En Europe, le nombre de sans-abris est bien inférieur au nombre de logements vides. Bruxelles ne fait pas exception à la règle. Il y aurait donc de quoi les loger dignement dans l'instant. Or, ce n'est pas ce qui est constaté, puisque le nombre de sans-abris est au contraire en train de croître. C'est la raison pour laquelle des collectifs et des associations ont été créés afin de mener des actions et de revendiquer le droit au logement pour tous et pour toutes. Parmi ces actions, la campagne "Réquisitions solidaires" qui a débuté par l'occupation d'un bâtiment vide ce 15 janvier.

Le 5 novembre 2018, la Strada, centre d'appui au secteur bruxellois d'aide aux sans-abris, avait réalisé une opération de dénombrement des sans-abris (ou mal logés) dans la capitale belge. Résultat : ils étaient 4 187 à se trouver dans cette situation alors que la saison hivernale approchait. Si on ajoutait la région wallonne, cela faisait un peu moins de 20.000 personnes.

Logement pour tou-te-s

Bruxelles a ainsi vu le nombre de ses sans-abris quadrupler en dix ans à peine. La situation n'est pas acceptable pour beaucoup de citoyen-ne-s dont certains se sont engagés dans la lutte pour le logement pour tou-te-s. C'est dans cette logique qu'a été lancée la campagne "Réquisitions solidaires", dont la première action a été l'occupation d'un bâtiment vide de 6936 mètres carrés.

Le bâtiment à présent occupé est celui où se trouvait auparavant un concessionnaire automobile d'Opel. Il est situé au 552 de la chaussée de Gand, à Molenbeek, à l'ouest de Bruxelles. "L'objectif est d'y reloger une partie des 200 personnes qui sont sur le point de se faire expulser de chez elles, à Jette", expliquent sur Facebook les militant-e-s qui ont lancé l'action.

Visibiliser le problème des SDF et des logements vides

La campagne "Réquisitions solidaires" veut, comme elle l'explique elle-même, "visibiliser cette réponse solidaire et auto-organisée, tout en réfutant l’idée que cela constitue une solution structurelle et suffisante".

Les militant-e-s rappellent un point central pour eux : "C’est aux pouvoirs publics d’en faire une priorité". Ils dénoncent un manque d'action politique et ajoutent : "Nous demandons la fin de la criminalisation des occupations et du squat, la réquisition publique de bâtiments vides, la fin des expulsions et surtout des moyens pour assurer des logements dignes pour toutes et tous. Cela doit notamment se traduire par une accélération de la production de logements sociaux et un encadrement des loyers sur le marché privé (...)".

Mise en lien avec la politique migratoire

Pour les militant-e-s de la campagne "Réquisitions solidaires", la question du sans-abrisme est à mettre en lien avec la politique migratoire au niveau belge et européen. Nombre de ces demandeurs de logements sont en effet des sans-papiers.

"Nous dénonçons également la politique migratoire actuelle, elle aussi responsable de la précarité de nombreuses personnes, sans-papiers et migrant·e·s en transit", disent-ils. "La crise du covid ralentit le temps d'attente d'accès à un logement."

En outre, les militant-e-s de la campagne demandent "la régularisation des personnes sans-papiers, l'ouverture des frontières, la libre circulation, la fermeture des centres fermés et la création de voies migratoires sûres et légales".