Le président de Défi, François De Smet, a déclaré, ce jeudi, que son parti "réévaluerait sa participation au gouvernement" en l'absence d'accord sur le renoncement de la STIB à faire appel de sa condamnation pour discrimination à l'emploi.
Comme souligné précédemment sur Cité24, le blocage politique se poursuit et s'intensifie concernant la discrimination à l'emploi des femmes qui portent le foulard islamique en Région bruxelloise.
Car il ne faut pas s'y tromper : ce que les médias mainstream et la classe politique nomment "La question des signes convictionnels" soulève avant tout un vieux problème de discrimination islamophobe et sexiste au travail. Un phénomène racial et social profondément ancré à Bruxelles, comme ailleurs en Belgique. Une oppression systémique bien "voilée" qui a de graves conséquences, bousillant des vies professionnelles et des opportunités de carrière pour nombre de nos concitoyennes.
Tel que l'a parfaitement compris le Tribunal du travail de Bruxelles qui, le 3 mai dernier, a condamné la STIB pour discrimination à l'embauche d'une femme portant le foulard islamique. La Comité de gestion de la STIB - au sein duquel chaque partenaire gouvernemental est représenté - a décidé de ne pas interjeter appel de la condamnation. Une décision qui a fait bondir de colère tous les islamophobes, racistes et sexistes du pays. Une décision qui menace aujourd'hui l'existence de l'actuelle majorité gouvernementale. Pour rappel, celle-ci est composé des Socialistes, d'Ecolo, de Défi et des libéraux flamands (Open VLD). Les premiers, traditionnellement catalogués "à gauche", ne veulent pas que la STIB interjette appel. Les seconds, catalogués "à droite", l'exigent et en font une affaire d'opposition existentielle.
"Un arrêt mal construit"
En début de semaine, le commissaire Open Vld de l'Exécutif régional a suspendu la décision du Comité de gestion de la STIB de ne pas interjeter appel. Pour renvoyer le dossier bouillant sur la table du gouvernement bruxellois. Mais aucun accord ou compromis boiteux ne se profilent. Et pour cause ! Pour mieux saisir cet imbroglio typiquement belge, prenons la métaphore du promeneur. Lors de sa marche, celui-ci arrive à un carrefour, il lui faut donc choisir une direction et il lui sera "fort difficile" de tourner à droite et à gauche en même temps...
"Ce sont les administrateurs PS, Groen et Ecolo qui ont imposé de ne pas aller en appel", s'est insurgé François De Smet au micro de Bel RTL. S'abritant derrière le puissant avocat islamophobe Marc Uyttendael, le président de Défi assène que l'arrêt du Tribunal du travail est "mal construit et assimile toute politique de neutralité, quelle qu'elle soit, à de la discrimination". Décidément, lorsqu'il s'agit de citoyennes musulmanes, nombre de politiciens masculins se sentent soudain très libres de "commenter une décision de justice", bafouant ainsi la démocratique séparation des pouvoirs.
Pas d’accord gouvernemental possible
Interrogé ce matin sur La Première (RTBF), Rudi Vervoort, le ministre-président de la Région bruxelloise (PS), a justement rappelé que "si la question n'a pas été inscrite dans l'accord de majorité, ce n'est pas par distraction". Autrement dit, les partenaires sortis vainqueurs du résultat des élections régionales 2019 n'ont pas trouvé une possibilité de consensus entre eux sur le port de signes convictionnels (traduction : le foulard islamique) dans la fonction publique. "Un gouvernement fonctionne au consensus, ici, il n'y en a pas", a conclu Rudi Vervoort.
"Si nous n'arrivons pas à un accord, si on a l'impression que le principe de neutralité des services de l'État n'est pas au rendez-vous, nous devrons réévaluer notre participation", a finalement rétorqué François De Smet. Abandonnant sa traditionnelle bonhommie sur ce dossier précis, le président de Défi rajoute de l'huile sur le feu au sein d'un Exécutif régional dont les jours semblent comptés...