La joueuse de tennis Naomi Osaka a décidé de reverser aux victimes du séisme en Haïti la totalité des gains qu'elle gagnera durant le tournoi de Cincinnati. Une compétition qui s'est ouverte lundi avec une nouvelle crise de larmes de la tenniswomen, psychologiquement "sensible".

"Cela me fait vraiment mal de voir toute la dévastation en Haïti", a tweeté Naomi Osaka, le 15 août dernier. "Je m'apprête à participer à un tournoi cette semaine et je donnerai tous mes gains financiers aux efforts d'aide en Haïti [...] nous irons de l'avant", a renchérit la numéro 2 mondiale du tennis féminin.

Pour rappel, un séisme de magnitude 7,2 a frappé le sud-ouest d'Haïti le samedi 14 août, faisant, au dernier bilan, près de 1400 morts et plus de 5700 blessés. Une catastrophe qui ravive les souvenirs et plaies ouvertes du grand tremblement de terre de 2010 dans lequel avaient péri 230.000 personnes.

Née au Japon d'où est originaire sa mère, Naomi Osaka vit aux Etats-Unis depuis l'âge de trois ans. Son père, Léonard François, est originaire de Jacmel, une ville du sud-ouest d'Haïti, près de l'épicentre du séisme.

"Le sang de nos Ancêtres est fort"

Les départements de l'île caraïbéenne les plus affectés en nombre de décès sont le Sud (1054), les Nippes (122) et la Grand-Anse (119), selon la Protection civile haïtienne. Cela, sans compter les nombreux dégâts matériels.

Face à ce terrible bilan, la Japonaise a donc annoncé vouloir reverser ses prochains gains aux secours des victimes. « Je donnerai tout l’argent pour aider Haïti » a promis l’athlète, persuadée qu’Haïti surmontera cette nouvelle catastrophe et se relèvera des ruines. « Je sais que le sang de nos ancêtres est fort », a écrit la numéro 2 mondiale.

En mai dernier, on s'en souvient, Osaka s'était retirée de Roland-Garros après avoir refusé de venir en conférence de presse pour "préserver [sa] santé mentale". Un refus qui avait provoqué la colère des organisateurs du tournoi parisien comme celle de nombreux médias mainstream français, toujours "prompts" à l'introspection et la remise en question.

Le point de vue critique de Naomi

Fin juillet, dans une chronique pour Time, Naomi Osaka a réitéré que "le format des conférences de presse est dépassé et devrait être revu". "Mon intention n'était pas de lancer un appel à la révolte, mais plutôt d'avoir un point de vue critique sur la façon de travailler et demander ce qu'il est possible de mieux faire", a-t-elle ajouté.

Déclarant forfait pour Wimbledon, la joueuse de 23 ans a fait une pause, loin des courts de tennis. Pour mieux revenir aux Jeux olympiques de Tokyo. "La révélation pour moi a été d'aller aux Jeux olympiques, quand les athlètes sont venus me voir pour me dire qu'ils étaient très heureux de ce que j'avais fait", a estimé Osaka, en faisant référence à la polémique médiatique qu'elle avait déclenchée.

Nouvelle crise de larmes

Le tournoi de Cincinnati, qui s'est ouvert ce lundi jusqu'au 22 août, est la première compétition où l'athlète japonaise s'est reconfrontée aux questions de journalistes via Zoom. Naomi s'est donc fait violence mais a fini par craquer devant le ton acerbe d'un journaliste américain.

Interrogée sur son éloignement des médias qui... "servirait finalement ses intérêts", la jeune femme a insisté pour répondre : "Depuis que je suis jeune, il y a eu beaucoup d'intérêt médiatique autour de moi et c'est aussi bien en raison de mon histoire qu'en raison de la manière dont je joue. Mais je suis avant tout une joueuse de tennis. C'est pour cela que les gens s'intéressent à moi. Je ne peux rien faire sur le fait que ce que je dis ou fais génère des articles de presse."

Au moment de passer à la question suivante, elle a fondu en pleurs. Tentant de se cacher derrière sa casquette et essuyant ses larmes avec la manche de son pull, Naomi a dû faire une pause avant de pouvoir reprendre la conférence. Dans un communiqué, diffusé peu après, son agent, Stuart Duguid, a fustigé l'attitude d'un journaliste d'un média en particulier : "Le tyran du Cincinnati Enquirer [un quotidien local] est la raison pour laquelle les relations entre les joueurs et les médias sont si tendues en ce moment."