Depuis plusieurs semaines, des groupes de citoyens s'affairent à impulser une nouvelle dynamique à Bruxelles : et si des coalitions de gauche, PS-PTB-Écolo-Groen, voyaient le jour au niveau communal ?

C'est en tout cas ce qu'estiment plusieurs dizaines de citoyens qui ont décidé de faire irruption dans le cénacle des futures coalitions communales. En marge de celles-ci, deux groupes se distinguent : d'un côté, "Forest à Gauche", qui a lancé un appel pour réunir les Forestois autour d’un front commun des partis de gauche aux élections communales, et de l'autre, le Comité Zone-Midi, à l'initiative d'une assemblée populaire qui se tiendra ce samedi 5 octobre au 61, rue de la Victoire à 1060 Saint-Gilles.

Ces groupes ont misé sur une approche inspirée des grandes mobilisations, telles que celles des Indignés, d'Occupy Wall Street et des Forums sociaux de Porto Alegre. S'appuyant également sur le rayonnement du Nouveau Front populaire en France, perçu comme un nouveau souffle pour les gauches européennes, cette assemblée visera, selon ses organisateurs, à peser de tout son poids sur les négociations fédérales, régionales et communales à venir, avec un objectif clair : éviter une énième cure austéritaire et le rabotage des services publics.

Déficit public en hausse

En effet, selon le Bureau fédéral du Plan, le déficit public est estimé à 4,6 % du PIB en 2024. La croissance du PIB a atteint 1,5 % en 2023 et s’établirait à 1,4 % en 2024. La consommation des ménages progresse de 1,4 % en 2023 et de 1,8 % en 2024, bien qu'elle ne suive pas la même dynamique que le pouvoir d’achat, mesuré sur la base du revenu disponible réel (3,6 % en 2023 et 2,1 % en 2024). Ces chiffres, qui s’amoncellent, mettent en lumière la dégradation de la situation économique et financière de la Belgique. En témoigne la décision de la Commission européenne, en date du 19 juin 2024, d’ouvrir une procédure de déficit excessif à l’encontre de plusieurs États européens, dont la Belgique.

Celle-ci devra donc réduire drastiquement son déficit public, ce qui constitue une aubaine pour les partis de l’axe libéral-autoritaire à l’avant-garde du futur gouvernement fédéral. Ces derniers pourront aisément s'appuyer sur la matrice néolibérale pour diminuer les dépenses publiques, prétextant une lutte contre un endettement devenu incontrôlable.

Depuis 1982 et le virage néolibéral pris par le gouvernement Martens-Gol, on assiste à une restructuration du paradigme politique organisant l'économie de l'État belge. Dans le cadre d'une nouvelle alliance entre le capital industriel et le capital financier, qui regagnent en pouvoir et en influence, les politiques de plein emploi sont abandonnées au profit de la lutte contre l'inflation, devenue et restée la priorité absolue.

L'État, endetté, est contraint d'assainir ses finances, car la hausse brutale des taux d'intérêt réels dans un contexte de croissance ralentie enclenche le fameux « effet boule de neige ». L'État belge est particulièrement touché, ayant nettement alourdi son endettement dans les années 1970, notamment pour limiter les pertes d'emploi et aider les entreprises en difficulté.

Comment des citoyens veulent renverser l'orthodoxie néolibérale

Le régime de finances publiques déficitaires pratiqué jusque-là, soutenable dans un contexte de taux d'épargne élevés, de croissance forte et de faibles taux d'intérêt, devient intenable dans ce nouveau contexte, caractérisé par un chômage élevé et des taux d'intérêt élevés. Depuis cette période charnière pour la genèse du néolibéralisme belge, plusieurs crises sociales, écologiques et sanitaires ont écorché la plénitude promise par le capitalisme sauvage.

En revanche, des dynamiques comme celles des rapporteurs de l’assemblée populaire tentent de bousculer l’orthodoxie conservatrice dominante et proposent de redistribuer les cartes du débat démocratique à Saint-Gilles, Anderlecht et Forest. En rehaussant une discussion sur des variables souvent exclues du débat démocratique, telles que la fiscalité, le financement des communes, le poids de la dette publique et les réformes néolibérales (comme la limitation du chômage à 2 ans, la diminution des péréquations du fédéral vers les régions, le définancement des CPAS, ainsi que la régionalisation de la santé et de la justice), ces acteurs cherchent à faire émerger de nouveaux enjeux essentiels.

Cité24 couvrira l’assemblée populaire et vous proposera un compte-rendu circonstancié de cette dernière. L'assemblée populaire se tiendra donc le samedi 5 octobre prochain, 61 rue de la Victoire à Saint-Gilles.