Le Tribunal correctionnel de Malines a entamé, ce 11 août, l'examen de la plainte pour "calomnies et diffamation" déposée par Willem Engel contre Marc Van Ranst. L'activiste des Pays-Bas, très critique sur la sécurité des vaccins anti-Covid, a fondé un groupe nommé Viruswaarheid ("la vérité sur les virus") qui fustige les politiques sanitaires néerlandaise et belge.
Devant le Tribunal correctionnel de Malines, le parquet a requis l’irrecevabilité des poursuites pénales engagées par le Néerlandais Willem Engel contre le virologue belge Marc Van Ranst. Connu pour sa défiance envers les vaccins anti-Covid, l'activiste des Pays-bas a déposé une plainte pour "calomnies et diffamation" suite à certains qualificatifs désobligeants tenus par le scientifique flamand à son endroit, dans un article de presse mainstream et sur Twitter : "escroc" ; "corona-sceptique" et "extrémiste de droite".
Délit de presse
Classiquement, le parquet de Malines estime que si les faits de diffamation et calomnies sont avérés, ceux-ci relèvent du "délit de presse" pour lequel, en droit belge, seule la Cour d'Assises est compétente. Le parquet a donc requis "l'irrecevabilité" de la plainte comme l'incompétence du Tribunal pour juger du fond de l'affaire.
Pour rappel, le plaignant, professeur de danse et activiste, reproche au virologue médiatique de l’avoir, à plusieurs reprises, dénigré en ligne au motif de sa remise en cause de la gestion politicienne du Covid et pour ses positions anti-vaccins. Exemple de la "prose" de Van Ranst sur Twitter : "Quand nous serons confrontés à une pandémie de salsa, j'irai volontiers écouter ce que vous avez à dire en tant que professeur de danse. Mais, pour l'instant, j'en ai rien à foutre de ce que vous pouvez dire et ça serait bien que les Pays-Bas en fassent de même".
Des limites à liberté d'expression
Le Néerlandais demande donc à la justice belge de déterminer le cadre de la liberté d'expression qui s'applique dans son opposition virulente à Marc Van Ranst. "Il doit y avoir un terme à la diabolisation des personnes qui critiquent la politique", avait déclaré, en juillet dernier, Willem Engel, à l'agence de presse Belga. "Je pense que c'est bien d'avoir le débat mais celui-ci doit rester dans un certain cadre de respect et de bienséance."
"Je n'ai pas de problème avec les accusations personnelles, mais j'ai un problème avec l'objectif d'arrêter notre mouvement, de l'associer à du terrorisme et à l'extrême droite ou de le ridiculiser", avait-t-il encore ajouté.
"Bavard, antisocial, menteur et impulsif"
À son arrivée au Tribunal, le Néerlandais a été accueilli par une trentaine de sympathisants qui l’ont vivement applaudi. Aux côtés de sa compagne, Engel a fait valoir un certificat médical pour justifier une exemption de porter le masque pendant l'audience. Et... le couple a pu pénétrer sans masque dans le bâtiment.
En début d’audience, l’avocat du plaignant, Me Michael Verstraeten, a demandé au juge d’exclure les nouvelles preuves versées au dossier par Marc Van Ranst. Au motif qu'il n’aurait pas reçu tous les éléments et que certains auraient été modifiés sans qu’il ait pu les consulter. La juge s'est engagée à examiner la requête. Les débats sur la recevabilité des poursuites comme sur le fond du dossier pourront ensuite commencer.
Pour l'avocat d'Engel, Van Ranst n'a pas commis , "un crime de presse" contre son client mais "une déclaration publique, dans les médias, à propos d'un tweet qu'il a envoyé". Il a ensuite demandé au Tribunal de soumettre Marc Van Ranst à un examen psychiatrique. "Cet homme est un bavard : antisocial, il ajoute des mensonges à ses propos, il ignore ce qui est bien et ce qui ne l'est pas, et est très impulsif : il tweete immédiatement, sans réfléchir, tout ce qui lui passe par la tête. Van Ranst a au moins 130 000 followers sur Twitter et utilise ce réseau pour diffamer mon client. Il cherche à que Willem Engel cesse d'informer les gens et de récolter des fonds. Or, la liberté d'expression s'arrête lorsque vous diffamez une autre personne."
Activiste égocentrique vs expert égocentrique ?
En toute "humilité", Marc Van Ranst a décidé de se défendre lui-même devant le Tribunal correctionnel. "Ce procès est déjà une victoire pour le professeur de danse anti-vax, qui reçoit de cette manière toute l’attention souhaitée pour diffuser son idéologie", a démarré en trombe l'avocat en herbe.
“Je vis depuis plus d’un an dans un climat d’intimidation et de menaces”, a poursuivi Van Ranst. “J’ai reçu plus de 150 menaces de mort, toutes provenant de partisans du groupe Viruswaarheid.nl / Viruswaarzin.be [respectivement les sites et groupes activistes néerlandais et belge] et de militants d’extrême-droite. M. Engel n’a pas remporté une seule bataille judiciaire aux Pays-Bas, il se déplace dès lors vers la Belgique. Pour lui, le simple fait que je me retrouve devant le tribunal, est déjà une victoire.”
Récemment contraint de vivre 5 semaines sous stricte protection policière à cause des menaces de mort proférées contre lui par feu l'ex-militaire d’extrême-droite Jürgen Conings, le virologue a aussi critiqué la diffusion sur Internet, par le plaignant, de pièces que le scientifique avait versées au dossier, avant l’ouverture des débats judiciaires.
“Sa connaissance sur le virus est nulle”
“Cet homme jouit d’un énorme espace pour s’exprimer [sur la pandémie de Covid-19,) alors que sa connaissance sur le virus est nulle. Ce qui en fait bien un escroc”, a encore déclaré Marc Van Ranst devant le Tribunal, reprenant ici l’une des incriminations verbales pour lesquelles le Néerlandais le traîne en justice... Le virologue a enfin nié avoir traité Engel "d’extrémiste de droite", estimant surtout avoir affaire à un “coronasceptique ; chacun pouvant s’en rendre compte”.
S'inspirant de quelques vers de la chanteuse néerlandaise Heddy Lester, le virologue-avocat-chanteur Van Ranst a conclu sa plaidoirie en invitant la juge à mettre fin “au manège de Willem Engel”.
Le Tribunal correctionnel de Malines rendra son jugement le 9 septembre prochain.