Au contraire de la France qui oblige chaque citoyen à présenter un pass sanitaire pour accéder à divers lieux publics, Alexander De Croo refuse d'engager la Belgique dans cette voie liberticide. Pour autant, l'autonomie des Régions est grande en Belgique, Bruxelles reste tentée par la mesure française qui doit faire "débat" à la rentrée.

"Ma fille travaille en pharmacie. Son patron lui a dit : 'Je ne sais pas si je vais pouvoir vous renvoyer parce que je ne suis pas d'accord, mais... 45.000 € d'amendes ?' Où est la liberté dans ces cas-là ? Ma fille n'est pas anti-vaccins et me dit : 'Maman, je vais perdre mon boulot ; j'ai deux gosses, j'ai acheté une maison avec mon mari, qui est employé dans une banque...' Où est la liberté quand il faut être vacciné pour aller travailler ? "

Ces mots prononcés par la manifestante française Josiane Nortiz, sexagénaire et mère de famille, résument assez bien la teneur de la manif anti-pass sanitaire qui s'est tenue samedi à Paris, couverte par Cité24. Aux cris de "Liberté", "Révolution" et "Macron, le pass ne passera pas !", c'est l'une des manifestations qui s'est tenue dans toute la France, ce week-end. Celles-ci ont réuni plus de 200.000 personnes.

Manifestation contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale à Paris.

Le droit de patienter et de se poser des questions

Le même jour, Jérôme Rodriguez, leader des gilets jaunes, a déclaré au micro de Cité24 (1:25:03min) : "Comment ça, on sépare les gens aujourd'hui ? Vacciné, pas vacciné... C'est mon corps ! La liberté m'appartient d'y mettre un produit dedans ou pas. Tant que je n'ai pas la véracité de ce produit ni l'efficacité de ce dernier, j'ai le droit de patienter et de me poser des questions. Cela ne fait pas de moi un complotiste, cela ne fait pas de moi un emmerdeur. Simplement un mec qui veut protéger son corps parce qu'il n'a pas les informations nécessaires aujourd'hui".

Pour rappel, le fameux pass sanitaire (soit la présentation un test Covid négatif ou d'une attestation de vaccination ou d'un certificat de guérison) est devenu obligatoire en France pour les évènements à large audience mais également pour aller au cinéma, au théâtre, au restaurant et au café.

Aucun pass sanitaire belge, selon De Croo

On ignore si Alexander De Croo a entendu Josiane, ce samedi, mais le chef de l'Exécutif fédéral a annoncé ne pas vouloir suivre la voie française. Le Premier ministre belge s'en est expliqué dans une longue interview à nos confrères de La Dernière Heure. De Croo a préféré se réjouir du taux de vaccination belge qui, selon lui, pourra éviter de dupliquer ce type de mesure "hyper-contraignante" à la française. 

"Pour les grands événements, cela a du sens mais ce doit être temporaire, seulement jusqu’à septembre. La solution ne peut jamais être d’organiser notre vie avec des pass. Notre taux de vaccinati­on est bien plus haut qu’en France. On n’a pas besoin de telles mesures", a estimé De Croo. Tout en soulignant qu'il persiste un déficit de vaccination dans certaines grandes villes belges, "comme à Bruxelles, mais aussi un peu à Anvers".

Le Vaccibus ou l'ultime mesure avant l'obligation vaccinale ?

On le sait, plusieurs communes bruxelloises enregistrent des taux bas de vaccination. Ce qui a mené la Cocom (Commission Communautaire Commune) a créer et mettre en route, début juillet, un Vaccibus. La mission de ce véhicule dit de "service public" ? Sillonner communes et quartiers paupérisés de Bruxelles pour aller à la rencontre des citoyens non vaccinés et les inciter à se faire vacciner.

Se faire vacciner mais, principalement, avec le Johnson & Johnson. Soit le moins efficace et le plus controversé (quant aux effets secondaires) des vaccins anti-Covid-19. Controversé au point que notre confrère Fayçal Cheffou s'est vu agressé par deux bénévoles de la Croix-Rouge, un employé communal de Jette puis quatre policiers alors qu'il tentait de réaliser un reportage sur l'entrée en service du Vaccibus bruxellois.

Bruxelles tentée par la mesure française

Dès le 30 septembre, le pass sanitaire français sera aussi obligatoire pour pouvoir accéder aux différents sites avant un match ou un entraînement. Qu'en sera-t-il en Belgique francophone? Cette question n'a pas été officiellement discutée par les différentes instances gouvernementales. Néanmoins, il se dit qu'en Région bruxelloise l'Exécutif serait tenté par la mesure liberticide française et la mettra "en débat" pour la rentrée de septembre...

"En tout cas, nous y sommes favorables", a embrayé David Delférière, le président de l'ACFF (Association des Clubs de Football Francophones) interrogé par La Dernière Heure"Tout dépend du Codeco et de la ministre des Sports et nous avons d'ailleurs envoyé ce sujet à la ministre."

Echaufourées anti-pass sanitaire au Parlement italien

Fin juillet, plusieurs manifestations ont eu lieu aux quatre coins de l'Italie pour protester contre le "Green pass", ce certificat sanitaire national que les Autorités veulent rendre obligatoire à partir du 6 août. Jusque là limitées aux grandes villes italiennes, ces manifs ont gagné, jeudi dernier, l'enceinte du Parlement italien à Rome.

En pleine session parlementaire, des députés du parti populiste Fratelli d'Italia ont envahi l'hémicycle avec des pancartes "No Green Pass" à la main. Dans une atmosphère tendue, l'un des députés en est venu aux mains avec des membres du service de sécurité du parlement. Face à ces échauffourées, le président du parlement a été contraint de suspendre la séance.

Comme le pass sanitaire français, le Green pass italien devrait devenir obligatoire dans toute la péninsule et conditionner l'accès aux lieux fermés, tels que les bars, les restaurants, les salles de sport, les musées, les cinémas ou encore les théâtres et les salles de jeux.

Au parlement en Italie, des élus disent non à l'obligation vaccinale.