L'Italie s'est qualifiée pour les demi-finales de l'Euro en éliminant la Belgique par 2 buts à 1. Un match éprouvant que les Italiens ont dominé par un surcroît de réalisme et d'esprit équipe. Pour les Diables Rouges, éternels perdants en quart ou en demi-finale, c'est l'heure des bilans.

Etre sûr de soi. Dans le silence. Avoir confiance en ses co-équipiers. Dans le secret. C'est dans ce match là, en amont de la rencontre officielle, que les Italiens ont vaincu les Belges.

Domination italienne

Première alerte avec un but italien annulé pour hors-jeu. Sur phase arrêtée, une passe en cloche réceptionnée en 3 temps (Berardi - Di Lorenzo - Bonucci) et les filets de Thibaut Courtois tremblent déjà. Le premier but validé arrive à la 30 ème minute. Même modus operandi. Phase arrêtée, long centre aérien sur Ciro Immobile. Jan Vertonghen parvient à récupérer le ballon mais, au lieu de le dégager, le redonne à un joueur italien. Passe millimétrée de Marco Verrati à Nicolo Barella, qui se retourne, dribble Thorgan Hazard et Thomas Vermaelen pour fusiller Courtois. 1-0 pour l'Italie.

Le second but italien relève de la sublime création d'espace avant la frappe enrôlée. Une action signée Lorenzo Insigne, ce génial attaquant qu'aucun défenseur belge n'a osé attaquer. Vieux problème. Notre défense est restée fébrile pour ne pas dire médiocre depuis... le départ de Vincent Kompany. Peu importe que, contre le Portugal, Vermaelen ait réussi à asphyxier Christiano Ronaldo, "l'exploit" ne pouvait se répéter. Double absence. Celle d'Eden Hazard en milieu de terrain et celle d'un patron dans la défense. Très rares sont les équipes victorieuses sans génial distributeur ni pilote en défense...

Malgré les efforts de Kevin De Bruyne, Youri Thielemans, Thomas Meunier et Jérémy Doku, cette équipe d'Italie était plus forte car son esprit d'équipe cimenté. Si la puissance de Romelu Lukaku a sauvé l'honneur, les Italiens étaient meilleurs parce que mieux organisés et soudés. Sur le terrain comme dans la tête. Durant 90 minutes.

La peur de gagner

Pourtant, il y a six ans, c'était l'inverse. Lors d'un match amical et non pour une place en demi-finales d'une coupe d'Europe. Le 13 novembre 2015, dans ce match que tout le monde a oublié, l'Italie ouvre le score contre la Belgique. Comme ce vendredi 2 juillet 2021. Mais au lieu de déconner, Vertonghen - avec 6 ans de moins - égalise d'une superbe tête plongeante. De Bruyne ne s'en bat pas les c... et propulse la Belgique avec un audacieux lob du gardien. Yannick Carasco met le feu dans la défense italienne avant de servir l'insaisissable Michy Batshuayi pour le 3-1. Un score qui ne bougera plus.

Pour revenir ici et maintenant à la valse des "pourquoi" ? Pourquoi lorsque ça ne compte pas, les Diables Rouges sont capables de sortir le meilleur d'eux-mêmes ? Pourquoi Batshuayi n'a-t- il pas joué ? Pourquoi Marouane Fellaini, Radja Nainggolan et Divock Origi n'ont-ils pas été sélectionnés ? Pour trouver la faille quand ça se passe mal. Des joueurs qui, par le passé, ont débloqué plusieurs situations fermées. Remotiver puis resouder l'équipe.

"Nous sommes en demi-finale car nous souffrons tous ensemble, même ceux qui ne jouent pas. Cet état d’esprit a été créé par le coach Roberto Mancini. Je pense que nous disputons un très bon tournoi », a déclaré notre nouveau bourreau Lorenzo Insigne. Outre-manche, la BBC a goûté cette « bataille intense entre deux excellentes équipes jouant un football fantastique". Et la chaîne de service public britannique de juger l’équipe belge, « remplie de joueurs talentueux » et sa dernière chance de remporter un titre lors de la prochaine Coupe du monde (2022).

Good bye Martinez

Encore faudrait-il vraiment tirer les leçons de ces défaites à répétition en quart ou en demi-finale ? Or, en football comme dans d'autres secteurs pro, tirer les leçons n'est pas une spécialité belge. Au sortir de son nouvel échec, Roberto Martinez l'a joué "stratégique" en refusant d'évoquer son avenir à la tête de l’équipe nationale.

Pour Nordin Jbari, ancien joueur et consultant à la RTBF : « Il faut qu’il parte, car il est têtu. Son système à trois derrière, il ne le changera pas. Et j’ai déjà dit que lorsque Kompany est parti, il fallait repasser à quatre derrière. Carrasco n’est pas bien dans ce système à trois. Et puis Kompany, c’était le meilleur derrière et, aujourd’hui, je ne vois pas de patron en défense."

Sans surprise, Peter Bossaert, le CEO de la Fédération belge de football, a réitéré ce dimanche sa confiance envers le coach critiqué : « Demain, nous commençons déjà la préparation des matchs de septembre et octobre. Roberto Martinez sera là. Il n’y a aucune raison de changer le staff »... C'est sûr : pourquoi changer la direction d'une équipe qui perd systématiquement dès que l'enjeu final se rapproche ?