Le 19 septembre dernier, la Maison des Architectes de Bruxelles a accueilli un débat passionné sur le plan régional de mobilité, Good Move. Réunissant des représentants de Brussels Mobilité, des échevins écologistes, des entrepreneurs et associations d'automobilistes, le dialogue a exposé les tensions autour de la question cruciale de la mobilité urbaine.

Le débat Good Move a rapidement pris une tournure polarisée. Bien que la diversité des intervenants promettait un échange riche, les discours se sont largement concentrés sur l’incitation à l’usage du vélo, au détriment des autres modes de transport. Le cabinet de la ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), et les échevins écologistes ont insisté sur la nécessité de réduire l’espace dédié aux voitures pour favoriser les déplacements à vélo, tout en oubliant les transports en commun et la marche.

Brussels Mobilité a ouvert la discussion avec une présentation du Plan Régional de Mobilité, rappelant que la marche est le principal mode de déplacement à Bruxelles, suivie par les transports en commun. Néanmoins, la récurrence de l'argument en faveur du vélo a suscité des critiques.

Si la concertation a été mise en avant comme un pilier fondamental de la politique, certains participants ont dénoncé un manque d’ouverture à la diversité des points de vue, notamment ceux des automobilistes et des personnes ayant des difficultés à utiliser des moyens de transport alternatifs.

Les entrepreneurs en colère

La voix des entrepreneurs, notamment ceux de la confédération de la construction en Wallonie, s'est élevée pour exprimer les difficultés logistiques qu’engendre la politique actuelle de mobilité. Selon eux, la suppression de bandes de circulation pour créer des pistes cyclables complique les livraisons et allonge considérablement les trajets quotidiens des travailleurs, augmentant ainsi les coûts pour les entreprises. Une critique a également été formulée sur la perte de temps due aux embouteillages, qui pèse lourdement sur l’économie locale.

L’acceptation sociale du plan Good Move a été remise en cause par plusieurs intervenants, notamment concernant la suppression de 150 kilomètres de voiries pour automobiles. Certains participants ont évoqué la nécessité d’explorer des alternatives comme le développement du réseau ferroviaire ou portuaire, particulièrement pour répondre aux besoins des 200 000 navetteurs qui se rendent chaque jour à Bruxelles.

Les oubliés du débat

La représentante d'une fédération d’automobilistes regroupant 45 000 adhérents a pointé du doigt les difficultés que rencontrent les conducteurs pour entrer et sortir de la capitale. Elle a également souligné la non-prise en compte des personnes vulnérables, comme les personnes âgées ou celles ayant des métiers nécessitant l’usage de la voiture, comme les infirmières à domicile. Ces citoyens, selon elle, sont laissés pour compte dans le plan Good Move.

L’intervention des écologistes, tant au niveau communal qu’au niveau régional, a été marquée par une volonté affirmée de réduire l’espace public accordé aux voitures, au profit des piétons et des cyclistes. Morenville Catherine (Ecolo), l’échevine à la mobilité de Saint-Gilles a plaidé pour des trottoirs plus larges et moins de places de stationnement, affirmant que "les habitants sont les vrais experts de leurs quartiers". Un point de vue qui reflète une approche participative, mais qui a également été critiqué pour son manque d’équilibre.

Et après ?

Malgré les divergences, une réalisation commune semble se dessiner : la nécessité de revoir en profondeur la politique de mobilité bruxelloise, en prenant en compte l'ensemble des usagers. Le débat sur la mobilité urbaine reste crucial pour l’avenir de Bruxelles.

La question demeure : la capitale de l'Europe parviendra-t-elle à trouver un équilibre entre les objectifs écologiques et les besoins de tous ses habitants et usagers ?