Dimanche 30 janvier 2022, la RTBF dévoilait un portrait de Sarkis Simonjan, cet ancien steward à la tête du collectif Belgium United For Freedom, organisation populiste née en réaction aux mesures sanitaires. Cité24 vous faisait part il y a déjà deux mois de ses liens affichés avec l'extrême droite et des relations entre les différents groupes - d'extrême droite - qui sont à la base de l'organisation des manifestations contre le pass sanitaire qui se tiennent dans les rues de Bruxelles les dimanches.
Le dimanche 30 janvier dernier à Bruxelles se déroulait une fois de plus une manifestation anti-mesures sanitaires. L'occasion pour les journalistes de la RTBF d'aller à la rencontre de Sarkis Simonjan, fondateur du collectif coronasceptique Belgium United for Freedom et parmi les principaux meneurs du mouvement libertarien anti-mesures sanitaires national.
Depuis les commencements de la crise sanitaire, l'ex-steward de chez Ryanair qui se proclame "journaliste citoyen" met en garde contre ce "complot organisé pour instaurer la dictature" qu'est le Covid-19. Violeurs d'enfants, assassins, membres de sectes satanistes : rares sont les politiciens épargnés par ses accusations, toutes plus extravagantes les unes que les autres. Le dimanche 23 janvier 2022, journée paroxystique de lutte contre la dictature sanitaire, Sarkis avait appelé à la destitution du gouvernement.
De multiples liens avec les différents piliers anti-mesures sanitaires d'extrême droite
Mais plutôt que de tourner à la dérision la figure de Sarkis Simonjan, caricature s'il en faut de l'extrémisme de l'ultra-droite moderne, il y a lieu de s'inquiéter de ce que cette même figure soit au coeur de l'organisation de manifestations qui parviennent à réunir quelques milliers de personnes. Sa position à la tête du collectif libertarien n'a rien d'accidentel ou d'anecdotique, et ses liens avec les différents militants et groupes d'extrême droite qui composent l'organigramme du mouvement anti-mesures sanitaires sont nombreux.
L'aile flamande absente le 30 janvier
Lors de cette dernière manifestation du dimanche 30 janvier, Schild & Vrienden, groupe néonazi présidé par le député du Vlams Belang Dries Van Langhenove, Feniks, groupe néofasciste ainsi que leur branche coronasceptique Samen voor Vrijheid étaient absents.
Le quotidien belge La Libre et la RTBF ont fait appel à une société indépendante de comptage. Résultats : la masse complotiste en marche pour la destitution du gouvernement s'est réunie à hauteur de 1.600 personnes aux pieds de l'Atomium. On est loin des 50.000 manifestants estimés par la police lors de la précédente marche le 23 janvier. Un écart qui montre que malgré tout, le mouvement conspirationniste compte sur une forte mobilisation de l'extrême-droite flamande.
Une union confuse
Porté par un négationnisme flanqué d'un redoutable sentiment de persécution, le mouvement anti-mesures sanitaires dans son ensemble se donne pour ultime et unique revendication la "Liberté", cette notion abstraite et détournable à souhait ; une aubaine pour les organisations d'extrême droite qui parviennent sans peine à réunir les foules au nom de ce grand principe et en invoquant l'union sacrée. Le confusionnisme insurrectionnel ambiant au tempérament libertarien qui marque le mouvement offre un écran de fumée à ses meneurs aux idéologies clairement racistes.
Tant qu'aucun effort de réflexion ne sera fourni en matière de santé publique, ce mouvement ne pourra être un mouvement "de gauche comme de droite" ; et répondre aux appels à manifester de ses organisations reviendra uniquement à gonfler les rangs de l'extrême droite.