Paolo Criscenzo à la manifestation contre la vie chère à Bruxelles - Source : Facebook.

Paolo Criscenzo est un ex-avocat du barreau de Bruxelles. Toutefois, il est surtout connu sur Facebook en Belgique francophone pour une tout autre casquette : celle d’influenceur et de militant politique d’extrême-droite, fondateur de « Droits et Libertés asbl ».

Lors de la manifestation du mercredi 21 septembre au centre-ville de la capitale belge, ce dernier a provoqué un groupe de syndicalistes qui ne souhaitaient manifestement pas lui répondre. Insistant, ces derniers lui ont fait savoir qu’il les dérangeait et la tension est montée. Paolo Criscenzo a alors déclaré « avoir reçu un coup sur la tête » à des policiers présents non loin et qu’il a fait venir.

La vidéo tournée en live n’a pas montré de tel geste, par ailleurs. De plus, l’influenceur antivax ne semblait pas dans une nécessité absolue de prendre la parole de ces syndicalistes en particulier. En effet, d’autres se trouvaient autour et qu’il en a effectivement interviewé d’autres, comme on peut le voir sur ses propres vidéos postées sur Facebook.

Ce mercredi 21 septembre dernier a eu lieu la grande manifestation syndicale à Bruxelles. S’étaient retrouvés des syndicats pour cet événement de protestation contre la hausse des prix et la baisse du pouvoir d’achat qui en est la conséquence. Ont marché ce jour-là plus de 10.000 personnes. Elles étaient issues de différents syndicats, dont ceux de la FGTB et ceux de la CSC, entre autres. Le mot d’ordre de cette manifestation, accompagnée d’une grève. Les transports étaient donc limités, ce jour-là, que ce soit les trains de la SNCB ou les bus, les trams et les métros de la STIB.

Cela n’a pas empêché l’influenceur-antivax et juriste Paolo Criscenzo de se rendre sur place et de commencer un vidéo amateur avec son smartphone. Ce dernier avait enclenché un Facebook Live, diffusé en ligne sur ledit réseau social. Il avait questionné quelques manifestants présents des syndicats et leur avait posé souvent la même question, à savoir la raison de leur présence.

Extrait vidéo de l'incident entre Paolo Criscenzo et des manifestants - Source : Facebook.

Accointances avec des organisations d’extrême-droite

Paolo Criscenzo, à l’instar de son ex-colistier David Bouillon et d’autres, a des contacts privilégiés avec l’extrême-droite. Il en fait même partie. En effet, comme nous le faisions remarquer déjà au début de l’année 2022, son organisation « DL – Droits et Libertés » (autoproclamée « parti politique » mais qui est une association sans but lucratif), s’est servie des mesures sanitaires de la crise covid pour faire son beurre.

Ainsi, on peut lire sur le site "Actualités du droit belge" que « Droits et Libertés » s’oppose au port du masque en Belgique et à « toutes les mesures gouvernementales anticonstitutionnelles » (sic), et préconise la « liberté vaccinale ». Par ailleurs, ce parti s’oppose à la vaccination contre le Covid et à l’instauration de la 5G.

On remarquera que cette organisation politique entend faire respecter les libertés garanties par la constitution, notamment en structurant, avec d’autres organisations ou partis politiques d'extrême-droite tels que Civitas, Schild en Vrienden, Feniks, Vlaams Belang, Belgium United for Freedom, United People, etc.

D’ailleurs, Paolo Criscenzo a été le porte-parole de United People, avec un certain... David Bouillon, le fameux docteur dont nous avons détaillé le portrait dans un précédent article. Les deux personnages s’en sont pris judiciairement à un journaliste de Cité24, Fayçal Cheffou, qui a mis à nu leurs positions extrémistes et antivax contre le covid. Ils ont porté plainte contre ce dernier, mais la première plainte de Paolo Criscenzo a été rejetée par la justice.

La contestation des mesures sanitaires, tremplin de l’extrême-droite par excellence

Ce qu’on peut retenir c’est que l’un et l’autre ont surfé sur la vague de contestation des mesures sanitaires instaurées de mars 2020 et dont il reste des traces encore aujourd’hui (4ème dose de vaccin, port du masque dans les hôpitaux, etc.). Paolo Criscenzo était du côté de l’attaque en justice desdites mesures sanitaires, tandis que David Bouillon tenait des propos incohérents et faux, comme le fait que le « virus du covid a été créé par l’homme ».

Ces affirmations avaient déjà titillé les oreilles journalistiques de l’équipe de Cité24 qui avait alors décidé, conformément à la Charte de Munich, de rétablir la vérité sur ce point. C’est ainsi que la « tarte à la crème » de David Bouillon avait été détricotée pour montrer qu’elle n’était pas fondée.

Depuis, David Bouillon a poursuivi son petit bonhomme de chemin dans les milieux d’extrême-droite, en rencontrant récemment la députée du Rassemblement National (ex Front National de Jean-Marie Le Pen en France) au Parlement européen. Ces deux personnalités se rejoignent sur l’opposition au vaccin, ce qui montre là aussi que cette position politique est très présente à l’extrême-droite de l’échiquier.

Paolo Criscenzo, lui, suit le sens du vent et se montre régulièrement dans des vidéos live de sa chaîne Facebook. C’est ainsi qu’on l’a vu parcourir les rues du centre de Bruxelles le mercredi 21 septembre lors de la manifestation syndicale. Mais tout ne s’est pas passé de la meilleure manière pour lui, au niveau de l’accueil qu’il a reçu de certains des manifestants sur place…

Paolo Criscenzo insistant auprès de syndicalistes ne désirant pas lui répondre

Dans ladite vidéo tournée et diffusée sur les réseaux sociaux par Paolo Criscenzo, le ton est monté lorsque ce dernier a interpellé un petit groupe de syndicalistes.

À hauteur du bas de la rue de l’Infante Isabelle, entre la gare centrale et la grand-place de Bruxelles, l’influenceur-antivax avait allumé sa caméra et tournait un live Facebook.

Il a déclaré, après qu’un syndicaliste lui ait répondu en substance « Je ne sais pas pourquoi je manifeste », « C’est bien la conclusion que je m’étais faite aussi ».

Ensuite, suite à ce commentaire, l’un d’eux, dans le groupe autour, lui a dit d’arrêter « de se foutre de la gueule des gens ». Il lui a aussi fait savoir qu’il ne désirait pas être filmé.

« Monsieur m'a tapé sur la tête »

Dès lors que cet incident avait pris fin, l’influenceur d'extrême droite Paolo Criscenzo n’en avait pour autant terminé. Il a continué à marcher, du bas de la rue de l’infante Isabelle où il se trouvait jusqu’au haut de la rue du marché aux herbes, à hauteur du square. Il n’avait donc fait que quelques pas. C’est là qu’il a aperçu des policiers en uniforme. Il lui a aussitôt décrit sa propre vision de l’incident qui venait de se produire, quelques secondes plus tôt à peine.

« Monsieur le policier, Monsieur le policier ! », a crié l’ex-avocat antivax Paolo Criscenzo, toujours en se filmant lui-même. « Il y a ce monsieur qui m’a tapé sur la tête », a-t-il alors affirmé avec un certain aplomb. Le groupe de syndicalistes hors champ était manifestement en train de s’approcher de lui et du policier puisqu’on les entendait dans la vidéo sans les voir. L'influenceur ajoute : « Venez ! Venez ! ». « J'ai rien à voir avec la police », lui répond un syndicaliste. Paolo Criscenzo leur avait d’ailleurs fait signe et invité à s’approcher pour régler ça devant une autorité exécutive de l’Etat, à savoir un agent de police.

« Tout est filmé »

« Monsieur est venu vers moi, j’ai des témoins ! Tout est filmé ! » a ensuite déclaré Paolo Criscenzo, avec le policier derrière lui, s’approchant.

À la toute fin de cette vidéo, l’influenceur antivax de "Droits et Libertés" a coupé sa caméra après avoir déclaré qu’il ne faisait « qu’interviewer ».

On peut toutefois dès à présent mettre en défaut deux éléments de la version de Paolo Criscenzo. Le premier est sa prétention que c’est l’homme qui se serait approché de lui, alors que dans son live, on voit bien que c’est l’inverse.

En effet, c’est bien l'influenceur lui-même qui s’est approché, le mercredi 21 septembre, de ce groupe de syndicalistes. « Camarades ! Camarades ! » l’avait-on entendu dire. Il avait alors tenu à leur poser des questions alors que ceux-ci ne désiraient pas y répondre, ou du moins ne pas être filmés : « Vous n'avez pas le droit de me filmer », lui a dit un syndicaliste.

Vidéo de Paolo Crinscenzo après l'incident avec les manifestants - Source : Facebook.

Sa conclusion : s’en prendre aux syndicats

Après le moment face aux policiers, selon Paolo Criscenzo, l’homme « a présenté ses excuses » pour son geste « d’attraper la tête » de Criscenzo (qui n’a pas été proprement filmé et pour lesquelles il faut se fier aux paroles de ce dernier).

« Cet homme me connaissait visiblement », a-t-il déclaré. Il a ajouté, « Cette personne m'interpelle pour me dire que je piège les syndicats ». « Qu'est-ce qu'un citoyen à gagné que je piège ou non des syndicats ? », s'est-il questionner. Finalement, dans les derniers instants de sa vidéo, l'influenceur a déclaré que les syndicats « n’avaient pas de solution pour faire baisser la facture d’énergie ». Ainsi, sa position est claire face à l’action syndicale. « Ils n’avaient pas de revendications claires et objectives ».

Pour lui, il s’agit d’une opération des sphères politiques « qui utilisent les syndicats ». Paolo Criscenzo réitère par là ses convictions du complot permanent et systématique.