Sans doute influencée par le comportement illégal passé de certains policiers, une employée de la Croix-Rouge a agressé notre reporter, Fayçal Cheffou, qui voulait filmer le Vaccibus et ses responsables dans la commune bruxelloise de Jette.


A peine arrivé au Foyer jettois, sur la place ou était garé le Vaccibus, notre journaliste a été pris à partie par plusieurs personnes dont des employés ou bénévoles de la Croix-Rouge. A l'image de certains policiers par le passé, ceux-ci ont directement ordonné à Fayçal Cheffou de cesser de filmer.

L'une des employées a ensuite agressé notre reporter en frappant son téléphone qui tombera à terre. Très remontés, ces employés ont accusé Cité24 de s'en prendre à leur droit à l'image, répétant qu'il nous était "interdit" de filmer et de les filmer sur une place publique... Qu'en est-il ? Qui a raison ? Et qui se trouve du côté de la loi ?

Droit à l'information et droit à l'image

Selon la législation belge sur le droit à l'image, "l'autorisation de la personne photographiée ou filmée doit être demandée". "Cependant", poursuit le texte, "pour les personnages publics et les personnes privées qui accèdent temporairement à la vie publique, cette autorisation est considérée comme implicite, pour autant que les images relative à la vie publique des personnes concernées soient publiées dans un contexte de couverture d'événements relevant de l'actualité".

Encore une fois, nous le soulignons : l'autorisation de filmer est donc considérée comme implicite lorsque les images des personnes concernées s'inscrivent "dans un contexte de couverture d'événements relevant de l'actualité". Et c'est exactement le contexte dans lequel le journaliste de Cité24 avait commencé à faire son travail. Soit couvrir un évènement de la vie publique (le nouveau "Vaccibus" installé à Jette) et chercher à interviewer et filmer le ou les responsables et acteurs concernés dans ce même contexte d'actualité.

Le même jour, dans la même commune bruxelloise, le Vaccibus, ses employés ou bénévoles de la Croix-Rouge, ont été filmés par une équipe de la RTBF. Pourtant, dans ce cas-ci, aucun des travailleurs de la Croix-Rouge n'a agressé ni brandi son droit à l'image pour saboter le travail des journalistes de la RTBF.

Double diffusion du sujet par la RTBF

Voici comment le présentateur du JT du 8 juillet, François De Brigode, a lancé le sujet "Vaccibus" sur l'antenne de la RTBF : "Le taux de vaccination à Bruxelles est plutôt faible et cela, bien sûr, dans les communes qui ne disposent pas d'un centre de vaccination. Eh bien, la Commission communautaire commune [Cocom] a décidé de mettre en route un bus de vaccination. Aujourd'hui et demain, il est à Jette. Il devrait se rendre dans d'autres communes plus tard. La vaccination se fera sans rendez-vous et une seule dose de Johnson & Johnson sera injectée". Sans transition, Inge Neven, responsable du dispositif Covid de la Cocom, apparaît à l'image et explique les objectifs de l'opération "Vaccibus".

Le même sujet, plus long, avait déjà été diffusé dans le JT de 13h00 de la RTBF. On y voit plusieurs interviews. Celles de riverains jettois, celle de Nadia Mahi, coordinatrice de la planification d'urgence de Jette ou celle de la responsable Cocom précitée, Inge Neven. Si besoin était, la double diffusion de ce sujet par l'Audiovisuel de service public francophone démontre que sa sélection comme la pertinence de le réaliser s'inscrivent bien dans "un contexte de couverture d'évènement relevant de l'actualité".

Aucune interdiction de filmer sur la voie publique

Il y a près de deux ans, des journalistes de la RTBF ont reçu l'injonction policière de ne pas filmer une arrestation de manifestants sur la voie publique. Comme Cité24 aujourd'hui, la rédaction de la RTBF en a fait un article sur leur site afin de clarifier les choses a posteriori. Dans cet article, Simon-Pierre De Coster, le directeur juridique de la RTBF, souligne que "la loi ne prévoit aucune interdiction de prendre de photo ou de filmer une action de la police dans l’espace public. Et, en droit, ce qui n’est pas interdit est autorisé. La loi va même plus loin, puisqu’elle souligne que les journalistes doivent bénéficier du concours de l’autorité publique dans l’exercice de leur travail."

En résumé, aidée par d'autres furieux, l'agresseuse de la Croix-Rouge a empêché notre journaliste de faire son travail, de réaliser un sujet d'intérêt public, violant ainsi votre droit à l'information. Ce qui est inacceptable ! Qu'il s'agisse de fonctionnaires de police, d'employés de la Croix-Rouge ou de qui que ce soit d'autre, Cité24 refuse d'obtempérer aux injonctions de cesser de filmer une action ou un évènement se déroulant dans l’espace public.

Comme les journalistes de la RTBF, nous estimons que "si les journalistes sont contraints par la force, avec par exemple saisie des caméras, téléphones, appareils photos, cela constitue une entrave à la liberté de la presse et à la liberté d’information. Dans ce cas, il faut absolument déposer plainte". Après consultation de notre avocat, Cité24 se réserve la possibilité d'utiliser ce droit contre cette nouvelle entrave à l'exercice de notre métier.

"J'y retourne demain !"

Après son direct saboté, notre journaliste nous a résumé la suite de l'évènement. "Un habitant est venu me donner des infos sur le type vaccin administré : c'est le Johnson & Johnson ; sur combien de personnes ont été vaccinées ce jeudi dans le Vaccibus ? 85 habitants ; sur combien de temps celui-ci resterait à Jette ? Trois jours."

Et Fayçal Cheffou de conclure : "Un employé communal - il s'est présenté ainsi - est venu me dire de ne pas le filmer alors que je ne filmais plus. Ces gens sont complètement... ou alors gravement influencés par le mauvais comportement de certains policiers. Je tiens à préciser que celle qui est directement venue vers moi, alors que je ne la filmais pas, et qui m'a agressé, a été reconduite par ses collègues dans son véhicule. Ils savaient ou sentaient bien qu'elle avait merdé. D'autres ont crié que la police allait venir, mais elle n'est jamais venue. Je remercie d'ailleurs l'intervention de plusieurs jeunes qui ont évité que les choses ne s'enveniment, en disant fermement à ces censeurs de ne surtout pas me toucher... De toute manière, j'y retourne demain ! Pour réaliser correctement ce sujet que je dois aux abonnés de Cité24".