Dans les rues en effervescence de Bruxelles, la réalité ne peut plus être éludée. Tel un réveil brutal, la métropole s'effondre sous le poids de la précarité et de la pauvreté grandissante. Les cyclistes qui arpentent encore les rues de la capitale se heurtent à une question lancinante : pourquoi continuer à pédaler dans une ville où la misère explose ?
Les cris d'alarme résonnent dans les quartiers populaires à Bruxelles, de la Gare du Nord, à la Gare du Midi, là où la réalité brute ne peut plus être ignorée. Les associations de terrain crient à l'aide, les comités de quartier se lèvent enfin pour dire "assez". Mais il ne s'agit pas simplement d'une question de sécurité, c'est une crise politique profonde qui ébranle les fondements de Bruxelles.
Arnaud Verstraete, la voix du parti écologique néerlandophone Groen au Parlement bruxellois, dénonce haut et fort : la préoccupation pour la sécurité ne se cantonne pas à la droite. L'angoisse se fait sentir, et certains habitants sont au cœur de cette tempête, cherchant à se défendre avec des milices armées à la Gare du Nord, et des décisions populistes dictées par l'urgence à Saint-Josse.
Insécurité et pauvreté
Malheureusement, le taux de pauvreté à Bruxelles reste un défi majeur. Selon les données de Statbel, l'office belge de statistique, près de 20 % de la population bruxelloise vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette réalité alarmante souligne une profonde inégalité socio-économique qui persiste dans la région. Les quartiers populaires sont particulièrement touchés par cette crise, ce qui accentue encore davantage les enjeux liés à l'insécurité.
L'écart entre les différentes classes sociales est de plus en plus préoccupant à Bruxelles. Les quartiers populaires sont confrontés à un cercle vicieux où la pauvreté s'accompagne d'un manque d'accès à l'éducation de qualité, aux soins de santé adéquats et à des opportunités d'emploi stables. Selon une étude menée par l'Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, ces disparités sont exacerbées par la gentrification et les projets de rénovation urbaine tels que "Good Move", qui ne prend pas en compte les besoins réels des populations vulnérables.
La combinaison du taux élevé de pauvreté avec les politiques urbaines qui ne répondent pas adéquatement aux préoccupations des quartiers populaires crée un environnement propice à l'insécurité. Les résidents se sentent marginalisés et exclus, tandis que le désespoir et la frustration augmentent.
Les quartiers populaires victimes des projets urbains
Au-delà des apparences, l'anthropologue Martin Vander Elst met en lumière une vérité bien plus complexe. La philanthropie assistantielle, qui masque les fissures du libéralisme autoritaire, ne fait qu'accentuer la crise. Les problèmes ne peuvent plus être relégués à de simples nuisances, à du sans-abrisme ou à des assuétudes. Non, il s'agit d'une crise politique profonde qui exige une réponse politique audacieuse.
L'absence de régularisation des travailleurs sans-papiers, une politique défendue par la NVA, le MR et le CD&V et acceptée par Écolo/Groen, le PS, Vooruit, le VLD, plonge Bruxelles dans une nécropolitique insoutenable. Aucune campagne de régularisation n'a vue le jour depuis 2009, ça fait 14 ans. Les conséquences sont inévitables : la pauvreté, la précarité, et un cycle infernal de clandestinité, de drogue, de maladie mentale. C'est la triste récolte d'un accord gouvernemental qui ne fait qu'empirer la situation.
Les effets désastreux de la politique "écologiste" sur les communautés
Bruxelles paie le prix fort pour cette politique dévastatrice. Vander Elst pointe du doigt l'accord de gouvernement Vivaldi, mettant en évidence la pression nécropolitique qui s'exerce sur la capitale. Cette situation risque de se transformer en opportunité pour les libéraux autoritaires flamands, qui pourraient asphyxier Bruxelles jusqu'à ce que les Bruxellois eux-mêmes demandent de l'aide.
L'horizon s'assombrit à l'approche de 2024. La Belgique, divisée en quatre Régions, ne promet rien de bon pour la capitale en termes d'appauvrissement et de dégradation des services publics. La pauvreté risque de connaître une croissance exponentielle dans la capitale de l'Europe. Vander Elst appelle à un réveil collectif, à la construction d'un fédéralisme social et écologique, pour inverser la spirale néolibérale qui étouffe Bruxelles depuis trop longtemps. Une tâche herculéenne, certes, mais une nécessité impérieuse pour l'avenir de la ville et de ses habitants.