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Stains : une reconstitution 3D met à mal la version des policiers (VIDÉO)

Reconstitution 3D du média Index sur la version policière de l'intervention policière à Stain

Reconstitution 3D du média Index sur la version policière de l'intervention policière à Stain

Nous étions dans la nuit du dimanche 15 août au lundi 16 août 2021, à Stains (en Seine-Saint-Denis, en France). Un homme avait été grièvement blessé après avoir reçu plusieurs balles dans le corps. Sa compagne, elle, avait été touchée dans le dos et avait eu entre autres le poumon perforé. Elle a également perdu son enfant suite à ces faits graves. Ceux qui leur avaient tiré dessus étaient des policiers de la Brigade Anti-Criminalité (BAC).

La préfecture de police avait très vite, le 16 août 2021 à 12h19, essayé de se justifier. Elle avait réalisé et publié sur les réseaux sociaux une vidéo au sein de laquelle elle donnait sa version, quelques heures seulement après les faits. Or, le média d'investigation Index a reconstitué les faits en simulation 3D, ce 4 octobre. Il a ainsi balayé certains arguments tenus pas la préfecture de police. Nordine A., le conducteur du véhicule, avait été poursuivi et condamné pour "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique". Il avait fait appel. Ce second procès aura lieu le 11 octobre prochain.

La vidéo ci-dessus pourrait être un pavé dans la mare. Ce dont il est question ici n'est ni plus ni moins qu'un travail journalistique de reconstitution d'une scène qui aurait pu coûter la vie à deux personnes : Nordine A. et Merryl B. Ils ont la cible de huit tirs de la BAC (Brigade Anti-Criminalité), le 16 août 2021. En effet, le média d'investigation Index a publié une vidéo sur YouTube. Dans celle-ci, il analyse les faits seconde par seconde en les recoupant avec la version des policiers et de la préfecture de police. Le média Index a mis en évidence quelques incohérences (à tout le moins) de la version policière.

Retour sur les faits

Les événements se sont produits dans la ville de Stains, dans le département de la Seine-Saint-Denis (France), au niveau du boulevard Maxime Gorki à proximité d'un feu rouge. Nordine A. (37 ans) est au volant de son véhicule à l'arrêt. Merryl B. (39 ans) se trouve sur le siège arrière.

C'est alors qu'un autre véhicule banalisé vient à sa hauteur par la gauche. Deux policiers se sont approchés de la voiture de Nordine A., comme on a pu le voir sur les vidéos surveillance du boulevard Maxime Gorki. Ils ont ensuite bloqué sa voiture par l'avant, et l'ont percutée.

A ce stade, rien ne laissait entendre qu'ils étaient policiers. Ils n'avaient ni gyrophare ni brassard ni autre signe distinctif. Et c'était la nuit, il faisait donc noir, malgré les lumières des lampadaires. Le conducteur pris en surprise a alors vu l'un de ces individus monter sur son capot et tenter de casser la vitre. Une fois la vitre cassée, il avait introduit ses jambes dans le véhicule. Nordine A. a alors fait marche arrière. C'est là que les tirs ont commencé, du policier nommé Jonathan F. debout à droite de la voiture, "pour venir en aide à son collègue". Index indique que c'est faux puisque son collègue était dans l'angle de tir. Il y a eu 8 tirs au total. Nordine A. a été touché au bras, au pubis, notamment.

"La reconstitution 3D dément la version policière"

Le média d'investigation Index s'est basé sur la version policière (que l'on peut voir dans la vidéo ci-dessous). Il les a comparé avec la vidéo amateur d'un témoin de la scène. Ce témoin se trouvait, quelques instants plus tard, au même endroit, au feu rouge, où avait été la voiture de Nordine A.

Ce témoin a enregistré des images vidéos dans lesquelles on voit qu'en aucune manière les policiers se sont présentés comme tels. Il est même difficile de le percevoir pour les vidéo-spectateurs, s'ils ne l'avaient pas su au préalable.

La reconstitution revient sur une série de points qu'elle note comme incohérents, et que la version des policiers clamait pourtant comme véridique.

Aucun secours des victimes après les tirs

Un autre fait a très bien été souligné par le média Index dans sa reconstitution 3D des faits. Il s'agit de la non assistance des policiers tireurs aux deux personnes touchées par balle.

Une autre vidéo, d'un second automobiliste, a également circulé sur les réseaux sociaux. Elle a filmé la scène après les coups de feu. On y voit la passagère, Merryl B. sur le bord du boulevard, ensanglantée et laissée à elle-même. Elle avait pourtant une balle qui lui avait perforé le poumon et atteint la rate. Cela n'avait pas outre mesure inquiété les policiers qui n'ont fait que l'ignorer. Ceux-ci semblaient faire une priorité de discuter avec les passagers de la voiture Mini, qu'on a pu voir dans la vidéo. Pour le dire quoi de plus important ? L'on ne sait pas.

Le conducteur connaitra son jugement le 11 octobre

Le conducteur qui avait été grièvement blessé suite aux tirs de la police qui l'avaient touché n'en est pas sorti d'affaire. Dès le lendemain dès faits, la police a porté plainte contre lui pour "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique". Il avait été condamné pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique et condamné à deux ans de prison ferme. Nordine A. avait pu sortir de prison, du fait de son état de santé. Il avait fait appel de cette décision. Le procès aura lieu le 11 octobre prochain.

Des comités se mobilisent pour demander la justice pour Nordine A.

Un des policiers est également poursuivi

Au départ, la justice avait uniquement poursuivi (puis condamné, donc) le conducteur du véhicule, Nordine A. Mais, comme nous l'a indiqué le média Index, Nordine A. et Merryl B. avaient aussi déposé plainte contre les policiers qui leur avaient tiré dessus.

Ainsi, cela semble avoir (en partie) porté ses fruits, puisque le policier Jonathan F. (le premier à avoir ouvert le feu dans la vidéo) se trouve lui aussi objet de poursuites judiciaires. Le 8 septembre 2022, soit plus d'un an après les faits, le parquet de Bobigny a finalement décidé de mettre en examen pour "violence volontaire avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique".

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