Le jeune homme de 26 ans, Shengetai “Tai” Sithole, 26 ans, a passé huit jours en prison. Il a été arrêté après qu’un téléspectateur a dit l'avoir reconnu. Un avis de recherche avait été diffusé depuis juin 2020 par l’émission “Faroek” sur VTM. Tai n'a pourtant rien à voir avec les faits. Il n'empêche que la police l'a bien considéré. Il n'est pas le premier à qui cela arrive. Le racisme potentiel des policiers est dénoncé sur les réseaux sociaux : "S'il avait été blanc, ce ne serait pas arrivé".

Un avis de recherche avait été lancé depuis le mois de juillet dernier. Un suspect avait été l'objet de recherche, via à un appel à témoin. Il s'agissait de vol de carte de crédit d’une septuagénaire de Dilbeek (Belgique). Le préjudice s'élevait à 20.000 euros. Cet argent avait été joué dans un casino des Pays-Bas, plus tard.

Histoire rendue publique qu'à la libération de Tai

Plusieurs mois après, la police a arrêté Shengetai “Tai” Sithole, 26 ans. Un témoin a déclaré avoir reconnu Tai comme étant le suspect de cette enquête. Son arrestation n’a été rendue publique que lorsque le média Bruzz a rapporté l’histoire ce jeudi 19 mars dans l'après-midi. C'était à la sortie de prison du jeune homme. 

La victime, Tai, est employé dans un magasin de télécommunication. Il est aussi DJ, notamment pour la station de radio du média néerlandophone bruxellois Bruzz. Sa petite amie Ahouefa et son père Paul Lhoir avaient alerté un journaliste de Bruzz au sujet de son arrestation. “Ce n'est pas l’homme de la vidéo”, lui ont-ils déclaré. 

Le juge d'instruction le place en détention préventive

Tai a été arrêté à son travail le 10 mars dernier. Le lendemain, il a comparu immédiatement devant le juge d’instruction. Ce dernier sans vérifier l'enquête de la police a décidé de le garder en détention préventive. “Même s’il n’y avait en réalité aucun élément le désignant comme étant l’auteur des faits”, a dit l'avocate de Tai, Me Selma Benkhelifa.

Le parquet de Vilvorde a fait appel de la libération de Tai

Ensuite, cinq jours plus tard, la chambre du conseil a finalement décidé de rendre sa liberté à Tai. Toutefois, il a quand même dû rester en prison car le parquet de Hal-Vilvorde a fait appel de sa libération. 

Selma Benkhelifa s'en est insurgée. “Même s’ils voulaient vérifier des éléments, la privation de liberté n’était pas nécessaire. Il ne s’agit pas d’actes de violence graves, et Tai n’a pas de casier judiciaire. Le seul élément du dossier contre lui est ce témoin. Tous les autres éléments parlent en sa faveur. Le témoin décrit l'auteur comme un homme ayant un accent hollandais. Mais Tai n’est pas Néerlandais et il n’a pas du tout l’accent hollandais. De plus, l’enquête montre que son téléphone ne s'est jamais trouvé à proximité des lieux où s’est rendu l’auteur du crime. Ce témoin s’est trompé.”

Cheveux bien plus longs que le suspect recherché

La petite amie de Tai a souligné, sur le média Bruzz, que des photos sur Instagram prouvent que Tai avait des cheveux beaucoup plus longs que le suspect au moment des faits. 

Le calvaire de Tai a pris fin ce jeudi 19 mars après que le juge d’instruction a décidé de le libérer, sans attendre la fin de la procédure en appel. Les parents du jeune homme, sa petite amie et plusieurs amis l’attendaient devant les portes de la prison saint-gilloise en fin d’après-midi. “Nous ne comprenons pas pourquoi cela a pris autant de temps”, s’interroge son père, Paul Lhoir. “S’il avait été blanc, je pense que cela ne serait jamais arrivé”, assure-t-il en dénonçant l’attitude “injuste” du parquet.

Racisme policier potentiel

Selma Benkhelifa pense par ailleurs que la couleur de peau de son client a joué un rôle majeur dans ce qui lui est advenu. “Tout d’abord, on constate ce préjugé selon lequel ‘toutes les personnes de couleur se ressemblent’”, estime-t-elle. “Et en plus de cela, je ne pense pas qu’ils auraient détenu quelqu’un ayant la peau blanche aussi longtemps pour de tels faits. Heureusement que Tai est bien entouré. Sa famille et ses amis sont derrière lui, il connaît des journalistes à Bruzz,... Cela a aidé son cas. Sinon, il aurait pu passer inaperçu.

Quinze minutes plus tard, Tai sort enfin de prison. Ses parents, sa petite amie, son beau-père et ses amis l'attendaient. Il a déclaré : "Merci à tous ceux qui m’ont soutenu. J’espère que tout ira bien maintenant (...) ce séjour en prison fut “horrible”.

Demande de compensation pour Tai

Son avocate indique qu’elle compte demander une compensation pour Tai. “C’est une somme forfaitaire : 80 euros par jour. Ce n’est pas grand-chose, mais nous devons l’exiger, par principe”, dit-elle. “Ce genre d’erreur de la part du tribunal peut avoir de graves conséquences. Heureusement, Tai a un patron sympa, qui croit fermement en son innocence. Mais la plupart des gens ne sont pas comme ça. ‘Il n’y a pas de fumée sans feu”, dit-on. Il aurait pu perdre son emploi, et bien plus encore.”

D'après le parquet de Hal-Vilvorde, deux témoins l’ont identifié comme étant le suspect du reportage de “Faroek.” “Après une enquête plus approfondie, le juge d’instruction l’a relâché”, a dit la porte-parole Carol Vercarre. Un non-lieu devrait être prononcé en sa faveur, à terme.