Le fonctionnement interne de la police en Belgique est sous le feu des projecteurs alors que des préoccupations croissantes entourent le respect des droits de l'homme, le recensement des cas de violence policière et les failles de la police des polices. Une analyse approfondie révèle les disfonctionnements dans la surveillance, la responsabilité et la transparence de l'appareil policier, mettant en évidence une situation alarmante.
Les violations des droits de l'homme par la police belge inquiètent de nombreux anthropologues quant à la manière dont les policiers agissent sur le terrain. Les exemples de profilage racial, d'abus de pouvoir, de traitements inhumains et dégradants sont légion dans les rangs de la police. Les plaintes concernant les pratiques discriminatoires ont amplifié les appels à une réforme radicale pour garantir que cette institution soit un instrument de protection et de respect des droits de tous individus et non un outil de répression.
Le recensement des cas de violence policière reste un défi majeur en Belgique. Le manque de transparence et de responsabilité entrave les efforts pour identifier et résoudre les abus. Les procédures internes de signalement et d'enquête sont souvent critiquées pour leur opacité et leur inefficacité. Les récentes manifestations ont mis en évidence une tension croissante entre la police et les citoyens, soulignant l'urgence de clarifier les protocoles et de mettre en place des mécanismes efficaces pour enquêter sur les cas de violence policière.
Nous allons maintenant plonger au cœur d'un dossier épineux qui soulève des questions cruciales sur le fonctionnement de notre système policier. Nous tenterons d'apporter un éclairage critique et approfondi sur les défis auxquels fait face l'institution policière en Belgique.
"Depuis 2018, entre 65 et 94 personnes ont été tuées par la police"
Dans ce contexte préoccupant, un élément essentiel doit être pris en compte : le système de surveillance et d'enquête au sein de la police belge. En effet, le Comité P, également connu sous le nom de Police des polices, joue un rôle essentiel dans la surveillance des activités policières en Belgique. Cependant, il est surprenant de constater qu'à ce jour, ce sont des policiers qui enquêtent sur d'autres policiers, remettant en question l'indépendance et l'objectivité de ces enquêtes. Bien que ce comité fasse rapport, a priori, au Parlement, ses liens avec le pouvoir exécutif peuvent générer des conflits d'intérêts. Cette état de fait complexe mérite une analyse approfondie.
En 2021, sur les 3 000 plaintes déposées, à peine 58 ont abouti à des condamnations, ce qui représente à peine 2 %. La grande majorité des plaintes sont ainsi classées sans suite. Selon certains anthropologues, le Comité P pourrait être perçu comme un simple pion sur l'échiquier, empêchant d'autres acteurs d'intervenir efficacement. En somme, il pourrait être perçu comme une vitrine plutôt qu'un véritable garant de la responsabilité policière.
Un chiffre glaçant fournit un éclairage sombre sur la situation : "Depuis 2018, entre 65 et 94 personnes ont été tuées par la police en Belgique", selon les chiffres du Comité anderlechtois contre les violences policières. Ces statistiques alarmantes nous questionnent sur les pratiques et les protocoles de recours à la force par la police. Le manque de responsabilité et de transparence dans ces affaires amplifie certainement les inquiétudes quant à l'usage de la violence et de l'impunité policière.
Victimes Injustes
La liste tragique des victimes non armées de la police belge révèle une série de morts déconcertants. En 2014, Soulaïmane Jamili, âgé de seulement 14 ans, a été mortellement heurté par un métro lors d'une poursuite policière. Celle-ci essaya de se couvrir en utilisant la thèse du suicide, les images de surveillance ont disparu comme par enchantement. Le 9 mai 2017, Ouassim Toumi et Sabrina El Bakkali, respectivement âgés de 24 et 20 ans, ont été tués lorsqu'une voiture de police est entrée en collision avec leur moto.
L'année 2018 a également été marquée par des pertes tragiques, dont celle de Lamine Moïse Bangoura, 27 ans, étouffé lors d'une intervention policière liée à un retard de paiement de loyer dans son domicile. Ces cas poignants se poursuivent le 28 février avec la mort de Jozef Chovanec, après un intervention policière brutale en cellule à l'aéroport de Charleroi. L'année mortifère continue avec la petite Mawda Shawri, une enfant de 2 ans abattue par l'inspecteur Victor-Manuel Jacinto Gonçalves, alors qu'ils poursuivaient une camionnette de migrants.
En 2020, Mehdi Bouda, 17 ans, a perdu la vie alors qu'il traversait un passage piéton pour rentrer chez lui, percuté par une voiture de police. Dans le cas de la mort d'Adil Charrot, survenue le 10 avril 2020 à la suite d'une collision frontale avec un véhicule de police de la zone Midi, des témoignages de collègues du policier impliqué ont émergé. Ces témoignages dévoilent que le policier s'est vanté à plusieurs reprises d'avoir tué le jeune homme en déclarant : "J'en ai sorti un de la rue". Malgré ces éléments accablants, ce policier n'a toujours pas été inculpé sur le plan pénal.
Ces meurtres révèlent une douloureuse réalité quant à l'usage de la force par des agents de police envers des personnes sans armes. Plus troublant encore, ces victimes ont été abattues sans que la légitime défense puisse être invoquée, soulignant l'absence de justification pour de telles tragédies. Les familles de ces victimes sont à jamais bouleversées par la perte dramatique de leurs êtres chers. Malheureusement, contrairement aux policiers auteurs de ces actes, les familles et proches des victimes de la police ne reçoivent aucune aide psychologique pour surmonter leur douleur contrairement aux policiers. Une disparité regrettable et inquiétante dans le traitement des conséquences de ces événements.
Le racisme dans la police
Le 27 février 2023, une enquête révèle un sombre panorama de racisme et de harcèlement en ligne, mettant en lumière un profond dysfonctionnement au cœur de l'institution. Vingt-neuf agents des forces de l'ordre à Anvers font face à des poursuites pour avoir échangé des messages racistes et discriminatoires via un groupe WhatsApp interne entre 2015 et 2016. Les victimes, parmi leurs collègues, ont subi des moqueries concernant leur origine ethnique, leur état de santé et leur apparence physique. Les conséquences psychologiques de ces actes ont été dévastatrices, avec des tentatives de suicide rapportées et une profonde atteinte à la confiance envers l'institution policière.
Ces révélations accablantes font écho à une problématique plus large, illustrant la nécessité urgente de réformer en profondeur les services de contrôles internes au sein de la police belge. En effet, les policiers incriminés étaient en charge de la surveillance et du transport des prisonniers, rappelant ainsi les failles au sein du système disciplinaire.
Alors que les prévenus tentent de minimiser leurs actes en les qualifiant de simples "blagues", ces révélations renforcent l'appel à une réforme en profondeur de la culture et des pratiques au sein de la police belge.
Rôle des autorités et de la société civile
Les responsabilités des autorités et de la société civile sont mises en avant dans cette situation délicate. Les appels à une réforme structurelle de la police, y compris la mise en place d'un système de surveillance et d'enquête véritablement indépendant, sont de plus en plus insistants. Les efforts visant à renforcer la formation des agents de police et à promouvoir la responsabilité individuelle sont également au cœur du débat. La mobilisation de la société civile, avec des voix diverses exigeant la reddition de comptes, joue un rôle crucial dans la recherche d'une solution durable.
La situation actuelle au sein de la police belge appelle à une réévaluation profonde des normes et des pratiques. Le respect des droits fondamentaux de l'homme doivent être des priorités absolues. Cependant, il est crucial de souligner que les politiques portent une part de responsabilité dans cette réalité troublante.
Le monde politique complice ?
Il est déconcertant de constater que peu d'élus politiques, indépendamment de leur affiliation politique, s'émeuvent du nombre de personnes tuées par la police. Cette indifférence contraste avec leur réaction immédiate et unanime dès qu'un policier est victime de violence. En effet, lorsque vient le moment de dénoncer la violence envers des policiers, les politiques recourent à tous les moyens de communication à leur disposition, qu'il s'agisse des médias traditionnels ou des réseaux sociaux, pour faire entendre leur voix. Cette hypocrisie flagrante trouve un écho avec les attitudes du parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang, qui a l'habitude de soutenir la police dans son ensemble tout en légitimant les actes criminels commis par certains agents.
À cet égard, de nombreux citoyens nourrissent l'espoir que les élections de 2024 permettront de sanctionner les décideurs politiques responsables de cette situation alarmante. L'exercice du pouvoir doit aller de pair avec une véritable quête de justice et de responsabilité, afin de construire une police responsable, transparente et indépendante, véritable garant de la sécurité et des droits de toue personne.
Les associations contre les violences policières demandent des mesures concrètes, telles que la révision des mécanismes de surveillance, la mise en place d'une institution indépendante de surveillance et l'adoption de protocoles transparents. En attendant, la société civile continue de jouer un rôle essentiel en exigeant des comptes et en plaidant pour des réformes radicales. La voix collective des citoyens peut contribuer à façonner un avenir où la police agit dans l'intérêt général, sans compromettre les droits et la dignité de ceux qu'elle est censée protéger.