Le Vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne (PS) et Jean-Marc Nollet, co-président d'Ecolo, ont menacé le Premier ministre (Open VLD) que leur parti respectif démissionnerait si un seul gréviste venait à décéder. Après six mois de crise, à minuit moins une, c'est le premier signe fort d'humanité des partis francophones membres de la coalition Vivaldi.

En tant que lecteur de Cité24, vous le savez : environ 450 sans-papiers bruxellois occupant l’église du Béguinage et des locaux de l’ULB et la VUB sont en grève de la faim depuis sept semaines. Soit quasiment deux mois. Et, devant l'immobilisme gouvernemental, plusieurs sont aussi entrés en grève de la soif, jeudi et vendredi derniers...

Le PS menace de quitter le gouvernement  

Déjà interpellé, via Twitter, par les présidents du PS et d’Ecolo pour éviter un "drame imminent", le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD) n'a toujours pas donné de suite ou même désavoué son Secrétaire d'Etat à l'Asile et aux Migrations, Sammy Mahdi dans la poursuite de son intransigeance potentiellement criminelle.

Avec ce revirement humanitaire in extremis des deux partis poids-louds francophones, la pression est désormais maximale sur la coalition Vivaldi (composée de l'Open VLD et du MR, du PS et de Vooruit, d'Ecolo et de Groen, et du CD&V).

En clair, si un.e gréviste de la faim devait mourir ces prochains jours, “les ministres et secrétaires d’Etat PS remettraient leur démission dans l’heure”, a déclaré, ce lundi, Pierre-Yves Dermagne. Concrètement, cela signifie que ce dernier (ministre de l'Economie et du Travail), Karine Lalieux (ministre des Pensions), Ludivine Dedonder (ministre de la Défense), et Thomas Dermine (Secrétaire d'Etat à la Relance et les Investissements stratégiques) quitteraient la coalition Vivaldi.

Ecolo claquera aussi la porte si...

Les ministres et secrétaires d’Etat écologistes quitteront également le gouvernement si un gréviste de la faim devait décéder. C'est sur twitter que l'a annoncé le coprésident d'Ecolo, Jean-Marc Nollet. Ici, concrètement, en cas de décès d'un.e seul.e sans-papier, c'est le ministre de la mobilité (Georges Gilkinet), la ministre de l'Environnement et du Climat (Zakia Khattabi) et la Secrétaire d'Etat à l'égalité des chances (Sarah Schlitz) qui claqueront la porte de l'Exécutif.

Vous comptez bien : sur les 19 ministres et secrétaire d'Etat qui forment la Coalition Vivaldi (ou le gouvernement De Croo Ier), sept francophones claqueront la porte si le pire advient dans le dossier des sans-papiers. Une démission ministérielle collective à laquelle ne survivrait pas l'actuel gouvernement fédéral.

Quelle sortie de crise ?

Ce lundi 19 juillet, les rapporteurs spéciaux de l'ONU, Olivier De Schutter (droits fondamentaux et extrême pauvreté) et Felipe Gonzalez (droits fondamentaux des migrants), ont adressé une texte au gouvernement belge, et plus précisément au secrétaire d’Etat à l’Asile et la migration. Ils y soulignent l’obligation et l'engagement de la Belgique de protéger les droits humains des migrants, en situation légale de séjour ou non.

Pour rappel, devant une situation ou des centaines de personnes sont prêtes à mourir, le secrétaire d’Etat compétent continue de repousser toute régularisation collective et exige que l'examen de chaque dossier se réalise sur une base individuelle. Ce qui se fait depuis des années et débouches sur beaucoup de décisions arbitraires.

Dans l’immédiat, “il serait souhaitable que le gouvernement confirme que l’état de santé des grévistes de la faim fait obstacle à toute expulsion”, préconisent les deux rapporteurs de l’ONU. Ils conseillent ensuite au gouvernement belge d'envisager “l’octroi d’un titre de séjour provisoire, permettant l’exercice d’une activité économique, à toute personne” qui introduit une demande une régularisation (sur base de l’article 9 bis de la loi du 15 décembre 1980).

Une base légale qui reste néanmoins "problématique" aux yeux des deux rapporteurs spéciaux et qui nécessiterait, selon eux, de se voir réformer à moyen terme. « Le gouvernement a défini de manière trop nette une série de lignes rouges qui rende difficile la moindre concession sans perdre la face. C'est un chemin de crête un peu étroit mais je pense que ces propositions raisonnables peuvent être la base d’un compromis, pour peu qu’il y ait une volonté politique d’y parvenir", ajoute Olivier De Schutter.

Sammy Mahdi (CD&V) et son patron Alexander De Croo (Open VLD) ont maintes fois démontré que, pour eux, la vie des grévistes sans-papiers ne comptait pas. En ira-t-il autrement pour "la vie" de leur coalition et, surtout, de leurs fonctions de pouvoir ? La réponse sera rapidement connue.