Depuis cet été, des critiques se sont fait entendre sur la toile à l’encontre d’un certain nombre d’influenceurs » ou d’influenceuses. Ce qu’on leur reproche ? Ni plus ni moins d’arnaquer les followers de leurs communautés respectives.
C’est en effet comme cela qu’ils ou elles sont parfois qualifié-e-s. Parmi les influenceurs/euses pointé-e-s du doigt, on peut citer Adixia ou Maya Niiya. Celles-ci ont fait de la pub pour des fournisseurs douteux voire des produits (souvent cosmétiques) « de contrefaçon » selon certains internautes. Ces procédés vont au-delà de cette sphère. D’autres personnalités (parfois engagées politiquement) lancent, pour leur part, des cagnottes par la stratégie du « tirage de tapis » (ou « rug pull » en anglais).
On entend de plus en plus parler des arnaques sur internet. Souvent, elles sont le fait d’inconnus qui prétendent vendre ou acheter un produit sur des sites de vente en ligne (Market Place, Vinted, Le Bon Coin, etc.). Ils en profitent pour soutirer de l’argent sous divers prétextes. Ce dont on parle moins, en revanche, c’est le cas des personnalités publiques qui « profitent » de leur large communauté pour se faire des bénéfices personnels via elle.
Il existe plusieurs manières de procéder, mais l’invitation auprès de leur communauté à l’achat de fournisseurs ou de marques spécifiques est une corde souvent utilisée par les influenceuses (cosmétiques, principalement). Les « influenceurs » politiques ou « citoyens », pour leur part, fonctionnent plutôt avec la stratégie de la cagnotte.
Pratiques de plusieurs influenceuses
Ces pratiques ont été, cet été 2022, dénoncées par divers lanceurs d'alerte sur les réseaux sociaux.
Maya Niiya, sur le réseau social Instagram, s’adressait à ses followers intéressés d’avoir des vêtements de marque moins chers. Elle citait par exemple la marque Gucci. Maya Niiya invitait sa communauté à cliquer sur un lien mis en barre d’info sous sa vidéo « pour les avoir acheter moins cher ». De plus, elle leur fournissait un « code promo » qui permettait de les avoir encore moins chers, grâce à une réduction de 10% sur le prix de vente. Elle ne précisait bien sûr pas qui était le vendeur en question, manifestement son partenaire commercial.
Elle n’est pas la seule. On peut également citer l’influenceuse Adixia qui en faisait de même.
Réponses des concernées
Certaines de ces influenceuses ont tenu à réagir, chacune à leur manière. On peut encore là citer Adixia. Celle-ci a décidé d’arrêter de vendre ou de pousser à l’achat ses abonnés vers des produits « qu’elle n’aurait pas testés au préalable » et dont elle n’aurait pas validé la qualité. Adixia a fait savoir que « c’est terminé de vous faire acheter des produits pour lesquels vous ne recevez pas vos commandes ».
Des pratiques condamnables
Une autre influenceuse, Sarah Fraisou, a réagi d’une manière tout autre et un peu plus « en colère » face aux accusations d’arnaquer ses fans. Sarah Fraisou a ainsi déclaré : « Les amis, si vous voulez des produits qui mettent deux mois à arriver, commandez-les sur les sites chinois ! Moi, je dis ce qui est vrai ! ». Elle a ajouté : « Les codes promo que je vous envoie sont des valeurs sûres de produits avec qui je collabore depuis des années ». Sarah Fraisou s’en est prise à ses abonnés qui ont critiqué ses pratiques douteuses. Elle leur a dit d’aller voir eux mêmes, énervée : « Va commander sur Ali Express, on verra si tu vas le recevoir ». Son axe de défense a donc été le retournement de situation en prenant à parti ces followers suspicieux et critiques à son égard.
Ces pratiques peuvent aller jusqu’à des poursuites judiciaires, voire des condamnations. En juillet 2021, l'influenceuse et icône de la téléréalité Nabilla a été condamnée à une amende de 20.000 euros. Elle avait promu des services boursiers sur Snapchat sans mentionner un partenariat.
La stratégie du « tirage de tapis »
Les influenceuses ne sont pas les seules à être dénoncées. Il y a également un autre pan de créateurs de contenu vidéos en ligne qui se trouvent aussi en ligne de mire des critiques sur les réseaux sociaux. Il s’agit des plateformes propagandistes se déclarant « citoyennes » ou critiques envers le système politique et médiatique « officiel ».
Ceux-ci fonctionnent plutôt avec le système de cagnottes, d’appels aux dons. Ils poussent à l’achat, à proprement parler, en les incitant à acheter des cadeaux publicitaires, comme c'est le cas avec le média complotiste Kairos.
Le moyen par lequel ces médiateurs des réseaux sociaux invitent leurs followers a été théorisé.
Il s’agit là d’une autre pratique que celle utilisée par Maya Niiya, par exemple. En effet, la stratégie du « tirage de tapis » (ou « rug pull » en anglais) fonctionne d’une manière quelque peu différente.
« Le rug pull est une escroquerie qui consiste à lever des fonds sur des projets fantômes et à retirer le pactole au dernier moment ». C’est ce qu’a expliqué Jocelyn Ziegler, avocat au cabinet Ziegler et Associés. Le "média" Vécu, spécialement sur les réseaux sociaux en France et à Bruxelles, a été critiqué par de faits de rug pull, recourant notamment à des thèses complotistes à tout bout de champ.
Réactions sur les réseaux sociaux
Les justifications des influenceurs et influenceuses ne semblent pas convaincre tout le monde. On a pu lire, par exemple : « De toute façon, il ne faut pas se leurrer les influenceurs et influenceuses se font du pognon sur votre dos, je sais pas pourquoi les gens écoutent ces influenceuses qui servent à rien ». C’est ce qu’a écrit un internaute à propos de la vidéo de Sarah Fraisou. Un autre a contesté les dires de cette dernière : « J'ai toujours acheté chez Ali Express et j'ai toujours reçu mes colis et à des prix doux (…) vous n'êtes que des arnaqueurs ».
Pour ce qui est des médias « citoyens », Mike Rambo a été critiqué par Olga Vasilyev qui épingle régulièrement les arnaques en ligne. Elle l’avait qualifié de « Mister Cagnotte ». Vincent Flibustier, fondateur du site parodique Nordpresse, met aussi en lumière les influenceurs qui profitent de leurs abonnés. Le 13 février 2022, il repostait sur Twitter la vidéo de Gabin Formont et Joshua Malaise de "Vécu" qui chantait « Il pleut des dons ».
Cité24 à également eu à affronter des critiques de ce type. La rédaction tient donc à préciser qu'elle n'a jamais lancé de cagnotte pour tel ou tel projet flou. Elle fonctionne par le financement participatif sur la plate-forme Tipeee, sur laquelle le détail est précisé.