L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Arcom) a été saisie à de nombreuses reprises à la suite de plusieurs séquences de l’émission « Touche pas à mon poste » diffusées au mois d’octobre 2022 sur la chaîne audiovisuelle C8 à la suite du meurtre de la jeune fille Lola.

L’Arcom a relevé que l’animateur, Cyril Hanouna, alors que l’instruction judiciaire relative à cette affaire était ouverte, a tenu de façon répétée des propos relatifs tant aux conditions dans lesquelles le procès de la personne mise en examen devait se tenir et à son issue, notamment quant à la peine à lui infliger, qu’à son profil psychologique. Il a en particulier appelé à plusieurs reprises à des procès expéditifs et à des condamnations à perpétuité automatiques dans de tels cas.

L’Autorité médiatique considère que ces séquences, par leur caractère répétitif, traduisent un manquement de l’éditeur C8 à l’obligation de traiter avec mesure une affaire judiciaire en cours, inscrite dans sa délibération du 18 avril 2018 relative à l’honnêteté et à l’indépendance de l’information et des programmes qui y concourent.

L’Arcom constate entre outre que Cyril Hanouna a pu longuement exprimer son opinion sans qu’une contradiction rapide et efficace ne lui soit opposée, méconnaissant l’obligation de respecter l’expression des différents points de vue à l’antenne sur un sujet prêtant à controverse.

La chaîne C8 mise en demeure

La société C8 est donc mise en demeure de se conformer à l’avenir, en ce qui concerne le service de télévision « C8 », à l’honnêteté et à l’indépendance de l’information et des programmes qui y concourent.

C8 doit « veiller au respect d’une présentation honnête des questions prêtant à controverse, en particulier en assurant l’expression des différents points de vue par les journalistes, présentateurs, animateurs ou collaborateurs d’antenne ».

Par ailleurs, l’article 3 de cette même délibération dispose que « dans le respect du droit à l'information, la diffusion d'émissions, d'images, de propos ou de documents relatifs à des procédures judiciaires ou à des faits susceptibles de donner lieu à une information judiciaire nécessite qu'une attention particulière soit portée […] au respect de la présomption d'innocence […] » et que « lorsqu'une procédure judiciaire en cours est évoquée à l'antenne, l'éditeur doit veiller à ce que : - l'affaire soit traitée avec mesure […] », conclut l’Arcom.

Retrouver ici la décision.