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À l'aube, à peine la lumière du jour ne perce à travers les fenêtres grillagées du centre fermé de Holsbeek, situé en périphérie de Leuven. Ce lieu abrite une réalité souvent méconnue, une réalité qui rarement se dresse à la lumière. Holsbeek se distingue parmi les six centres fermés de Belgique, car il n'enferme que des femmes, privées de leur liberté en vue d'une éventuelle expulsion vers leur pays d'origine.

Le 16 août 2023, le silence oppressant des murs fut rompu par une découverte des plus troublantes au centre fermé de Holsbeek. D'après Getting the Voice Out, un collectif militant pour les droits des migrants en Belgique, une femme de 58 ans gisait inerte dans sa cellule. Les signes de sa détresse étaient flagrants, elle avait cessé de se nourrir depuis plusieurs jours, sans que personne ne perçoive son désespoir.

Une atmosphère de douleur muette s'empara du centre, interrompue seulement par les murmures des autres femmes détenues, désespérées de constater que leur compagne gisait, dans un état incertain, à quelques pas d'elles.

Cette scène déchirante allait déclencher une protestation puissante. Une vingtaine de femmes se rassemblèrent pour donner voix à leur colère et à leur désespoir. L'une d'entre elles fut mise à l'isolement, un geste muet d'oppression envers leur quête de justice. Selon Getting the Voice Out, la directrice ne quitta même pas son bureau pour entendre leurs revendications, indifférente à leur cri d'agonie.

Les atrocités derrière les barreaux

Les raisons de leur révolte sont multiples, comme autant de barreaux qui les retiennent. Elles dénoncent des conditions de vie insoutenables, mettant en lumière des toilettes déplorables et une hygiène précaire. Les repas insuffisants les affament, et les excédents sont jetés devant elles, comme un châtiment psychologique.

Les rations parfois avariées les rendent malades et vulnérables. Le manque de soins pour les plus fragiles est alarmant, certaines détenues présentant un état de santé inquiétant.

L'administration de médicaments inappropriés et hors des horaires adéquats exacerbe leur souffrance, tout comme la présence d'une femme enceinte dans ce lieu inhospitalier. Les détentions administratives, parfois de plusieurs mois, ressemblent à une punition injuste et interminable, sans compter l'opacité des décisions d'expulsion ou de libération, qui semble arbitraire.

"Aidez-nous. On a besoin de votre aide"

"Aidez-nous. On a besoin de votre aide", implorent-elles. "Nous sommes ici comme des animaux, mais en Belgique, même les animaux ont des droits." Leur cri désespéré se heurte aux murs sourds du silence institutionnel. Leurs smartphones, confisqués à l'entrée, les privent de la possibilité de documenter les injustices et les mauvais traitements subis. "On parle, on pleure, on crie... Mais à la fin, on est toujours en prison."

Getting the Voice Out réclame la cessation de toutes les formes de détention et la liberté de mouvement pour tous. Pour y parvenir, il est impératif d'écouter les témoignages poignants des détenues, qui restent méconnues dans l'obscurité, espérant que leur appel brise enfin le silence qui plane sur les murs de Holsbeek.

Cette triste réalité évoque des similitudes avec le film "Illégal", qui met en lumière la politique d'expulsion brutale en Belgique.