Dans une publication publiée sur les réseaux sociaux mardi dernier, le docteur David Bouillon s’est exprimé de façon enthousiaste. La raison à cela ? Le fait d’avoir été « reçu et écouté » par la députée Virginie Joron. Cette dernière est membre du parti d’extrême-droite Rassemblement National (RN).
Virginie Joron avait suscité une polémique en demandant que les victimes des vaccins covid dans toute l’Union européenne soient indemnisées. Ou encore pour avoir été en Crimée en juillet 2020 pour « observer » le processus du référendum pro Vladimir Poutine. De son côté, David Bouillon n’est pas en reste de positions d’extrême-droite.
Le mardi 20 septembre, le sulfureux docteur David Bouillon s’est rendu dans l’enceinte du Parlement européen. Sa venue avait comme objectif de rencontrer la députée européenne du Rassemblement National (ex Front National) Virginie Joron.
L’objectif poursuivi par cette rencontre était, semble-t-il, d’une fois de plus évoquer les conséquences sanitaires des vaccins covid, selon ce dernier. David Bouillon a connu une petite notoriété lors de la mise en place des mesures sanitaires dès 2020 et parait vouloir poursuivre sur sa lancée. C’est ainsi qu’il a déclaré face caméra dans les couloirs du Parlement européen : « Les gens sont considérés comme des cobayes ».
« Des effets indésirables après un an, deux ans, trois ans »
Le docteur David Bouillon a ajouté, dans ce même extrait vidéo, que les vaccins covid « ont des effets indésirables ». Selon lui, ces effets peuvent se manifester « après un an, deux ans, trois ans », selon ses propres termes. Ce dernier ne cite aucun exemple ni aucune étude pour étayer son propos, par ailleurs.
De plus, il est étonnant qu’il dise « trois ans », puisque la première campagne de vaccination a commencé en fin décembre 2020 en Belgique, soit il y a moins de deux ans. Et ce n’était que pour les personnes âgées, le reste de la population l’ayant fait en 2021. Son allégation pose ainsi question sur la pertinence de ses développements. Il en va de même du fait de parler d’ « effets indésirables » (sic), sans qu’il ne détaille de quoi il est question, et de la validité scientifiquement prouvée d’une provenance de ceux-ci desdits vaccins contre le covid.
Toutefois, de nombreuses personnes l’avaient épinglé, déjà à l’époque. Il avait été rappelé, notamment, que le docteur David Bouillon avait rejoint des organisations d’extrême-droite, lui aussi. Il avait par exemple rejoint le mouvement d’Alain Destexhe, en 2019, après avoir quitté le mouvement « Mons en mieux » de Georges-Louis Bouchez.
Le covid ? « Un virus fabriqué par l'homme » pour David Bouillon
Par ailleurs, Cité24 avait déjà interrogé le docteur David Bouillon, lors d'un rassemblement contre les mesures sanitaires en vigueur à ce moment-là, en Belgique.
Cité24 était présent pour couvrir ce rassemblement organisé par David Bouillon devant Pfizer contre le Covid Safe Ticket, le samedi 16 octobre 2021. Il avait été imposé à Bruxelles dès le 15 octobre, soit la veille.
David Bouillon y prenait la parole, devant une assemblée assez conséquente autour de lui qui était venue l'écouter et qui partageait manifestement ses idées et ses théories.
Dans cette vidéo, à 1:46:22, notre journaliste de Cité24 a tenu à poser une question au médecin. Ce dernier était alors en train de parler de la « prise en charge des patients victime de la covid ». Lui a alors été posée la question, tirée d'une de ses spéculations : « Vous dites que ce virus, c'est un être humain qui l'a... ». La phrase n'était pas terminée mais la question était claire : le virus est-il une fabrication humaine ou non ? David Bouillon a alors répondu, en faisant au début un pas en arrière en disant qu'il n'est que « médecin généraliste ». Autrement dit, il n'est pas forcément compétent ou au courant de tout cela, du moins c'est ce qu'on pourrait penser dans un premier temps, à l'entendre.
Toutefois, ce dernier a tout de même rebondi et est aussitôt reparti dans une dialectique conspirationniste. En effet, il a ainsi déclaré au journaliste de Cité24 : « Je vois bien la question (...) Je n'irai pas plus loin car je ne suis pas complotiste ». Puis, il a déclaré : « J'engage ma responsabilité. Cela a été fabriqué par l'homme ! Donc c'est tout. Tu as compris ? ». Il l'avait d'ailleurs déjà déclaré en réponse à une interpellation d'une autre participante.
« Je dis ce que sais »
Quelques secondes plus tard encore, ce dernier avait déclaré qu'il prenait la mesure de ce qu'il disait « dans un micro ». Par là, il confirmait sa confiance dans ses propos précédents. D'ailleurs, des personnes rassemblées autour de lui lui tapaient dans les mains, tout sourire dehors. Il avait été applaudi par de nombreuses personnes. « Je dis ce que je sais », avait-il ajouté. « Je ne suis pas dans une discussion de salon. Je m'en fous. On est victime d'un comportement de politiciens, internationaux peut-être, mais on est victime ». Il avait fait savoir que cela le mettait en colère.
Les journalistes de Cité24, eux, avaient eu à subir des regards à tout le moins suspicieux, voire légèrement et passivement hostiles, de certaines personnes. Ces dernières semblaient ne pas avoir apprécié la contestation, ne fut-ce que par une simple question sur un des propos que David Bouillon avait lui-même tenu. C'est d'ailleurs à partir de ce moment-là qu'une méfiance est née à son égard de personnes qui l'avaient jusque là suivies de près ou de loin.
« Au mois d'août 2020, j'ai envoyé un e-mail à l'Ordre des médecins pour m'entendre. Ils ont accusé réception. Ils ne m'ont jamais entendu ». C'est ce qu'avait déclaré David Bouillon, manifestant ainsi son désir d'alerter pour une question (dont aucune preuve n'avait été présentée ce 16 octobre 2021, malgré la gravité de ces propos tenus. Ainsi, il jouait la carte de l'opposant au système et brimé par celui-ci.
Ce que l'on peut retenir de sa prestation orale dans le cadre de ce rassemblement devant le siège de Pfizer à Bruxelles, c'est que David Bouillon a tenu des propos vagues. Quoi qu'il avait pu en dire ce jour-là, ces paroles relèvent bien du complotisme et en use les ressorts. Il avait fait état, au détour de ses développements, d'un nébuleuse occulte dont les projets seraient de nuire à la population. Aucun élément concret, aucune trace, aucune source n'avait été ne fut-ce que citer pour donner du poids à ses allégations. Tout ce qu'il avait déclaré est qu'il savait de quoi il parlait.
Pour Cité24, il s'agissait là d'une justification trop peu fiable. Cela a d'ailleurs été le commencement d'une série de débunkage des fake news dont David Bouillon s'était rendu le porte-voix.
Notre reportage d'octobre 2021, vidéo ci-dessous.
Virgine Joron, connue pour ses positions
La députée du Rassemblement National au Parlement européen, Virginie Joron, s’était fait connaitre pendant la crise sanitaire du covid. Tout comme le docteur David Bouillon, cette dernière a contesté les mesures sanitaires.
Ainsi, de son côté, elle avait tenu des propos controversés au sujet des effets des vaccins covid également. Elle avait même demandé à ce que soient indemnisées les « victimes du vaccin covid ». Elle est donc sur la même longueur d’onde, manifestement, que David Bouillon, tant sur les positions de droite radicale ou d’extrême-droite, comme le montrent les partis que les deux ont rejoints, que sur les positions antivax.
Virgine Joron, encore en cette fin du mois de septembre 2022, semble faire de la lutte contre le vaccin son cheval de bataille. Or, la conjoncture semble passée. Bien moins de gens semblent pris dans les filets de ces discours. Cela n'empêche pas la députée RN au Parlement européen de poster une vidéo d'un média américain critiquant les vaccins covid.
Dans cette vidéo, qu'elle a retweeté ce dimanche 25 septembre, on y apprendrait que « les vaccins covid provoqueraient des problèmes au coeur ».
Ainsi, il n'est manifestement pas incohérent ni surprenant que le médecin David Bouillon et la députée RN Virginie Joron se soient rejoints. Il et elle défendent en effet les mêmes positions anti-vaccin covid et d'extrême-droite.
Virginie Joron a retweeté un message du groupe "Identité et Démocratie France", au sujet de la victoire de l'extrême-droite en Italie. Ce groupe écrit : « L’Italie n’a pas cédé au chantage et aux menaces de la Commission européenne en votant pour Mme Meloni et nos alliés pour diriger leur pays. Quand le peuple se mobilise, le peuple et la démocratie l’emportent face au diktat et à l’impérialisme européen ! »