Des membres radicaux du gouvernement israélien ont soutenu une proposition d'annexion des terres palestiniennes dans la bande de Gaza, affirmant que cela infligerait une « punition territoriale » au Hamas.
Le lundi 7 octobre, cinq ministres, dont Nir Barkat, ministre de l’Économie, et Shlomo Karhi, ministre des Communications, tous deux membres du parti Likoud, ont proposé d'annexer le nord de la bande de Gaza. Barkat a préconisé la création d’une « liste des prix », suggérant qu’Israël « devrait facturer un certain prix en terre par otage ».
Le projet d'annexion des territoires palestiniens n'est pas nouveau en Israël. En février 2024, lors d’un discours au Musée de la Tolérance à Jérusalem, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a présenté un document intitulé « Les principes en vigueur après le Hamas ». Ce plan détaillait l'annexion de fait de Gaza, avec la création d’une zone tampon sous contrôle israélien et un renforcement de la colonisation sur la West-Bank.
Israël, selon ce document, continuerait de contrôler militairement les territoires situés à l'ouest du Jourdain et imposerait des mesures strictes à Gaza, notamment en matière de démilitarisation et de supervision civile.
« La terre d’Israël est un héritage de Dieu »
Parmi les voix soutenant l’annexion, Amichai Chikli, ministre de la Diaspora en Israël, a plaidé pour une « réponse immédiate » en prenant des terres comme mesure punitive. Sur les réseaux sociaux, il a publié une carte détaillant son plan, qui propose d'annexer le nord de la bande de Gaza afin d'y implémenté des colonies israéliennes, et de déplacer la population gazaoui plus au sud.
Idit Silman, ministre de l’Environnement, a adopté un ton encore plus radical, évoquant un droit divin sur la terre. Elle a déclaré que les israéliens doivent continuer à « hériter de la terre » et a justifié cette démarche comme la seule voie pour garantir « bénédiction et succès ». Elle a ajouté « que ceux de Jénine, de Naplouse et d’ailleurs le sachent : nous voulons récupérer notre terre, attaquez-nous et nous en hériterons. »
Déclarant que « la terre d’Israël est un héritage de Dieu », Silman a souligné : « Il faut demander un prix au Hamas pour ce qu’il a fait. Le Hamas comprend le prix de la terre et tous nos ennemis aussi. »
Vers une escalade territoriale ?
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a été critiqué par Netanyahou et ses alliés pour avoir suggéré que la décision de ne pas se retirer de la frontière avec l’Égypte était une erreur, mettant en péril les vies des prisonniers israéliens détenus par le Hamas. Gallant a qualifié cette décision de « disgrâce morale ».
Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a défendu la position de Netanyahou, arguant que renverser la décision concernant la frontière du corridor de Philadelphie « encouragerait le meurtre ». Il a soutenu que la punition envers le Hamas devait être d’une ampleur exceptionnelle, ce à quoi Netanyahou a répondu qu’« une riposte puissante est nécessaire pour dissuader de futurs assassinats d’otages ».
Violation du droit international
En occupant illégalement des territoires à Gaza, Israël s'engage sur une voie qui pourrait constituer une nouvelle violation flagrante du droit international. L’occupation prolongée et la création de zones tampons militarisées sans l’accord des populations locales ou de leurs représentants soulèvent des sérieuses questions ethniques et légales.
La Quatrième Convention de Genève, ainsi que les résolutions de l'ONU, condamnent toute tentative d'annexer des territoires occupés, y compris Gaza. De plus, le déplacement forcé de populations pour des raisons ethniques et religieuses est illégal et constitue une violation des droits humains fondamentaux.
Face à cette situation, il est fort probable que la communauté internationale rejette et condamne fermement ce plan, accentuant l'isolement diplomatique d'Israël.