335 lieux et organisations et 750 travailleuses et travailleurs culturels, réunis sous la bannière StillStandingForCulture, interpellent les différents gouvernements pour « en finir avec le Covid Save Ticket, une fois pour toutes ».

Rappelant aux Autorités qu’elles s’étaient engagées à évaluer régulièrement le Covid Safe Ticket (CST), les signataires du communiqué de presse, diffusé ce 22 février, estiment que « L’objectif énoncé du CST (empêcher la circulation du virus dans certains lieux publics) n’a, selon de nombreux experts, jamais été atteint. »

S'il n'est pas de bon ton politico-médiatique de remettre en cause frontalement l'efficacité du Code Save Ticket, les culturels n'en ont cure et poursuivent : « Le CST a servi dans les faits de dispositif de contrôle social et d’incitant à la vaccination, instrumentalisant au passage certains secteurs d’activités (horeca, sport, culture, loisirs...). Les signataires déplorent le fait qu’en tant que professionnels, ils n’aient jamais été concertés par les autorités publiques pour évaluer l’application du CST sur le terrain. »

Une utilité jamais démontrée

Censé duré jusqu'au 15 janvier 2022, le CST a été prolongé jusqu'au 15 avril. Une hérésie, selon les signataires qui s'appuient sur les circonspections et critiques de plusieurs personnalités du monde scientifique. « Après cinq mois de généralisation de cet 'outil', la plupart des experts officiels ou médiatiques ont souligné ses défaillances », soulignent-ils.

« De Marius Gilbert qui questionne le bénéfice du CST et pointe les problèmes de cohésion sociale et de discrimination à Emmanuel André qui constate que le CST a 'amené à davantage de contaminations', en passant par Nathan Clumeck qui estime que le port d’un masque FFP2 est plus utile, ou encore Joris Vaesen qui affirme qu’il n’y a pratiquement aucun lien entre le CST et la vaccination … il ne semble plus y avoir grand-monde dans la communauté scientifique pour affirmer que ce dispositif serait apte à remplir la mission pour laquelle il a officiellement été mis en place. »

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En finir avec un système de contrôle numérique

Par ailleurs, on le sait depuis des mois, le contrôle sanitaire du public est source de malaise chez les travailleurs culturels. Résultat : « Les démotivations, les départs, et les burn-out se multiplient. Ils estiment urgent et nécessaire d’amener au débat public les problèmes éthiques que le CST pose dans leurs lieux et leurs pratiques. Les signataires alertent sur la banalisation d’une « société du pass » : notre rôle est de renforcer les liens sociaux, de défendre les droits culturels (dont l’accès à la culture), de lutter contre les discriminations, les fractures sociale et numérique… »

Autrement dit, enchaînent les culturels, il n'entre pas dans leur mission de « cliver davantage une société déjà déchirée par deux ans de pandémie, en devenant complices d’un système de contrôle numérique qui “constitue une ingérence particulièrement importante dans le droit au respect de la vie privée” ».

Arbitraire et chantage

Au-delà du manque à gagner et des éventuelles faillites, StillstandingForCulture dénonce l'arbitraire et le chantage sanitaires qui les frappent : « Le CST nous a été présenté comme la seule alternative à la fermeture. Mais il n’est jamais acceptable de fonctionner au chantage… Encore moins lorsque ce chantage se double d’une injustice puisque les lieux culturels doivent exiger un CST alors que d’autres activités en sont exemptées. Ce choix arbitraire est d’autant plus préjudiciable qu’il suggère faussement, dans l’inconscient collectif, qu’une salle de spectacles serait moins sûre qu’un autobus bondé ou qu’une grande surface… Or, les études internationales, publiées sur le sujet depuis 2021, démontrent systématiquement le contraire, quelle que soit la phase épidémique étudiée. »

En conclusion, pour eux, le CST demeure « un 'outil' sans aucune efficacité prouvée, appliqué de manière discriminatoire à certains champs d'activité, par des citoyens instrumentalisés pour le faire. Pour toutes ces raisons, ce n’est pas la suspension du CST que les professionnels de la culture attendent, mais son abrogation totale et définitive ».