Pas moins de 15 réfugiés mineurs d'âge ont été expulsés de leur logement de type "squat", le 23 septembre dernier. Ils y vivaient depuis juin 2020, en pleine crise du covid.
Depuis fin septembre, Moussa et les 14 autres jeunes vivent dans un hôtel social, seule solution pour disposer d'un toit. Toutefois, la préfecture de Gironde leur a posé un ultimatum. Soit ils s'engagent à rentrer dans leurs pays d'origine et sont autorisés à rester à l'hôtel social, soit ils se retrouvent à la rue. Cette proposition a été faite le 12 octobre. Elle n'a pas plu à Kabako, un collectif de défense des migrants à qui la proposition a été faite. Il l'a fait savoir. Cédric Herrou a de son côté interpellé le ministre Darmanin pour une affaire semblable près de Menton.
Ce 12 octobre dernier, la préfecture de Gironde, plus précisément de Bordeaux, a fait une proposition qui a choqué. Selon une information du média indépendant Streetpress. Elle était adressée à Kabako, collectif d'aide aux réfugiés, qui accompagnait Moussa, 16 ans, d'origine ivoirienne, et ses 14 camarades, tous mineurs d'âge.
Lorsqu'ils ont appris qu'ils devaient quitter les lieux séance tenante, ça a été l'étonnement et la stupeur.
Le jeune Moussa se souvient : « Les personnes de l’hôtel sont arrivées pour nous dire de quitter nos chambres endéans trente minutes ».
Un collectif de défense des réfugiés contre-attaque
La préfecture de Gironde a appelé le collectif pour annoncer sa proposition ce lundi soir .Le collectif Kabako – collectif bordelais aidant les mineurs étrangers – a tout de suite réagi.
En effet, la préfecture acceptait de prolonger leur hébergement et leur évite la rue, s’ils s’engagent à retourner dans leur pays d’origine. Une proposition indécente pour Kabako. « Par téléphone, la directrice du cabinet de la sous-préfecture nous a dit : “Ils seront hébergés dans un foyer s’ils acceptent l’aide au retour" ». Pour cela, il faut évidemment signer un papier. C'est ce qu'explique Claire, militante du collectif Kabako. Un ultimatum qui ne passe pas pour cette dernière. « C’est du gros foutage de gueule. La préfecture sait très bien qu’ils ne vont jamais accepter, ne serait-ce que l’idée d’un retour au pays. »
En outre, Maria, militante chez Kabako s'est indignée de l'ultimatum de la préfecture de Gironde. « C’est une proposition scandaleuse ! L’aide au retour est une aide qui est proposée uniquement aux adultes. »
Par ailleurs, elle a continué son propos. « Conditionner un hébergement avec l’acceptation d’une aide de retour volontaire sans tenir compte de la date d’audience pour le recours de ces jeunes. On n’avait jamais vu ça ».
« On a passé la journée dans la rue, avant que le collectif Kabako ne nous propose des logements pour quelques jours », a déclaré Moussa. Grâce aux bénévoles du collectif, les 15 jeunes ont trouvé refuge dans des hébergements solidaires.
Le collectif associatif a saisi le secrétariat d’État chargé de l’enfance ainsi que le Défenseur des droits.
Pas un cas unique
Par ailleurs, dans la région niçoise, le militant Cédric Herrou a rapporté une situation similaire. Ce dernier est bien connu pour son combat depuis plusieurs années pour l'accueil et l'hébergement des réfugiés.
"Ce matin, 2 Mineurs Non Accompagnés ont été renvoyés en Italie par la Police Nationale de Menton", a-t-il écrit sur sa page Facebook. "Le procureur de la République de Nice étant au courant car la procédure de placement avait été initié par la Gendarmerie nationale de Breil-Sur-Roya. Les documents ont été falsifiés par la Police de l'air et des frontières pour tromper la Police Italienne afin de renvoyer les adolescents. Gerald Darmanin quand respecterez vous le droit des étrangers ?". C'est ce qu'il a ajouté, très critique envers la politique française en la matière.