En France, l'Assemblée nationale examinera ce mercredi 31 mars en commission une proposition de loi sur la fin de vie, l'Espagne vient d’autoriser l'euthanasie et le Portugal s'en approche. Des signes de changement se font par ailleurs sentir dans des pays jusqu'ici assez réfractaires, comme l'Irlande, par exemple. D'autres encore y sont tout à fait opposés, comme l'Italie ou la Pologne, où l'euthanasie reste illégale et répréhensible.

L'euthanasie ou "suicide assisté" des personnes en fin de vie fait toujours débat en France. Si le Sénat français vient de rejeter, le 11 mars dernier, une proposition de loi socialiste sur l'euthanasie, plusieurs autres textes sont attendus à l'Assemblée nationale. La commission des Affaires sociales doit ainsi examiner mercredi une proposition de loi "donnant le droit à une fin de vie libre et choisie", avant un débat prévu dans l'hémicycle le 8 avril.

Les pays européens qui l'autorisent

Au sein de l'Europe, cinq pays ont déjà adopté des lois autorisant l'administration d'un médicament provoquant la mort. Le dernier en date est l'Espagne. Ce pays a légalisé l’euthanasie le 18 mars, il y a quelques jours à peine. Mais d'autres, l'avaient déjà adopté depuis longtemps.

Le Pays-Bas sont le premier membre de l'Union européenne à avoir légalisé l'euthanasie. C'était en 2001. Ils ont été suivis dans cette voie par la Belgique en 2002, puis par le Luxembourg en 2009. Toutefois, dans ces trois pays, un ou plusieurs médecins doivent émettre un avis favorable à la démarche. Pour avoir droit à une aide active pour mourir, le patient doit se trouver dans une situation médicale "sans issue" et doit être encore en pleine possession de ses moyens. Il y a donc ce qu'on appelle des "garde-fous".

En Suisse, où on ne parle pas d'euthanasie, mais de "suicide assisté". Elle l'a dépénalisé au début du XXème siècle, ce qui fait de ce pays un précurseur, en la matière. La Suisse a dépénalisé l'euthanasie en même temps que le suicide stricto sensu.

Ceux qui acceptent l'euthanasie "passive"

Certains autres pays européens autorisent l'interruption du dispositif médical de maintien en vie, dite "euthanasie passive". C'est le cas aujourd'hui de la France, où le patient a le droit à la "sédation profonde et continue" jusqu'au décès. Il y a aussi des conditions strictes. Il doit être atteint d'une "affection grave et incurable" ou avoir son "pronostic vital engagé à court terme". Ou encore s'il présente une "souffrance réfractaire aux traitements".

La Suède, l'Allemagne, l'Autriche et la Norvège tolèrent aussi l'euthanasie passive à la demande du malade. En Norvège, celle-ci peut se faire à la demande d'un proche, si le patient est inconscient, par exemple.

Ceux qui en discutent : Espagne et Portugal

En Espagne, une loi autorisant l’euthanasie entrera en vigueur en juin. Le Parlement a approuvé le texte le 18 mars par une large majorité de 202 députés sur 350, grâce aux voix de la gauche et du centre. À l'annonce du décompte, une partie de l'hémicycle a longuement applaudi ce vote historique.

En janvier dernier, le Parlement portugais avait lui aussi adopté une loi autorisant "la mort médicalement assistée" pour tout Portugais résidant dans le pays et se trouvant "dans une situation de souffrance extrême, présentant des lésions irréversibles" ou atteint d'"une maladie incurable". Mais la Cour constitutionnelle a retoqué le texte le 15 mars. La plus haute instance judiciaire du pays avait été saisie par le président portugais, un conservateur fraîchement réélu.

Ceux qui l'interdisent toujours

Ailleurs en Europe une évolution se fait sentir. En Italie, l'euthanasie est interdite et punie par la loi par des peines allant de cinq à douze ans de prison. Pourtant, la Cour constitutionnelle s'est elle aussi attaquée au sujet en dépénalisant, en septembre 2019, le suicide assisté sous strictes conditions.

La Pologne est fortement opposée à cette pratique également. En Irlande, des parlementaires se sont prononcés favorables à une révision de l'interdiction, bien que ce pays soit très catholique.