Le collège verviétois devra décider si la ville sinistrée se constitue ou non partie civile, tandis que le ministre-président wallon s'oppose à une commission parlementaire qui, selon Elio Di Rupo, "interférerait dans l'enquête judiciaire".

Lors du premier conseil communal depuis les inondations, qui ont gravement impacté Verviers il y a deux semaines, la Bourgmestre, Muriel Targnion (PS) a affirmé qu'il serait “logique" pour sa ville de se constituer partie civile dans le cadre de l'instruction sur les inondations. Sauf contre-indication juridique... C'est lors du prochain conseil échevinal que la décision devrait être prise.

Injustice et incompréhension

Au cours de cette séance extraordinaire, qui s'est déroulée vendredi soir, hommage et minute de silence ont été rendus par les différents groupes politiques aux victimes décédées ainsi qu’aux sinistrés, secouristes et bénévoles. La Bourgmestre a ensuite listé et développé les actions entreprises par la Ville pour aider la population : relogement de citoyens, création de taskforces, ramassage de déchets et encombrants, etc. Tout en soulignant le "sentiment d’injustice et d’incompréhension" qui continue de régner à Verviers.

Huit Verviétois ont perdu la vie dans ce drame... 5112 logements hébergeant 15.000 personnes ont été inondés. Tout le monde se pose la question de savoir ce qu’il s’est exactement passé durant la nuit”, a enchaîné Muriel Targnion, réitérant que, jusqu’à ce jour, elle ne disposait pas de "toutes les explications”.

L'éventuel constitution de partie civile de Verviers s'inscrit dans la cadre de l’instruction judiciaire initiée par le Parquet de Liège. Selon la Bourgmestre de la ville sinistrée, l'idée est que chaque dossier soit saisi et analysé par la justice afin "qu'une réponse soit apportée et éviter qu’une telle situation se reproduise".

"Un an et demi à deux ans" pour reloger tout le monde

Pour sa part, et pour la première fois, Elio Di Rupo (PS), le ministre-président wallon, s'est exprimé sur les inondations et leurs conséquences pour la Wallonie dans plusieurs médias traditionnels ce week-end. Assurant vouloir trouver "tous les moyens" pour soutenir les sinistrés wallons, Elio Di Rupo ne s'est guère montré optimiste quant à une aide financière conséquente du pouvoir fédéral : "Le fédéral pourra intervenir en créant de bonnes conditions pour dégager des moyens financiers. Je vais aussi prendre contact avec la Banque européenne d'investissement".

"La situation est très compliquée sur place. À Pepinster ou à Trooz, il n'y a plus d'administration, il n'y a plus de services, plus de téléphone, plus d'ordinateurs... Il va falloir maintenant reloger pas mal de gens qui se trouvent dans des hôtels, des familles ? Il faut trouver des solutions", estime le ministre-président wallon, qui a évalué le temps de reconstruction à "un an et demi à deux ans" pour reloger tout le monde.

Au registre, de plus en plus pressant, d'identifier fautes commises et responsabilités, le premier socialiste de la Région wallonne s'est prononcé contre la création une commission d'enquête parlementaire. "Objectivement, qu'est-ce que qu'une commission d'enquête ferait sinon interférer dans une enquête judiciaire ?", s'interroge Elio Di Rupo avant d'opter pour une alternative "spéciale". "Qu'il y ait une commission spéciale pour interroger l'un ou l'autre acteur paraît normal en démocratie, mais pour ce qui est de l'enquête, de grâce laissons travailler le troisième pouvoir et attendons le résultat."