Makan Kebe a sorti un livre, titré "Arrête-toi". Il y raconte ce qu'il a eu à subir face à la police. Sa mère, elle, a été éborgnée. Cela s'est produit le 25 juin 2013 à Villemomble en banlieue parisienne. Dans une interview au média indépendant Streetpress, il s'est confié face caméra.
Cette histoire remonte bien avant le mouvement des Gilets Jaunes. Ce mouvement a mis en lumière l'usage des éborgnements au LBD et des grenades de désencerclement en France, par la police. Ici, nous sommes le 25 juin 2013, soit quelques années auparavant.
La phrase d'un policier l'a marqué ce jour-là. C'est "Arrête-toi". Il en a fait le titre de son livre. Il y raconte son vécu à Villemomble mais aussi l'après.
La police le violente juste après sa sortie du travail
Makan Kebe avait terminé sa journée de travail, ce jour de début d'été 2013. À proximité de son domicile, il a vu un certain nombre de policiers courir vers lui et lui donner immédiatement un coup, a-t-il dit à Streetpress. "Je ne m'y attendais pas, c'est la première fois que cela m'arrivait."
Très vite, il en a reçu un deuxième et bien d'autres. "J'ai tenté de me dégager en disant 'J'ai rien fait'", explique Makan Kebe.
Comme la violence policière avait lieu en bas de chez lui, son frère qui voyait ça est descendu. "Il est venu vers moi, et a reçu lui aussi quelques coups à l'arcade sourcilière."
Makan a entendu une détonation dans son dos et s'est imaginé que cela aurait pu toucher son frère, voire de le tuer. Puis, il a été emmené au poste de police et mis en garde à vue pour "rébellion". Son frère l'a rejoint également. Makan Kebe y est resté 72 heures.
Sa mère perd un oeil
Alors qu'il était en cellule avec son frère, il a vu un article du Parisien qui parlait de son histoire. Il y était dit que sa mère de 54 ans avait perdu un oeil. "Je ne pouvais pas croire ce que je lisais", dit Makan dans l'interview de Streetpress.
Libéré, il a été voir sa mère à l'hôpital. "J'admire le calme qu'elle avait, bien qu'elle ait juste été amputée d'un oeil."
En fait, juste après l'arrestation de Makan, elle est descendue. Sur les images vidéo, on voit un petit regroupement. Puis, des déflagrations. "On voit alors ma mère couchée au sol", explique Makan.
L'intervention de la police était à la base pour faire stopper un rodéo sauvage dans le quartier. "Ils avaient reçu des jets de pierre, certes, je ne l'occulte pas". Mais pour Makan, cela ne peut pas empêcher que justice soit faite. "Il y a bien d'autres victimes de violences policières, mais je veux qu'on se souvienne que cette histoire a bouleversé une famille."
Les policiers acquittés
Il termine l'interview en disant : "J'ai écrit ce livre pour dire qu'on continuera à se battre". En effet, malgré leur plainte et leurs témoignages, la justice a acquitté en mars 2020 les deux policiers poursuivis.
La Cour d'assises a estimé qu'il y avait légitime défense pour l'un d'eux et état de nécessité pour l'autre.