Alors que la capitale belge se targue d'être une "ville à 15 minutes" grâce à son plan de mobilité Good Move, une réalité bien différente se dessine pour de nombreux travailleurs bruxellois qui luttent pour survivre dans un environnement marqué par des inégalités de classe et de race criantes. Le plan Good Move, vanté comme une solution pour une mobilité plus durable, cache en réalité une guerre de classes déguisée, mettant en danger les travailleurs pauvres et les habitants des quartiers défavorisés de la ville.
La promesse d'une "ville du quart d'heure" en vélo, chère à la politique Écolo, peut sembler attrayante pour certains habitants de Bruxelles. Cependant, pour de nombreux Bruxellois pauvres qui travaillent en périphérie de la ville, cette notion relève du fantasme. Se déplacer en taxi étant souvent hors de portée financière, ces travailleurs, pourtant essentiels à l'économie du pays comme en témoigne leurs activités lors des confinements Covid, se retrouvent piégés chaque jour dans les embouteillages du "Good Move".
L'anthropologue à l'UCLouvain, Martin Vander Elst, dans un article d'analyse publié sur Mediapart, souligne que la "ville à 15 minutes" est en réalité une chimère bourgeoise qui occulte les inégalités de classe et de race. Cette politique de mobilité, taillée sur mesure pour les habitants des quartiers privilégiés comme Saint-Gilles, impose en fait une double facture carbone aux travailleurs pauvres d'Anderlecht, de Schaerbeek, de Molenbeek, et d'autres quartiers similaires.
Le parti politique MR (Mouvement Réformateur) est pointé du doigt pour son manque de crédibilité en tant qu'opposition à cette politique éco-libérale. Au lieu de défendre les intérêts des classes populaires et des habitants des quartiers défavorisés, le MR semble avoir vidé l'opposition de gauche à Good Move au profit de groupes ultra-libéraux tels que Mautodefense ou le Collectif Citoyen. Cette opposition minoritaire, souvent bruyante, se fait l'écho de la "liberté de circulation", mais elle ne s'attaque pas aux véritables enjeux des politiques de gentrification néolibérale.
Le PS et la touristification : Pas non plus une alternative
La fracture entre gauche et droite se manifeste clairement sur les questions des inégalités environnementales, de la dette publique, des inégalités fiscales, du travail et de l'accessibilité au logement. Face à une opposition vidée de sa substance critique et compatible avec le MR, la ligne politique de Philippe Close (PS), ne semble pas non plus présenter une alternative crédible. Leur vision de la "touristification" du centre-ville élargi à Cureghem, au vieux Molenbeek, au quartier Nord, à Saint-Josse, etc., via les "magistrales piétonnes" de Good Move, ne tient pas compte des réalités des classes géo-sociales.
Il est clair que la politique à Bruxelles demeure un champ de bataille où les intérêts des différentes classes sociales s'opposent. Pourtant, il reste du travail politique à accomplir pour mettre en lumière ces inégalités et former la conscience des nouvelles classes géosociales, comme le suggère le dernier livre de Piketty et Cagé.
Pour approfondir notre analyse sur les conséquences dévastatrices du plan Good Move à Bruxelles, nous vous invitons à lire notre article complémentaire, avec les détails de la gentrification qui accompagne ce plan de mobilité.