L'association Anticor est un bras armé contre la corruption des élus et des hauts fonctionnaires en France. Anticor est face à un problème de taille. L'Etat ne lui facilite pas les choses. En effet, l'agrément qui lui permet de saisir la justice a expiré le 15 février. Et il tarde à être renouvelé. Les vidéastes de la chaîne "Osons causer" ont dénoncé cela.

L'association Anticor lutte contre la corruption avec des enquêtes qu'elle mène en toute indépendance. Pour les mener à bien, elle a besoin d'un agrément délivré par le ministère de la Justice. En effet, son agrément a dépassé son échéance le 15 février. Normalement, le renouvellement n'est qu'une formalité. Néanmoins, il semble que l'Etat français tarde à lui délivrer un nouvel agrément.

Aujourd'hui, il dit que cela ne sera pas fait avant avril. Cela complique le travail d'Anticor qui dit qu'on "lui met des bâtons dans les roues".

Bien que la demande a été déposée il y a plusieurs mois, le gouvernement n'a, jusqu'ici, pas accepté son renouvellement, jugeant insuffisantes les réponses apportées par l'association sur son fonctionnement. "On nous cherche des poux, c'est une évidence", déclare la présidente d'Anticor, Elise Van Beneden.

Anticor a révélé des dossiers sensibles

Créée en 2002 pour "réhabiliter le rapport de confiance qui doit exister entre les citoyens et leurs représentants", Anticor s'implique dans des affaires judiciaires en signalant au parquet des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale.

Elle a mis au jour de nombreux dossiers impliquant, notamment Alstom, le Grand Paris, Mathieu Gallet ou encore Dassault.

Il y a peu, l'association a obtenu la mise en examen de Richard Ferrand, l'ouverture d'une information judiciaire sur un possible conflit d'intérêt d'Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée. C'est également à la suite de sa plainte que l'actuel garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti est visé par une information judiciaire pour "prises illégales d'intérêt".

Toutefois, pour se porter partie civile et plaider au sein d'une enceinte judiciaire, Anticor a besoin d'un agrément délivré par le gouvernement. Seulement trois associations en disposent aujourd'hui. Les deux autres sont Sherpa et Transparency International.

Une première demande de renouvellement de cet agrément a été envoyée l'été dernier au ministère de la Justice, elle a été perdue. La seconde demande, examinée depuis le mois d'octobre, est toujours en cours d'instruction.

"Une procédure politisée" contre Anticor

Les services de l'État ont demandé à Anticor l'identité de son plus gros donateur, expliquant vouloir s'assurer de son indépendance. Ce à quoi l'association se refuse, confortée le 1er février par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). Elise Van Beneden, présidente d'Anticor, a dit : "Depuis, on a reçu une trentaine de questions. À chaque fois qu'on répond à des questions, on en reçoit d'autres".

Par ailleurs, celle-ci dénonce une procédure "politisée". "On a secoué le pouvoir comme il n'est plus du tout secoué. Anticor a fait des choix courageux en allant dans l'affaire Richard Ferrand, dans l'affaire Alexis Kohler." Elise Van Beneden souligne aussi le "paradoxe" de demander au gouvernement de renouveler un agrément qui lui a permis de porter plainte contre lui.

En outre, les vidéastes d'Osons causer ont résumé cette affaire. Ils estiment qu'Emmanuel Macron veut bâillonner la lutte contre la corruption", réalisée par Anticor.