Le chantier du métro 3 à Bruxelles, plus particulièrement le tronçon sous le Palais du Midi, se révèle être un véritable fiasco financier, accumulant des problèmes, des surcoûts considérables et creusant le déficit de la région Bruxelles-Capitale.

Jeudi 8 juin, le gouvernement bruxellois annonçait le démantèlement de l’intérieur du Palais du Midi pour poursuivre la construction du métro 3. Depuis le début des travaux, la topographie marécageuse du sous-sol constitue une contrainte indépassable qui a pourtant été ignorée.

De multiples promesses irréalistes ont été faites aux commerçants jusqu’ici. Les dégâts sur l’activité économique ont déjà été très importants. Selon plusieurs commerçants présents au Palais du Midi ce vendredi 9 juin, plusieurs générations d'indépendants ont été sacrifiées au nom d'une station de métro qualifiée d'"inutile". C'est Elke Van den Brandt (Groen), ministre de la mobilité, des travaux publics et de la sécurité routière au sein du gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale, qui a elle-même fait cette annonce aux 160 commerçants, les regardant droit dans les yeux. Ces derniers témoignent des conséquences désastreuses de cette décision sur leur activité.

Le gouvernement persiste malgré les contraintes techniques et économiques

Le gouvernement bruxellois persiste dans sa volonté de faire passer le métro sous le Palais du Midi en dépit des contraintes techniques présentes dès le premier jour. À travers cette destruction, c’est en réalité une opération d’expropriation à grande échelle qui a lieu. « Quel que soit le choix de la Région bruxelloise, les commerçants auraient dû partir », déclarait Fabian Maingain (Défi), échevin chargé des affaires économiques à la ville de Bruxelles.

Les commerçants sont dépossédés de leur outil de travail et forcés de partir, malgré les promesses non tenues de maintien. De nombreux commerçants, interrogés par les journalistes de Cité24, souhaitent entamer des négociations pour geler les baux commerciaux. Cette situation s'étend également aux clubs sportifs et aux activités scolaires, qui se retrouvent également impactés par les conséquences du chantier.

L'opposition MR et PTB sur la même longueur d'onde que la majorité

Dans ce contexte et alors que les commerçants sont encore terrassés par cette décision, l’opposition, MR et PTB, s’est retrouvée sur une terrasse du Palais du Midi ce samedi 10 juin en début de soirée. David Leisterh, président du MR Bruxellois, et Youssef Handichi, député au parlement et ancien président du PTB bruxellois, se sont réunis pour rencontrer le président de l’association des commerçants, Brahim Tabich.

Les deux partis d’opposition soutiennent eux aussi la continuation du métro et la destruction du Palais du Midi. Leur opposition minimaliste se contente d’un souci de transparence bien insuffisant au regard des enjeux et adopte une position en-deçà des attentes des commerçants et des Bruxellois.

Néanmoins, David Leisterh met l'accent sur la nécessité de dédommager les commerçants dans de meilleures conditions, mais il ne fait pas de propositions concrètes à cet égard. "Les commerçants concernés doivent bénéficier d'une indemnisation maximale", déclare-t-il. Youssef Handichi exprime son soutien en déclarant : "Je suis aux côtés des commerçants pour qu'ils soient pleinement dédommagés".

Trop d’incertitudes demeurent quant aux prétendues indemnités et aux déménagements. Pour l’instant, ces promesses ne sont que de nouvelles spéculations sans vision concrète des échéances à venir et des risques non mesurés d’un tel chaos sur l’économie bruxelloise. Ce chantier qualifié de véritable fiasco, qui accumule catastrophe sur catastrophe, génère des problèmes et des surcoûts considérables, creusant ainsi le déficit de la région Bruxelles-Capitale qui atteint près de 10 milliards de dettes.

Elke Van den Brandt annonce un surcoût colossal pour le chantier du métro 3

La ministre de la mobilité de Bruxelles, Van den Brandt, a annoncé avec consternation une estimation de surcoût massif de 400 millions d'euros et de cinq ans de retard pour le chantier du métro 3. Dans une déclaration au journal La DH, elle a affirmé : "On parle quand même de l'estimation de 400 millions d'euros de surcoût pour se tronçon mais c'est la seule manière qu'on peut clôturer, finaliser et transformer le tronçon qui est actuellement en chantier".

Des commerçants et des riverains directement touchés par les travaux ont exprimé leur frustration face à cette situation. Un commerçant local a déclaré : "C'est un véritable désastre pour notre économie déjà fragilisée. Ces dépassements budgétaires ont un impact direct sur nos activités et notre avenir".

Il est important de rappeler que le budget initial du chantier du métro reliant Evere à Forest a déjà augmenté, passant de 2,3 à 2,6 milliards d'euros.

Responsabilités partagées dans le fiasco du métro 3

Il faut sérieusement se demander si la décision la plus rationnelle n’est pas tout simplement d’arrêter les frais de ce chantier impossible. Le Bourgmestre de la ville de Bruxelles, Philippe Close (PS), qui rêvait de détruire le Palais du Midi pour le reconstruire, sera finalement arrivé à ses fins. Les basses œuvres de ce projet morbide ont été mises en œuvre par Elke Van den Brandt (Groen). Sans oublier Pascal Smet (Vooruit), Secrétaire d'Etat à la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l'Urbanisme, qui avait rêvé d’un quartier de Thielemans désarabisé. Il n’aura produit que la destruction du quartier Stalingrad.

En effet, dans une déclaration controversée, le ministre Pascal Smet avait précédemment abordé la question des travaux du métro 3 en utilisant des termes qui ont suscité la polémique. Il a déclaré : "Parfois, il faut reconnaître le ghetto pour pouvoir déghettoiser. Il y a des terrasses mais très souvent c'est des masculins arabes, marocains, algériens, tunisiens. Mais très arabe. Il n'y a rien de mauvais avec ça, mais c'est quand même mieux des autres qui viennent aussi."

Ses propos ont immédiatement suscité des réactions mitigées, les qualifiant de racistes et islamophobes. Cette déclaration soulève des questions sur l'approche du gouvernement en matière d'aménagement urbain et de cohésion sociale, ainsi que sur la manière dont les différents groupes ethniques sont perçus dans la société bruxelloise.