Agé d'à peine 20 ans, l'Italien afro-descendant a laissé une lettre dans laquelle il explique les motivations de son acte irréparable.

Seid Visin est mort. Le corps sans vie du jeune footballeur d'origine éthiopienne a été retrouvé, ce vendredi 4 juin, dans son appartement de Milan. On y a aussi retrouvé une lettre écrite signée de sa main. L'ancien pensionnaire du centre de formation du Milan AC, qui a également travaillé comme serveur, écrit ces mots : « J'ai pu trouver un travail que j'ai dû quitter. Car trop de gens, surtout les personnes âgées, refusaient d'être servis par moi et, comme si je me sentais déjà mal à l'aise, ils m'ont également désigné comme responsable du fait que beaucoup de jeunes Italiens (blancs) n'arrivent pas à trouver du travail. »

Charge raciale

Ne supportant plus la pression de la charge raciale italienne, Seid poursuit : « Où que j'aille, où que je sois, je sens le poids des regards sceptiques, des préjugés, dégoûtés et effrayés. Cela pèse sur mes épaules comme un rocherPourtant, je ne suis pas un immigré. J'ai été adopté comme un enfant. A l'époque, je me souviens que tout le monde m'aimait. Où que je sois, où que j'aille, tout le monde s'est tourné vers moi avec joie, respect et curiosité.»

Face à la situation qu'il endure, Seid finit par adopter le langage et les réflexes des négrophobes qui lui témoignent hostilité. « Quelque chose a changé en moi », raconte le jeune homme. « Comme si j'avais honte d'être noir, peur d'être pris pour un immigré. Comme si je devais prouver aux gens, qu'ils ne me connaissaient pas, que j'étais comme eux, que j'étais italien, blanc. J'ai donc fait aussi de mauvaises blagues sur les Noirs et les immigrés, comme pour souligner que je n'étais pas l'un d'entre eux.»

Poussé à se haïr lui-même

L'ex-joueur du Milan AC explique son changement d'attitude vis-à-vis des personnes d'origine africaine par « la haine envers les immigrés que je voyais dans les yeux des gens ».

Honteux d'observer sa propre perception changer et ne voyant pas d'issue au racisme structurel italien, c'est avec amertume que la rédaction de Cité 24 découvre la conclusion de sa lettre : « Je ne veux pas mendier de la commisération ou de la pitié. Mais seulement me rappeler que l'inconfort et la souffrance que je vis ne sont qu'une goutte d'eau par rapport à l'océan de souffrances que sont ceux qui préfèrent mourir plutôt que de mener une vie dans la misère. Ces gens qui risquent leur vie, et beaucoup l'ont déjà perdue ».

A petit feu ou lors d'une agression violente, dans tous les pays d'Europe : la négrophobie structurelle tue.