrahima, avant de se faire pourchasser par la police, comme l'expliquent les témoins ou encore sur ce que sont devenues les "migrants" qui se faisaient contrôler par ces mêmes policiers juste avant.
Le parquet a répondu à tout cela : "l'instruction est secrète, nous ne ferons pas de commentaires".
Il reste à savoir si des violences policières ont été commises ou non dans la voiture et/ou au commissariat sur la personne d'Ibrahima. De son côté, et jusqu'à nouvel ordre, Me Alexis Deswaef, contacté par Cité24, ne commentera plus médiatiquement cette affaire en cours : "c'est pour le bien d'Ibrahima et de sa famille". Les témoins sont bien évidemment invités à le contacter au 02 210 02 00 s'ils avaient à fournir de nouveaux éléments.