Il s'agit d'une nouvelle affaire qui risque de faire parler d'elle. En effet, des ex-dirigeants d'Ikea France comparaissent dès ce lundi devant la justice française. Ils ne sont pas seuls. Il y a aussi des policiers et le patron d'une société privée de surveillance. Tous sont accusés d'avoir espionné des salariés de la filiale française du célèbre magasin suédois de meubles et de déco. C'est le journal français Le Canard Enchaîné avec le site d'information Mediapart en 2012 qui ont permis que cette affaire sorte. Il y avait eu une plainte d'un syndicat contre Ikea France. Quatre hauts responsables avaient été licenciés mais l'affaire ne s'était pas arrêtée là, puisqu'elle est portée devant les tribunaux.

D'après les mots du parquet de Versailles, non loin de Paris, chargé de l'affaire, l'instruction a dévoilé un "système d'espionnage" d'employés. Il a également évoqué un espionnage de candidats à l'embauche, s'étendant sur toute la France. D'après l'accusation, des centaines de personnes, dont des syndicalistes, ont ainsi été espionnées. Leurs antécédents judiciaires ou leur train de vie examinés scrupuleusement.

Toutefois, selon certains avocats de la défense, "l'enquête contient de nombreuses faiblesses". Me Olivier Baratelli, conseil de l'ancienne directrice des ressources humaines Claire Héry, a indiqué qu'il plaiderait la nullité du dossier, dénonçant une "fable montée de toutes pièces par des syndicats". Dans ce procès qui s'ouvre lundi au tribunal correctionnel de Versailles et qui doit durer jusqu'au 2 avril, la filiale française d'Ikea (10.000 salariés), poursuivie en tant que personne morale, encourt jusqu'à 3,75 millions d'euros d'amende.

Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison

Pas moins de quinze personnes physiques seront également jugées parmi lesquelles des directeurs de magasins, des fonctionnaires de police. Il y aura aussi l'ex-PDG Stefan Vanoverbeke (2010-2015) et son prédécesseur Jean-Louis Baillot. Face aux 74 parties civiles, les prévenus devront notamment répondre des chefs d'inculpation divers. Il y a par exemple la collecte et la divulgation illicite d'informations personnelles, la violation du secret professionnel ou encore de recel de ces délits. Cela expose certains d'entre eux à une peine de dix ans de prison (au maximum).

Espionnage payé 30 à 60.000 euros

Bien que les prévenus comparaissent pour des faits couvrant la période 2009-2012, ces pratiques remontaient au début des années 2000 d'après l'accusation. Sont au cœur de ce "système", Jean-François Paris, ex-directeur de la gestion des risques d'Ikea France. Selon l'ordonnance de l'instruction consultée par l'AFP, M. Paris envoyait des listes de personnes "à tester" à des sociétés d'investigation privées auxquelles la filiale allouait un budget de 30.000 à 600.000 euros par an.