Le président Jair Bolsonaro s'est à nouveau emporté, lors d’un point presse, en ordonnant à une journaliste de “la fermer” et traitant de “presse de merde” le groupe Globo, le plus grand conglomérat de médias du pays.
“La ferme! Vous êtes des salauds. Vous faites un journalisme pourri, qui ne sert à rien. Vous détruisez la famille brésilienne, la religion brésilienne”. C'est en ces termes très "fleuris" que le "Trump tropical" s'est adressé à une journaliste de TV Globo. Celle-ci avait eu "le tort" d'interroger le président du Brésil sur le port du masque, à l’issue d’une cérémonie militaire à Guaratingueta, dans l’Etat de Sao Paulo (Sud-Est).
Entre autres, la journaliste a rappelé à Jair Bolsanoro qu'il s’était vu infligé des amendes dans plusieurs États brésiliens pour avoir participé à des rassemblements sans masque. Cela, sur fond de recrudescence mortelle du Covid-19, largement due à une politique irresponsable et criminelle menée contre la pandémie. Avec plus de 500.000 morts depuis 2020, le géant de l'Amérique latine se place juste derrière le pays le plus endeuillé de la planète : les Etats-Unis.
“De la presse de merde”
“Je vais où je veux comme je veux, d’accord ? Si vous ne voulez pas porter de masque, n’en portez pas”, a enchaîné, hors de lui, le néofasciste Bolsonaro. Puis, joignant le geste à la parole, il a soudain retiré son masque : “Voilà, vous pouvez mettre ça dans votre journal télévisé: je ne porte pas de masque à Guaratingueta ! Tu es contente, maintenant ? ” Ce type de réaction présidentielle est devenue récurrente au pays du football et de la Samba.
Depuis le début de son mandat, en janvier 2019, lorsqu'il n'insulte pas les minorités non-blanches et LGBTI+, les femmes ou les Amérindiens, le dirigeant d’extrême-droite s’en prend aux médias. Et, de plus en plus souvent, au groupe Globo. Un conglomérat de médias privés pourtant peu éloigné de la ligne idéologique ultralibérale défendue par l'actuel président du Brésil. Mais ça, c'était avant le coronavirus et son hécatombe mortelle sans précédent...
“Globo, c’est de la presse de merde !", a poursuivi Bolsonaro "Ceux qui regardent [cette chaîne de télévision] sont victimes de désinformation. Vous devriez avoir honte”. “Ce n’est pas avec des cris ou de l’intolérance que le président va empêcher ou limiter le travail de la presse”, a répondu le groupe Globo dans un communiqué.
“Te fermer la gueule à coups de poing”
Par ailleurs, le président brésilien a aussi vertement critiqué la chaîne CNN Brasil. Selon lui, celle-ci aurait “fait l’éloge” des manifestations anti-Bolsonaro, qui se sont déroulées samedi et ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans toutes les grandes villes brésiliennes.
En totale cohérence avec ses convictions néofascistes, Jair Bolsonaro est un habitué de l'intimidation des journalistes. En août 2020, à un reporter du quotidien O Globo qui le questionnait sur des rumeurs de versements suspects sur le compte de son épouse, le président répondit : “J’ai envie de te fermer la gueule à coups de poing”.