Le Codeco du 20 août devrait décider d'un bond en avant vers un certain retour à la liberté. Plusieurs assouplissements sanitaires sont en vue en Flandre et Wallonie mais Bruxelles pourrait rester "punie". Au principal motif de son faible taux de vaccination.

C'est, en résumé, le menu qui sera demain sur la table du Comité de concertation (Codeco). Ce 20 août, les Exécutifs fédéral et régionaux devraient vraisemblablement annoncer la levée d’une bonne partie des mesures sanitaires en vigueur. “Nous devons partir d’une page blanche et faire en sorte que les mesures correspondent à la réalité”, estime-t-on autour du 16, rue de la Loi.

Bruxelles restera-t-elle dans le viseur des restrictions ?

Bien que le nombre de nouvelles contaminations et hospitalisations au variant Delta augmente, les décideurs du Codeco vont probablement décider d'un large assouplissement des mesures sanitaires. Cela, à l'appui d'un taux de vaccination belge très élevé : plus de 66 % des 11 millions de Belges sont doublement vaccinés. Un pourcentage qui monterait à 80% en ne tenant compte que des citoyens adultes.

Pour autant, concernant cette couverture vaccinale, les disparités régionales continuent de se confirmer. Bruxelles reste considérée comme réfractaire ou résistante en matière de vaccination. Selon les dernières data officielles, seule 60% de la population adulte de la capitale serait entièrement vaccinée. Alors qu'en Flandre, ce serait quasi 90% des plus de 18 ans et 75% adultes de Wallonie. Par ailleurs, la capitale concentrerait un quart des infections et des hospitalisations, alors que seul un gros million de Belges et étrangers y résident.

Mais les fuites autour de la rue de la Loi vont toutes dans le même sens : l’heure est aux assouplissements. “Si un taux de vaccination de 90 % n’est pas suffisant pour assouplir autant que possible, alors quand pourrons-nous le faire ? ”, avance un ministre néerlandophone. Et le politicien de s'opposer à des règles sanitaires plus strictes pour la Région bruxelloise : “Cela causerait des problèmes dans la périphérie flamande ou wallonne”.

Vers un pass sanitaire à la belge ?

Malgré l'opposition du Premier ministre, Alexander De Croo, à l'instauration d'un pass sanitaire, il semble que le Covid Safe Ticket (CST) pourrait être élargi aux petits événements de moins de 1.500 visiteurs. A partir de quel nombre de participants, le CST deviendrait-il nécessaire ? La question devrait être tranchée ce vendredi.

Ce qui n'empêche des "fourchettes" de circuler : à partir de 200 personnes pour l'événementiel en lieux fermés et 400 personnes en extérieur. Ce "CST élargi" ne soulève pas l'enthousiasme du secteur culturel francophone. Pour plusieurs organisations représentatives du secteur, l’usage du ticket sanitaire ne devrait se faire qu’en dernier recours, pour viser une audience plus élevée. Celles-ci estiment également que tous les opérateurs ne pourront pas vérifier si leur public dispose bien du fameux CST.

Dans cette configuration, l'hypothèse d'un CST non-obligatoire est aussi sur la table. Si l’organisateur d'un évènement décide de s’en passer, les participants devront appliquer la bulle sanitaire et les gestes barrières. Seule certitude du moment : le CST ne pourra être requis pour les bars, les restaurants, les mariages ou les fêtes privées.

Libération des fêtes privées

Les réunions de famille, mariages, pendaisons de crémaillère ou soirées pourront bientôt se dérouler sans (trop de) règles. Il sera à nouveau permis de danser et la limite du nombre de contacts sociaux sera aussi probablement levée. Car, soulignons-le, jusqu'à aujourd'hui , chaque citoyen ne peut inviter que 8 personnes à son domicile. Apparemment, les responsable politiques du Codeco veulent desserrer l’étau sur la sphère privée.

Les discothèques risquent d'attendre encore

En revanche, danser dans les discothèques et autres bars de nuit pourrait faire partie du domaine où rien ne change : c'est niet ! Selon plusieurs sources, il serait prématuré de rouvrir les boîtes de nuit pour le 1er septembre. “C’est malheureux, mais nous avons vu cela aux Pays-Bas : si vous ouvrez des discothèques, vous êtes assuré d’avoir des foyers de contaminations”, a estimé Frank Vandenbroucke sur VTM. “Même si beaucoup sont vaccinés, il y a encore trop de gens qui ne le sont pas. C’est difficile pour ce secteur, mais je pense qu’il faut reporter leur réouverture, au moins, au 1er octobre", a ajouté le Ministre fédéral de la Santé.

Par ailleurs, il reste des tensions entre les partenaires des coalitions. D'un côté, les socialistes plaident pour rouvrir le secteur de la nuit en imposant le Covid Safe Ticket. De l'autre, les libéraux craignent qu'une telle mesure n'entraîne l’introduction du pass sanitaire dans les bars dansants... Pour rappel, cela fait un an et demi que les discothèques sont fermées en Belgique et 1 établissement sur 4 en menace de faire faillite.

Fini les fermetures changeantes dans l’Horeca

Dans le secteur de l'Horeca (Hôtels, café, restaurants), l’heure de fermeture a été modifiée à plusieurs reprises depuis la réouverture en mai dernier. D’abord : 22 h00 ; ensuite : minuit et demi ; et enfin : 01h00 du matin.

Une absurdie sanitaire qui doit désormais appartenir au passé, selon plusieurs membres du Codeco. “C'est certain, cette restriction sera levée, car de toute façon les fêtards se rassemblaient dans la rue ou chez d’autres personnes”, estime un autre ministre. Idem pour le nombre restreint de convives à table - officiellement limité à 8 personnes mais peu respecté dans les faits - qui sera très probablement abandonné.

Les Régions ne piloteront pas la gestion sanitaire avant octobre

La phase fédérale de gestion de crise ne se conclura pas ce vendredi, mais plutôt fin septembre, voire début octobre. Ce seront ensuite aux Régions de prendre les rênes des décisions concernant l'épidémie. En attendant, l’obligation de porter un masque ne sera probablement pas supprimée : l'objet sanitaire devrait rester requis pour toute déplacement dans un café, un restaurant ou un magasin.