Code Rouge Comité B
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Comité B, service blanchisserie, est un freestyle réalisé, composé et produit par le rappeur militant Code Rouge qui revient sur les formes de blanchiment des meurtres et violences policières auxquels s'adonnent journalièrement le Comité P.

Code Rouge dans son freestyle "Comité B", nous propose de faire effraction dans un tissu de lutte et de résistance encore trop peu investi par le grand public, et souvent exclusivement porté par les familles des victimes et leurs proches.

Mais qu'est-ce que le Comité P ? Le Comité P ou Comité Permanent de contrôle des services de police, est un organisme supposément externe chargé de garantir le bon fonctionnement global des services de police et de l'exécution de la fonction de police par l'ensemble des fonctionnaires compétents des services d'inspection ou de contrôle.

Pour rappel, cet organisme de contrôle externe créé en 1991, est encadré entièrement par le parlement fédéral et dispose d'une cellule de déposition de plaintes, contrôlant en théorie les agissements excessifs d'une police belge connue pour ses débordements systémiques.

En effet, comme le rappel le dernier rapport du comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) des Nations Unies, la police belge semble être un très mauvais élève dans cette affaire. Le CERD se préoccupant notamment dans son rapport de 2021 par « le fait que le profilage racial par la police continue d’être un problème persistant dans l’État et qu’il n’existe aucune loi interdisant explicitement le profilage racial ».

Parmi ses recommandations, le comité demande, comme il l’avait déjà fait en 2020, l’interdiction explicite du profilage racial, l’adoption d’un plan d’actions contre ce phénomène, la mise en place d’un système indépendant de traitement des plaintes ou encore d’utiliser des formulaires précisant les raisons d’un contrôle et les voies de recours disponibles.

Au chapitre de la « violence policière à caractère raciste », le comité se dit préoccupé par les allégations de décès en détention ou à la suite d’une intervention policière ainsi que de mauvais traitements infligés à des personnes issues de minorités ethniques, des migrants ou des demandeurs d’asile.

"Comité B" de Code Rouge est à découvrir sur la chaîne YouTube de l'artiste.

Le Freestyle de Code Rouge, appel à résister contre la permanence des violences policières racistes

Face à la récurrence systémique de ces violences et à l'incapacité structurelle patente de pouvoir les faire reconnaître pénalement, que faire ?

Code Rouge nous invite en outre à aiguiser notre regard et nos attitudes face à une violence policière raciste que les populations issues de l'immigration ont pris l'habitude de vivre à leurs dépens et ce, depuis au moins trois générations.

Cet appel à la lutte offre un second souffle aux familles et nous propose de rester attentif face aux procédés de blanchiment et d'impunité des violences policières, auxquels s'adonnent le Comité P.

Mais quelles sont les solutions ? Des comités de famille ainsi que des militants historiques (cf: Nordine Saïdi des Bruxelles Panthères) saisissant la nature structurelle de la problématique, s'engagent depuis des années à faire dégager des solutions probantes et efficaces face à la montée constante de l'impunité policière.

Là dernière en date fut celle du Comité Justice pour Mehdi, qui lors d'une communication publique donnée durant le rassemblement Black Live Matter, le 8 juin 2021, a fait l'inventaire de propositions essentielles édifiant par ce geste, les fondements prospectifs d'une véritable politique à faire contre l'impunité policière.

Lire aussi : Un syndicat policier dénonce les violences policières : une première !

Voici leurs revendications pour toutes les victimes de violences policières :

1. L’interdiction à la police et aux médias de communiquer des informations sur les victimes de violences policières avant que les familles en soient averties et acceptent la divulgation de ces informations. Le but est d'éviter la déshumanisation des victimes de violences policières, stratégie couramment utilisée pour légitimer les actes commis par les policiers.

2. L’intervention d'un juge d'instruction directement après que l'acte soit commis, de façon à ce que la famille puisse avoir droit à une enquête neutre et indépendante. Le juge d'instruction doit mener l'enquête, et non les agents de la zone de police d'à côté. Le juge d'instruction doit exercer sans aucune subjectivité émanant de la police ou du parquet. Lors du procès, il faut absolument veiller à ce que le dossier ne doit pas être pollué par la partie adverse.

3. Justice pour toutes les violences policières commises en Belgique. Justice pour Semira Adamu, 20 ans, étouffée à mort avec un coussin par 2 policiers en 1998. En 2002, Karim Cheffou, tué par des agents de la DSU de 9 balles dans le corps. En 2014, Soulaïmane Jamili, 14 ans, tué par un métro alors que la police le poursuivait. Celle-ci essaya de se couvrir en utilisant la thèse du suicide, les images de surveillance ont disparu comme par hasard. En 2017, Ouassim et Sabrina, 24 et 20 ans, tués par une voiture de police alors qu'ils roulaient en moto. En 2018, Lamine Moïse Bangoura, 27 ans, tué par la police pendant une intervention dans son domicile pour retard de payement de loyer. En 2018, Mawda Shawri, 2 ans, tué par balles par un policier alors qu'ils poursuivaient une camionnette contenant des personnes migrantes. Mehdi Bouda, 17 ans, tué par une voiture de police alors qu'il traversait un passage piéton afin de rentrer chez lui. En 2020, Adil, 19 ans, tué par une voiture de police alors qu'il était sur son scooter.

Le Freestyle de Code Rouge permet ainsi de maintenir cette mémoire vive des morts tués par la police et poursuit vitalement l'objectif de réparation pour lequel toutes les familles et leurs proches se battent quotidiennement !