Le président Macron a annoncé lundi soir sa volonté de vacciner tous les français. Avec des sanctions à la clé pour les réfractaires. Si la liberté de choix face au vaccin reste de mise en France, l'obligation vaccinale partielle et la pression à se faire vacciner sont de plus en plus fortes. Macron a aussi confirmé la poursuite de ses réformes néolibérales - très contestées - contre les retraités, les chômeurs et les jeunes.
"L'été de mobilisation" vaccinal que le président Macron a appelé, hier soir, de ses voeux risque surtout d'être celui de toutes les manifs et contestations sociales dans les semaines à venir...
Face à une remontée des contaminations Covid attribuée au variant Delta, le président français a remis son treillis de guerre pour appeler ses compatriotes à se faire vacciner pendant l'été. Voici les principales mesures de son allocution télévisée, sachant que celles-ci sont souvent scrutées, au mot près, par les Autorités belges.
Vaccination obligatoire pour les soignants et non-soignants
Estimant que, dès le mois d'août, les hôpitaux français seront à nouveau submergés à cause de la progression rapide du variant Delta, Emmanuel Macron affirme que « pour nous protéger, nous devons aller vers la vaccination de tous les Français, c’est le seul chemin vers le retour à la vie normale. Dans un premier, pour les personnels soignants et non-soignants, tous ceux qui travaillent en contact des personnes âgées ou fragiles, la vaccination sera rendue obligatoire sans attendre. Ils auront jusqu’au 15 septembre pour se faire vacciner. A partir de cette date, des contrôles seront opérés et des sanctions pourront être prises.
Les mots choisis sont sans ambiguïté. La France va donc instaurer une obligation vaccinale pour les personnels soignants et non soignants des hôpitaux (cliniques, Ephad et maisons de retraite) ainsi que pour les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées (y compris à domicile). Pour débusquer les réfractaires, contrôles et sanctions seront appliqués dès le 15 septembre prochain.
Sachant qu'il existe une grande résistance ou scepticisme à se faire vacciner parmi les personnels soignants français, le ministre de la Santé, Olivier Véran a ajouté que, dès le 15 septembre, les soignants non vaccinés "ne pourront plus travailler et ne seront plus payés".
Le passe ou l'outil de l'apartheid sanitaire
Emmanuel Macron a également annoncé que, le 21 juillet, "le pass sanitaire sera étendu aux lieux de loisirs et de culture. Pour tous nos compatriotes de plus de 12 ans, il faudra être vacciné ou disposer d’un test PCR récent pour accéder à un spectacle, à un concert ou à un parc d’attractions". Dès que ces lieux rassemblent 50 personnes.
Ensuite, début août, le passe sanitaire "s’appliquera dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, les hôpitaux, les avions, trains, les cars, les maisons de retraite. Seuls les vaccinés ou testés négatifs pourront accéder à ces lieux. Nous réfléchirons à étendre à d’autres lieux et activités ce pass sanitaire. Cet automne, les tests PCR seront rendus payants sauf prescription médicale." En attendant, ce sont bien les cafés, restaurants, centres commerciaux, avions, trains, cars longs trajets et établissements médicaux qui nécessitent la détention du passe sanitaire pour y accéder.
Pout tenter de faire passer la pilule, le président français a précisé : "Vous l’avez compris, la vaccination n’est pas obligatoire pour tous, mais nous allons étendre le passe sanitaire pour pousser le maximum d’entre vous à aller vous faire vacciner." S’il ne s’y résout pas encore, le gouvernement français pourrait rendre la vaccination contre la Covid-19 obligatoire pour toutes et tous. Via un dispositif légal. Avec à la clé des sanctions pénales ou des interdictions d’accéder à certains lieux.
Etat d'urgence continuel
Passer à la vaccination obligatoire et généralisée, Emmannuel Macron n'en fait pas mystère : « la question de la vaccination obligatoire pour tous les Français devra sans doute être posée. Mais je fais le choix de la confiance et j’appelle tous nos concitoyens non vaccinés à se faire vacciner dès aujourd’hui. Près de chez vous, sur votre lieu de vacances, avec ou sans rendez-vous, faites-vous vacciner. C’est la seule façon de vous protéger et de protéger les autres. »•
Parallèlement, le président a annoncé "l'État d’urgence sanitaire", ce qui implique le rétablissement du couvre-feu en Martinique et à La Réunion, des campagnes de vaccination dans les établissements scolaires à la rentrée ainsi qu'une campagne de rappel, début septembre, pour les vaccinés de janvier et février.
Obsessions néolibérales
Puisqu'il n'y a pas que la Covid et le variant Delta dans la vie, Macron a aussi promis que sa réforme des retraites s'appliquera « dès que les conditions sanitaires seront réunies. » Très contestée, mise au frigo depuis le mouvement des gilets jaunes suivi de la crise sanitaire, cette réforme consiste à supprimer les régimes spéciaux et à retarder le départ à la pension. Sans donner de limite d'âge précise, Macron a jugé que "l'âge de départ doit être plus tardif ». Le président a également annoncé que "toute retraite, pour une carrière complète, devra être supérieure à 1000 euros par mois."
Assurant que la réforme de l’assurance-chômage sera "pleinement mise en œuvre" le 1er octobre, car le gouvernement lancera, dès la rentrée, "un plan massif de formation et de requalification des chômeurs de longue durée", Macron a aussi promis " un revenu d’engagement" pour les jeunes sans emploi ou formation. Sans en préciser le montant, le détail ou la fréquence. Enfin, pour "bâtir la France de 2030", Macron annonce "un plan d’investissement" qui devrait, selon lui, faire "émerger, en France et en Europe, les champions de demain qui, dans les domaines du numérique, de l'industrie verte, des bio-technologies ou de l'agriculture, dessineront notre avenir".
Pas sûr du tout que ce catalogue d'intentions néolibérales soit au goût d'une majorité de français, lessivés et paupérisés par bientôt deux années de crise et de restrictions dont ils peinent, toujours, à voir le bout du tunnel.