Selon un nouveau bilan, le terrible séisme qui vient d'éprouver Haïti a fait près de 1400 morts, 5700 blessés et plusieurs milliers de sans abri dans le sud-ouest de l'île. Alors qu'une tempête tropicale est annoncée pour la nuit de lundi, la recherche des disparus ou des bloqués sous les décombres se poursuit.
Sur fond de répliques du tremblement de terre, les secours haïtiens se sont mobilisés ce dimanche pour retrouver des survivants. L'AFP a pu constaté que nombre d’engins lourds, camions et tractopelles s’activaient pour déplacer des dalles de béton des bâtiments effondrés dans la ville des Cayes, près de l’épicentre du séisme, à un peu plus de 150 km de la capitale Port-au-Prince.
Etat inexistant
Pour rappel, un nouveau séisme a ravagé le sud-ouest d’Haïti, samedi 14 août à 08h29, avec une magnitude de 7,2. La puissance du tremblement de terre a été similaire a celle qui avait tué 230.000 Haïtiens en 2010 et dont l’épicentre était près de Port-au-Prince. Dimanche soir, la protection civile haïtienne a dressé un bilan provisoire qui fait état de 1.297 morts... D'un point de vue matériel, ce serait près de 30.000 maisons qui auraient été détruites ou endommagées.
"Le peuple haïtien est courageux, mais c'est vrai que son état d'esprit est fortement atteint. Les gens commencent à se décourager, car personne ne prend soin d'eux avec un État inexistant. Ce séisme, c'est une crise dans la crise. Ils vivent déjà dans un contexte d'insécurité aiguë depuis presque deux ans, sont habitués à la violence d'État, mais n'avaient jamais connu celle des milices et des gangs qui ne cessent de s'accroître jusqu’à assassiner le président Jovenel Moïse, le 7 juillet dernier", a estimé Josette Bruffaerts-Thomas, présidente de l'association Haïti Futur, au micro de LCI.
L'île éternellement meurtrie
"On se demande ce qu’on a pu faire au Bon Dieu", a soupiré pour sa part Yvanka Jolicoeur Brutus, ex-maire de Pétionville, située en banlieue de Port-au-Prince. Elle a témoigné aux médias canadiens comment les nombreux et terribles dégâts ravivent les images de 2010 dans tous les esprits.
Il y a 11 ans, le séisme du 12 janvier 2010 avait dévasté la capitale haïtienne et plusieurs villes de province. 230.000 personnes avaient été tuées, plus de 300.000 blessées et plus d’un million et demi d’Haïtiens s’étaient retrouvés sans maison. Haïti ne s'est jamais vraiment relevé de cette catastrophe et les efforts des personnes de bonne volonté ont régulièrement été sabotés par le chaos, la corruption et l'instabilité politiques. Depuis, l’île des Caraïbes demeure frappée par une violente crise sociopolitique, un banditisme structurel et une absence de gouvernance catastrophique.
Appels à une solidarité sans corruption
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau - dont le pays compte une importante communauté haïtienne vivant à Montréal (Québec) -, a tweeté un message de solidarité : " Toutes les personnes touchées par le tremblement de terre dévastateur en Haïti sont dans les pensées des Canadiens. Nous sommes de tout cœur avec ceux qui ont perdu des proches et ceux qui sont blessés et nous sommes prêts à apporter notre aide de toutes les façons possibles."
Une solidarité internationale d'autant plus urgente que les rares hôpitaux de la région touchée sont déjà saturés. "Nous sommes dépassés par la situation et avons besoin d'aide", a lancé Arcérius Améthyste, l’administrateur de l’Hôpital Immaculé Conception des Cayes.
A Montréal, la communauté haïtienne est à pied d'oeuvre pour venir en aide à la population sinistrée. Mais elle souhaite absolument éviter les détournements de dons sur place. "On fait des appels pour mieux aider dans le contexte politique actuel où il y a beaucoup de corruption", a expliqué Frantz André, porte-parole de Solidarité Québec-Haïti. Et l'activiste de rappeler les montant colossaux jamais parvenus à Haïti après le séisme de 2010 : "Nous ne voulons pas que ce soit comme en 2010, que Haïti devienne la capitale des ONG et que l’argent n’aille pas aider la population".
Après le séisme, la tempête ?
En outre, les efforts pour secourir les survivants et aider les victimes pourraient être gravement entravés par l’approche d'une tempête tropicale, selon les prévisions météorologiques. En d'autres termes, la forte dépression, baptisée "Grace", risque de provoquer pluies torrentielles, inondations rapides et glissements de terrain... Grace est attendue dans la nuit de ce lundi à mardi et le pays a été placé en vigilance renforcée.