Ayoub Ayoubi, sans-papier, a été retrouvé mort le 12 janvier 2022 à Zellig dans des circonstances qui ne sont pas sans rappeler celles, encore troubles, de la mort de Mohamed Amine Berkane le 12 décembre 2021 en cellule du commissariat de rue Royale. Un nouvel assassinat policier selon des militants antiracistes de la Campagne Stop Répression.
Ayoub Ayoubi, jeune homme présent sur le territoire belge depuis peu, est porté disparu depuis le 11 janvier, date à laquelle sa famille a entamé les procédures pour tenter de le retrouver. En effet, son frère, avec lequel nous avons pu nous entretenir, nous raconte les faits à partir de sa disparition.
"La dernière fois que nous avons eu contact avec mon frère, il était avec des amis à Zellig. Nous avons perdu sa trace et avons tenté de le retrouver en nous rendant au commissariat de notre commune de résidence. Très vite, nous avons saisi que cette affaire était très étrange puisqu’aucune démarche n’était amorcée par la police. Nous avons à ce moment-là décidé d’attendre."
Des circonstances de décès troubles
Le 12 janvier, la famille apprit qu’Ayoub aurait été retrouvé mort, en pleine rue, sans informations précises sur les circonstances de sa mort. Son frère ajoute qu’il a été choqué par le manque de considération pour la famille de la part des policiers en charge de l’enquête, ces derniers n’ayant fourni aucune explication sur la nature des faits.
La famille, accompagnée d’amis proches, a d’ores et déjà mandaté un avocat pour faire le suivi de l’affaire et construire les devoirs d’enquête complémentaires. Le frère ajoute cependant qu’il existerait des entraves à la bonne tenue de l’enquête : « Nous avons demandé à pouvoir accéder aux éléments du dossier d’instruction ainsi qu’au dossier médical en cours, sans que nos demandes ne soient positivement reçues. Nous avons également demandé toute une série de devoirs d’enquête complémentaires pour renforcer les charges qui seront instruites par le parquet, mais ces demandes nous ont actuellement été refusées. »
Les premiers éléments d’enquête indiquent qu’il s’agirait d’une mort par overdose. Pourtant, depuis lors, la famille a pu voir le corps de Ayoub et les images sont effroyables. Le frère raconte la scène : "Lorsque nous avons vu le visage de mon frère, ce dernier semblait être en bonne santé, ensuite lorsque nous avons vu ses mains et ses bras, c’est là que nous avons compris dans quoi nous étions. En effet, il n’est pas mort d’overdose comme la police nous l’indique, ce n’est pas possible ! Vu les coups qu’il a subis, ce n’est pas une overdose qui produit ça, il a été tabassé !"
Une longue histoire des assassinats policiers en Belgique
Le parquet n’a pas encore communiqué officiellement. Mais l’expérience longue des assassinats policiers en Belgique a prouvé par le passé que ces morts étaient rarement accidentelles.
Dans toutes les affaires de meurtres policiers, les parquets jouent un rôle actif dans la construction des non-lieux ; "le parquet de Dendermonde est connu pour être l’un des parquets les plus réactionnaires de Belgique", rappelle un membre de la Campagne Stop Répression. "La médiatisation et la politisation de cette affaire est indispensable dans le rapport de force avec l’institution judiciaire productrice d’impunité. Nous appelons également la Ligue des droits humains, Mrax et Unia à se constituer partie civile afin de renforcer la défense de la famille."
Contact presse : Anas Amara +32 486 18 84 66