Ce mardi, à Bruxelles, le bâtiment de l'Office des étrangers a été occupé par une cinquantaine de personnes, solidaires des 475 sans-papiers en grève de la faim depuis un mois.
Devant l'immobilisme politique et l'inflexibilité du Secrétaire d'Etat à l'Asile et la migration, Sammy Mahdi (CD&V), une cinquantaine d'activistes a pénétré, mardi après-midi, dans le bâtiment de l'Office des étranger, situé au centre de Bruxelles. Objectif ? Occuper temporairement les lieux pour rencontrer Freddy Roosemont, le directeur général de l’Office des étrangers. Autrement dit : forcer des négociations face à la détérioration sanitaire des grévistes qui ont cessé de s'alimenter depuis un mois.
Dans un communiqué, les occupants, en soutien aux 475 grévistes de l'USPR (Union des Sans-Papiers pour la Régularisation), estiment que : ”Après 30 jours de grève, deux arrêts cardiaques, une tentative de suicide et de nombreux troubles neurologiques, psychologiques, gastriques, rénaux, respiratoires, aucune solution tangible ne semble guider le périmètre politique actuel. Le gouvernement reste complètement muet à toutes demandes de résolutions sortant les sans-papiers de l’arbitraire des procédures. Après avoir occupé le PS le 9 juin ; interpellé les différents partenaires politiques de la majorité gouvernementale ; après une marche qui a réuni près de 2000 personnes le 20 juin, il est plus que nécessaire de construire une voie de retour vers une dignité, structurellement décousue par les politiques d’état."
Une évacuation sans arrestation
Selon la police, 38 personnes étaient présentes à l’intérieur des locaux de l'Office, et certaines s'étaient enchaînées. A l’extérieur, les manifestants auraient varié entre 50 et 100 personnes. C'est vers 18h30 que les forces de l'ordre ont évacué dans le calme les activistes qui occupaient le hall du bâtiment depuis plus de trois heures, a indiqué Ilse Van de Keere, porte-parole de la police de Bruxelles-Ixelles. Un membre du comité de soutien de l’USPR a confirmé que leur action avait pris fin vers 18h45 sans déplorer aucune arrestation.
Mais sans pour autant rencontrer le directeur général. "A l’improviste, sans préparation, Freddy Roosemont ne devrait pas les recevoir aujourd’hui", avait prévenu la porte-parole de l’Office, Dominique Ernould, au micro de l'agence Belga. Précisant également que l’Office des étrangers demeure une administration qui applique les décisions du cabinet du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration et de toute le gouvernement fédéral.
Une solution sur le fond
Bref, retour à la case départ. En effet, comme Cité24 l'a précédemment relayé : les sans-papiers réclament des critères clairs de régularisation pour les personnes en situation irrégulière ainsi que la création d’un comité indépendant pour traiter des dossiers. Touchés de plein fouet durant la crise sanitaire, les personnes sans-papiers étaient nombreuses à tirer leurs revenus de métiers longtemps mis à l’arrêt. La plupart sont aujourd'hui plongés dans une précarité absolue.
Une situation qui conduit le comité de soutien de l'USPR à interpeller à nouveau la coalition gouvernementale : "Il faut maintenant que le CD&V, l’Open VLD, le PS/Vooruit, Ecolo et Groen apportent une solution sur le fond, qui passe par une régularisation sur base d’une définition élargie des "circonscriptions exceptionnelles", qui tienne compte de la situation réelle des grévistes et de tous les sans-papiers en Belgique, la crise sanitaire et économique ainsi que la nécessité d’une relance économique".
Contre une politique de tri raciste
Comme pour répondre à la porte-parole de l'Office, les activistes estiment ne pas s'être pas trompés en ayant choisi d'occuper un temps cette institution-là : "L’Office des Étrangers constitue l’un des rouages essentiels de cette politique de non-régularisation instruite par un racisme du triage étatique. Ce n’est pas tout de dire que la politique de non-régularisation mise en œuvre par cette agence d’État est marqué du sceau de l’arbitraire. Le caractère aléatoire et partial de la pratique de l’OE trouve son chiffre dans la politique de la race mise en œuvre et basée sur les besoins de main d’œuvre en fonction des pays de provenance. Il faut le dire clairement : la politique de tri de l’OE est raciste. Le cas par cas démontre clairement cette politique de sélection de la main d’œuvre par la régularisation du séjour."
Malgré ses constats critiques, le Comité de soutien conclut en appelant à nouveau "Monsieur Freddy Roosemont, directeur général de l’O.E, à rencontrer les sans-papiers de l’USPR afin de rétablir les bases d’une politique de la régularisation favorable à l’ensemble des sans-papiers."