Après plus d'un mois d'intenses polémiques, le gouvernement bruxellois a confirmé, ce jeudi, sa décision : la STIB ne fera pas appel du jugement du Tribunal du travail qui l’avait condamnée, le 3 mai, pour discrimination religieuse et sexiste contre une femme portant le foulard islamique.

C'est à l’issue du conseil des ministres bruxellois que le ministre-président Rudi Vervoort (PS), a annoncé la bonne nouvelle en matière de lutte contre les discriminations à l'emploi.

Car, soulignons-le encore, ce que les médias mainstream et la classe politique nomment "La question des signes convictionnels" cache surtout un vieux problème de discrimination islamophobe et sexiste au travail. Un phénomène racial et social, profondément ancré à Bruxelles, comme ailleurs en Belgique. Une oppression systémique bien "voilée" qui a de graves conséquences, bousillant des vies professionnelles et des opportunités de carrière pour nombre de nos concitoyennes.

L’exécutif régional s'est donc partiellement conformé à la décision judiciaire du Tribunal du travail. Une décision que le célèbre constitutionnaliste, Marc Uyttendaele, avait qualifié de "tract militant" dans la presse mainstream.

La discrimination partielle perdure

Par ailleurs, le gouvernement bruxellois a promis de se saisir de ce jugement pour “tracer les voies d’un apaisement s’appuyant sur des principes clairs et cohérents”. Au nom de "l’importance du principe de neutralité et d’impartialité des agents inhérent au fonctionnement et à l’organisation des services publics en général”, a déclaré Rudi Vervoort.

En vue de calmer la bronca islamophobe et sexiste, et surtout garder Défi dans sa coalition, Rudi Vervoort a précisé que “L’interdiction des signes convictionnels est la règle et la neutralité exclusive sera d’application pour les fonctions d’autorité (contrainte) ou qui sont en contact relationnel avec le public. Des dérogations pourront être mises en place pour des fonctions ne relevant pas de cette catégorie”. Traduction ; le port du voile restera un objet de discrimination pour la promotion interne de celles qui le porteront et seront engagées au sein de la STIB.

Quel "prosélytisme" ?

Décidément très à l'écoute du féroce lobbying islamophobe, le gouvernement bruxellois a annoncé un futur "cadre légal" pour "interdire le prosélytisme sur le lieu de travail des services et entreprises publiques bruxellois (à l’exception des activités syndicales). Vu que les bruxelloises portant le foulard sont, dans leur écrasante majorité, discriminées à l'emploi, tant dans le public que le privé, on ne voit pas très bien où se situerait un problème de "prosélytisme sur le lieu de travail". En outre, cette inquiétude relance l'amalgame sexiste raciste selon lequel une citoyenne portant le foulard s'adonne forcément au prosélytisme...

Autrement dit, ce sujet est loin d'être épuisé : le gouvernement a également sollicité le parlement bruxellois pour que celui-ci se saisisse d’un "débat sur la question de la neutralité dans les services publics" ; avec, espère-t-il, une large dimension participative et citoyenne.