Le Premier ministre conservateur australien, Scott Morrison, a rejeté ce mardi les appels à fixer des objectifs plus ambitieux en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Cela, juste après le dernier rapport alarmant du GIEC...

Quelques heures après la publication du rapport des experts climat mandatés par les Nations-Unies (GIEC), s'alarmant d'un réchauffement climatique plus rapide et plus dévastateur que prévu, le Premier ministre australien a réagi en déclarant qu'il ne souhaitait pas fixer d'objectifs en matière de neutralité carbone.

Grosse importatrice de charbon

"L'Australie fait sa part", a estimé Scott Morrison. "En l'absence de projets, je ne signerai pas un chèque en blanc au nom des Australiens afin d'atteindre ces objectifs", a-t-il ajouté, catégorique.

L'île-continent est un des plus importants importateurs au monde de charbon et de gaz naturel. Le parti libéral du Premier ministre mais aussi les travaillistes, dans l'opposition, sont tous deux favorables à la poursuite de l'exploitation des mines de charbon. Une exploitation très polluante et productrice de gaz carbonique. Or, c'est une réduction drastique des émissions de CO2 qui permettrait de limiter le dérèglement climatique. Par ailleurs, l'Australie est l'un des plus grands exportateurs de combustibles fossiles, et donc au premier rang des responsabilités dans la crise climatique mondiale.

Déni et persistance meurtrières

Les incendies, la sécheresse et les cyclones d'une rare intensité qui frappent l'Australie depuis des années sont aggravés par le dérèglement climatique. Le rapport du GIEC est venu encore confirmer cette analyse scientifique. Mais rien n'y fait. Scott Morrison a rejeté les appels - y compris de la part d'alliés comme les États-Unis - à adopter un objectif officiel de réduction ou de compensation des émissions de carbone. Il a seulement promis, au conditionnel, que l'Australie atteindrait des émissions de carbone nulles "dès que possible", de préférence d'ici 2050.

Refusant tout engagement et niant la gravité de la situation, le chef du gouvernement australien a préféré détourné l'attention sur... les nouvelles technologies, qui, à ses yeux, seraient la solution à la crise. "Nous devons adopter une approche différente. Nous devons nous concentrer sur les avancées technologiques nécessaires pour changer le monde et notre mode de fonctionnement", a déclaré Scott Morrison.

"Don't touch my money !"

En réalité, de nombreux responsables politiques de la coalition néolibérale du Premier ministre entretiennent des liens étroits, financièrement rentables, avec les industries minière et pétrolière. Ils nient donc l'existence du changement climatique ou cherchent à en minimiser les risques. Parce que le contraire leur ferait perdre de l'argent à court terme.

Entre refuser d'être moins riches et sauver le climat des générations futures, les irresponsables-cupides au pouvoir en Australie ont choisi.