Sur LN24, la sociologue Véronique Clette-Gakuba a défendu la nécessité d'une nouvelle législation pour restituer les œuvres et objets d'art africains volés et toujours présents dans nos musées. Voici sa réaction au sortir d'un débat télévisé plutôt houleux.
Ce jeudi 3 mai, j'étais invitée sur LN 24 pour débattre d'un projet de cadre légal favorable à la restitution des oeuvres et objets d'art pillés sous la colonisation belge. Un débat organisé en compagnie de Michel Draguet, directeur des musées royaux. Celui-ci fait partie du lobby anti-restitution et a donc décrété : "Ce projet, c'est du vent ! La colonisation, contrairement à la Shoah, n'a pas de base juridique pour pouvoir dire "Crime contre l'humanité".
Devoir de restitution et de réparation
Michel Draguet a cru pouvoir tenir cet argument en disant que ce projet n'émanait pas du Musée Royal de l'Afrique Centrale (genre "on a des sciences coloniales, madame, veuillez vous y référer." ) Sauf que, déjà là, il se trompait, ne sentant pas le changement, ignorant que ce projet émane de chercheurs du Musée de Tervuren (MRAC). Une démarche positive qui mobilise des chercheurs engagés dont j'aime beaucoup le travail, tel celui de Sarah Van Beurden.
Pour autant, j'estime qu'en l'état, la proposition de cadre légal est un peu timide. Celle-ci n'est pas encore assez ancrée dans la reconnaissance d'un devoir nécessaire de réparation (parce que crime - passible donc de comparution au Pénal ET de vouloir dire, en théorie, que tous les objets sont "restituables" - signifiant le renversement de la charge de la preuve - soit à l'Etat belge de prouver que le bien fut acquis dans le cadre d'un échange équitable). Ce dernier point rejoint précisément ce que propose le rapport Sarr - Savoy (un document remis au Président français Emmanuel Macron et que, durant notre débat, Michel Draguet a balayé du revers de la main)...
Une lutte pluridisciplinaire
En Belgique, la réflexion sur la restitution a réémergé récemment grâce au travail associatif afro-descendant assidu de l'association Bamko, de celui, tout aussi assidu, de Martin Vander Elst, du groupe des six, notamment Anne Wetsi Mpoma (leur analyse des asymétries dans le rapport entre diasporas africaines et musée de Tervuren) ou encore celui du journaliste d'enquêtes Michel Bouffioux, auteur d'une série d'articles sur la restitution publiés dans Paris-Match Belgique.
Du coup, espérons que ce travail activiste-chercheur-journalistique puisse nourrir encore les propositions de ce collectif de chercheurs indépendants.
A suivre.
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On va les rendre puis les états voleur d Afrique vont les vendre au privé que des ripoux en Afrique
Quand j’ai offert un vélo à mon petit-fils, il pouvait en faire comme bon lui semble, c’est son vélo. Par contre celui qui lui a volé ce vélo, n’a aucun droit, c’est un voleur qui mérite son châtiment…