Depuis le 24 mai, les 700 sans-papiers occupant des locaux de l’ULB, de la VUB et l’église du Béguinage sont passés à l’offensive : une grève de la faim pour se faire entendre du pouvoir fédéral.
Les trois occupations, unifiées sous le nom de l’Union des Sans-Papiers pour la Régularisation (USPR), réclament, depuis plus de 100 jours, des critères de régularisation clairs et permanents. En vain, jusqu’à présent.
Dans un communiqué, l’USPR estime cette grève comme le dernier « espoir solennel » des occupant.e.s. L’ultime action de ces citoyens sans droits qui, pourtant, « participent à la vie politique et économique belge, sont la force motrice dans plusieurs secteurs-clé et en pénurie (construction, alimentation, nettoyage) ».
Des travailleurs vulnérables et exploités
Et le collectif de rappeler l’article 191 de la Constitution belge : « Tout étranger qui se trouve sur le territoire de la Belgique jouit de la protection accordée aux personnes et aux biens, sauf les exceptions établies par la loi. ». Pour mieux pointer la multitude structurelle de ces « exceptions ». Au fil des années, selon l’organisation, celles-ci ont conduit à « une production juridique d'illégalité qui a pour effet d’invisibiliser l'existence de milliers de citoyens non-enregistrés et de travailleurs sans-papiers ». En d’autres termes, « ces travailleurs et travailleuses restent vulnérables, exploité.es, et dans l’impossibilité de participer complètement à la vie économico-politique belge ».
Abandonnés à un surcroît de précarité absolue, tout au long des confinements sanitaires successifs, ces 700 sans-papiers de Bruxelles ne voient plus d’autre solution que l’extrémité qui va mettre leur vie en péril...
Aucune perspective
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté de sensibiliser les Autorités compétentes à leur dramatique situation :
« après plusieurs actions et rassemblements à Art-Lois (dont le dernier a mené à l'arrestation arbitraire de près de 60 occupant.e.s) ; une rencontre, le 8 mars 2021, entre l’USPR et le Secrétaire d’État à l’Asile et à l’Immigration, Sammy Mahdi (CD&V), qui n’a débouché sur aucune perspective ; après des attaques racistes par Jong NVA et Nation à l’ULB et la VUB, accompagné du silence des universitaires face à ces agressions ; après toutes ces expériences d’indignité, les occupant.e.s ont pris la dure décision d’entamer une grève de la faim. »
La dignité ou la mise à mort
Envers celles et ceux qui pourraient douter de leur détermination, l'Union des Sans-papiers conclut son communiqué par ces mots inquiétants : « À partir d’aujourd’hui, les sans-papiers décrètent leur dernière action, marquant ainsi le désir de mise à mort prémédité par les politiques d’Etat qui suggèrent qu’un sans-papiers citoyen est un sans-papiers qui accepte de préméditer ouvertement sa mort. La dignité ou la mise à mort : voici la seule pratique éthique à laquelle les sans-papiers semblent avoir accès ! ».
3 mois auparavant, Cité24 s'était rendu a la 5ème assemblée de soutiens des sans-papiers sur place et a donné la parole aux personnes directement concernées, afin d’en savoir plus sur les enjeux de ce rassemblement, initiée par l’USPR.