Ce 30 novembre, en soirée, avait lieu un Conseil communal de la Ville de Schaerbeek, à la maison communale de la place Collignon. Un des sujets qui allait être abordés était « Good Move », le nouveau plan de circulation automobile en Région de Bruxelles-Capitale qui a suscité beaucoup de contestations citoyenne. Il a aussi notamment eu du soutien de collectifs de cyclistes et piétons, bien que minoritaire.
Un journaliste de Cité24 était venu couvrir et rapporter ce Conseil communal en vidéo. Il en a été empêché par un policier, sans justification. « Je ne vous parle pas, Monsieur Cheffou », a-t-il déclaré, en disant « Je sais que vous n’avez pas de carte de presse » (bien qu'il lui en montrait une). C’est lorsque d’autres personnes autour s’en sont indignées qu’il a motivé son comportement par le fait que « la salle serait pleine ». Un argument qui n’a pas convaincu.
Il est du devoir de journaliste de couvrir des décisions politiques, lorsqu’elles sont prises, ainsi que des paroles citoyennes qui viennent défendre leur point de vue. Il y a tout cela dans un Conseil communal, avec les interpellations sur des sujets divers et variés et des réponses d’échevins ou de conseillers communaux. Intéressé par le sujet du nouveau plan de mobilité « Good Move », Cité24 s’est rendu sur place… mais s’est vu refuser l’accès à la séance du Conseil communal par un policier.
Empêché de rendre compte journalistiquement du Conseil communal
Ce 30 novembre, il était question du plan Good Move, qui avait bouleversé la circulation dans diverses communes de la Région de Bruxelles-Capitale, dont Schaerbeek. D’autres communes comme Forest, Saint-Gilles, Anderlecht et bien sûr le centre-ville bruxellois, avaient aussi vu naître des comités citoyens contestant ce plan Good Move (et parfois ironiquement surnommé "Bad Move"). Certains avaient même réussi à sa modification.
Cité24 était donc venu couvrir ce sujet, lors du Conseil communal de Schaerbeek. Il n’a pas été possible de le faire dans un premier temps. Un policier a tout simplement interdit l’entrée à notre journaliste, alors qu’il laissait passer d’autres personnes (notamment des documentalistes sans cartes de presse et non schaerbeekois). La scène a été filmée par les soins de notre média. « Je sais que vous n’avez pas de carte de presse, vous ne pouvez pas entrer ». Or, le Conseil communal, et c’est de notoriété publique, est ouvert à tous.
Plus grave encore a été le fait que le policier a mentionné nommément le journaliste de Cité24. « Je vous connais bien, Monsieur Cheffou », a-t-il déclaré. Surpris, l’intéressé a déclaré « Comment ? Vous m’appelez par mon nom ? ». La question est de savoir si ce n’était pas Fayçal Cheffou qui était spécifiquement visé par cette interdiction, en tout cas dans un premier temps.
« Mon nom est ici, vous pouvez déposer plainte »
Étant donné l’interdiction d’entrer dans l’enceinte de l’hôtel de Ville, le journaliste a déclaré qu’il allait déposer plainte pour cette entrave au droit fondamental d’informer.
En effet, l’article 11 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne sur la liberté d’expression et d’information ne laisse aucune ambiguïté sur ce point. Dans cet article, il est écrit : « Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontières ».
Pour l’agent de police filtrant les entrées, selon un critère manifestement flou, aucune réponse n’a pu être donnée face à cela. On voit, dans la vidéo de Cité24, qu’il n’a pu justifier l’interdiction par un argument de type légal.
Il a ensuite dit qu’il « ne répondrait plus » au journaliste. Il a donc choisi l’ignorance et a ainsi tourné le dos et prétexté qu’il était en train « de parler à des conseillers communaux » à présent, et qu’il n’avait plus le temps de débattre. Mais cela n’a pas duré très longtemps, avant qu’il reprenne la parole.
Du côté du journaliste, attaché à la Charte de Munich indiquant les missions de tout journaliste, la réponse du policier n’était pas convaincante. Il a insisté. Voyant que l’agent de police ne l’autoriserait pas à entrer, coûte que coûte, il a déclaré : « Je vais déposer plainte ». Ce à quoi le policier a répondu : « Vous pouvez déposer plainte, voici mon nom ! », se laissant filmer de près.
Changement d’attitude du policier, suite à l’indignation des témoins
C’est lorsque d’autres personnes, témoins de la scène qui avait cours, ont manifesté à l’égard du comportement de l’agent de police, qu’il s’est justifié. Ne sachant que dire, il a bredouillé l’argument qu’il y avait « trop de monde à l’intérieur et que le nombre de places est limité ». Selon lui, faire entrer trop de personnes ne permettrait pas la bonne tenue de la séance du Conseil communal. Or, d’autres personnes – et cela est visible – avaient pu entrer lorsque le journaliste de Cité24 était bloqué à l’entrée, demandant un motif à cela.
« Moi, aussi, je suis une citoyenne », a déclaré une femme (hors champ, dans la vidéo) au policier, quelque peu décontenancé soudainement. « Je suis conscient que Good Move vous tient à cœur, mais on ne peut pas faire entrer tout le monde. C’est aussi simple que cela ». C’est ce qu’il a finalement déclaré.
En conclusion, y a-t-il eu là un comportement arbitraire et sans fondement légal du policier ?
Le policier n’a pas mentionné un arrêté communal, ni aucune autre base juridique ou dispositif légal interdisant l’entrée à des citoyens.
Ce que l’on peut conclure, a priori et sans autre information donnée par l’agent de police sur place, c’est qu’arbitrairement, il a décidé de filtrer les personnes pouvant entrer. Il a d’abord prétendu qu’il fallait une carte de presse pour y entrer. Ensuite, voyant que d’autres personnes que le journaliste Fayçal Cheffou de Cité24, contestaient également son interdiction, il a sorti un autre argument. Celui de la capacité limitée de la salle et ne « pouvant accueillir tout le monde ». Ce revirement est interpellant.
Finalement, un conseiller communal a permis au journaliste Fayçal Cheffou de rentrer.
Il est à rappeler que la pétition citoyenne a réuni près de 2500 signatures, ce qui a mené à l'interpellation au Conseil communal de ce mercredi 30 novembre.
Ci-dessous la vidéo du Conseil communal.